Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a modifié son discours au sujet du Sahara. Lors d'une entrevue avec son homologue biélorusse, Alexandre Loukachenko, en visite officielle à Alger, le chef d'Etat algérien n'a pas parlé de référendum. C'est une première pour le président algérien et donne une idée claire de l'état du processus de règlement du conflit autour du Sahara. La machine semble bel et bien lancée, faisant bouger les cases au point de modifier le discours traditionnellement tenu par le régime algérien. Abdelmadjid Tebboune a évoqué pour la première fois la « solution politique », à l'issue de ses entretiens avec Alexandre Loukachenko. Bien que le terme de l'autodétermination du peuple sahraoui reste dans le jargon algérien, cela n'est pas en opposition avec le contenu de la dernière résolution du Conseil de sécurité de l'ONU numéro 2797. Le président algérien a déclaré avoir discuté avec son homologue biélorusse de « la nécessité d'une solution politique juste, conformément à la légalité internationale, qui permette l'exercice par le peuple sahraoui de son droit inaliénable à l'autodétermination ». Il a affirmé avoir des « positions sont très convergentes » et des « points de vue sont très rapprochés » avec Loukachenko. Les deux hommes ont notamment abordé la question de la reprise du dialogue entre les parties au conflit. Alors que l'Algérie n'admet pas être une partie prenante, la déclaration de Tebboune ne parle pas, comme à son habitude, de discussions entre le Maroc et le Polisario, ce qui constitue une nouveauté dans le discours algérien. « Nous avons convenu avec son excellence le président Alexandre Loukachenko de la nécessité d'inciter au dialogue et aux négociations comme voie pour éviter l'escalade et parvenir à une solution pacifique sur la base de la coopération internationale et la Charte des Nations-Unies », a-t-il dit en ce sens. Il s'agit de la toute première fois que le terme « solution politique » est évoqué par le président algérien sans que la mention du référendum ne soit évoquée. L'Algérie s'est toujours opposée officiellement dans ses positions au contenu des résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU, toutefois, elle a toujours dit appuyer les efforts des Nations Unies, notamment du Secrétaire général, Antonio Guterres, et son Envoyé personnel, Staffan de Mistura. Ce dernier est en charge de reprendre le processus politique entre les quatre parties (Maroc, Algérie, Mauritanie, Polisario) en relançant les tables rondes qui doivent servir à négocier la prochaine solution. Suite à l'adoption du texte onusien, Staffan de Mistura a indiqué qu'il « identifie clairement les parties concernées par le conflit : le Maroc, le Front Polisario, l'Algérie et la Mauritanie », ce qui ne laisse plus la possibilité à l'Algérie de se soustraire à sa responsabilité dans le conflit. Cette dernière résolution de l'ONU qui trace les contours du processus politique a insisté que le futur cadre de la solution au conflit du Sahara se fera à travers l'Initiative d'autonomie, une autonomie élargie des Sahraouis sous souveraineté marocaine. Cette option est saluée et approuvée par la communauté internationale et connait le soutien des Etats-Unis, de la France, l'Allemagne et l'Espagne l'ancienne puissance coloniale au Sahara qui reconnait de cette façon que la souveraineté de ce territoire revient au Maroc. Les seuls qui s'opposent à cette solution à ce stade, restent l'Algérie et la milice du Polisario (hebergée par l'Algérie, ndlr), convaincus qu'ils pourraient obtenir l'indépendance du Sahara mais cachent les velléités expansionnistes d'Alger. Toutefois, les derniers développement du dossier indiquent que le Polisario est enclin à reprendre les discussions sous l'égide de l'ONU et suggèrent que l'Algérie, sous pression internationale, pourrait reprendre le chemin des négociations également.