Un financement de 200 millions de dollars, en passe d'être validé par la Banque mondiale, devrait alimenter un vaste programme conçu pour renforcer la résilience du Royaume face aux catastrophes naturelles. Ce soutien repose sur un mécanisme basé sur les résultats, aligné sur la Stratégie nationale de gestion des risques, et vise autant la protection des infrastructures que celle des populations et des territoires. La Banque mondiale s'apprête à mobiliser 200 millions de dollars pour soutenir un programme stratégique visant à renforcer la capacité du Maroc à faire face aux catastrophes naturelles et aux impacts du changement climatique. Un appui structuré, tourné vers les résultats, et destiné à consolider la protection des populations, des infrastructures et des territoires. Le Maroc figure parmi les pays de la région MENA les plus exposés aux chocs climatiques, une vulnérabilité qui se traduit chaque année par des pertes considérables estimées à plus de 0,6% du PIB. Les inondations représentent la menace la plus coûteuse, générant près de 450 millions de dollars de dégâts annuels. Cette pression est amplifiée par une urbanisation fulgurante : plus de six Marocains sur dix vivent désormais en ville, une proportion qui continuera de croître dans les décennies à venir. Or, les centres urbains concentrent l'essentiel de la richesse nationale, des emplois et des investissements, ce qui rend le pays particulièrement sensible aux risques hydriques et côtiers. Les projections climatiques renforcent l'urgence. Deux tiers de la population et la quasi-totalité du tissu industriel sont exposés à la montée des eaux et aux inondations côtières. Tanger pourrait perdre ses infrastructures portuaires en cas d'élévation significative du niveau marin, tandis que Casablanca subirait des pertes économiques dépassant le milliard de dollars par an si les projections les plus prudentes se concrétisent. Face à ce constat, le programme soutenu par la Banque mondiale vise à structurer une réponse nationale cohérente et durable. Le dispositif proposé s'articule autour de cinq priorités, dont la protection des infrastructures stratégiques, la gestion intégrée des inondations, l'extension des systèmes d'alerte précoce, l'accompagnement des villes dans la mise en œuvre de politiques de résilience et l'amélioration structurée des données relatives aux risques. L'un des axes forts porte sur la résilience des infrastructures essentielles, avec l'élaboration d'un cadre national de gouvernance et d'identification des actifs critiques afin de limiter la perturbation des services publics en cas de choc climatique. Parallèlement, la gestion des inondations reposera sur une approche plus intégrée combinant ouvrages classiques, dispositifs "vert-gris" et solutions fondées sur la nature pour amplifier la protection tout en préservant les écosystèmes. Le programme vise également la généralisation des systèmes d'alerte précoce, aujourd'hui opérationnels dans quelques provinces seulement. L'ambition est de couvrir l'ensemble du territoire avec un dispositif capable de détecter et signaler plusieurs types de risques, dont les tempêtes et les mouvements de terrain. Sur le volet urbain, les collectivités seront accompagnées pour intégrer durablement l'adaptation climatique dans leurs stratégies de développement, à l'image des projets déjà initiés à Fès et Mohammedia. Ce plan s'appuie sur deux décennies d'efforts institutionnels. Depuis la transformation en 2017 du Fonds de lutte contre les catastrophes en Fonds de réduction des risques, le Royaume a renforcé son architecture de gouvernance, créé une direction nationale dédiée en 2020 et lancé la première stratégie décennale en la matière. Plus de 270 projets ont été cofinancés, mais l'ampleur des défis nécessite un changement d'échelle. C'est précisément ce que permettra le nouveau financement, conçu pour lier les décaissements aux résultats réalisés et pour renforcer les systèmes déjà en place. En mobilisant son expertise technique, notamment sur les solutions naturelles et l'IA, la Banque mondiale entend soutenir un Maroc plus résilient et mieux préparé aux défis climatiques qui s'intensifient.