Le lancement des premières rencontres de la Coupe d'Afrique des nations a remis sur le devant de la scène la question des tarifs pratiqués dans les cafés et restaurants au Maroc. Sur les réseaux sociaux, de nombreuses offres de retransmission des matchs ont circulé, révélant de fortes disparités : certaines restent accessibles, tandis que d'autres sont jugées excessives par les consommateurs. Alors que plusieurs établissements ont fait le choix de conserver leurs prix habituels, d'autres ont opté pour une hausse des tarifs des consommations ou l'instauration de tickets d'entrée spécifiques. Une situation qui soulève des interrogations sur la légalité de ces pratiques et sur l'éthique professionnelle, notamment lors d'un événement sportif à forte dimension populaire. Comme à chaque édition, la CAN s'impose comme un moment collectif de rassemblement, où la passion du football se confronte aux logiques du marché. Le café n'est plus seulement un lieu où l'on consomme une boisson, mais devient un espace de diffusion, d'animation et de services annexes. Cette transformation place les prix au cœur d'une équation plus large, influencée par l'offre et la demande, la localisation, le type de prestations proposées et le pouvoir d'achat des clients. Dans ce contexte, Noureddine Harrak, président de l'Association nationale des propriétaires de cafés et restaurants au Maroc, a indiqué que la question avait été abordée en amont lors de réunions ordinaires, d'un rassemblement national et de rencontres régionales. L'objectif, selon lui, était de maintenir autant que possible les tarifs en vigueur pendant cette période. « Ce mois doit rester celui de la fête et de la convivialité. Il ne devrait pas être marqué par des augmentations injustifiées », a-t-il souligné, estimant que les hausses constatées dans certains cafés demeurent marginales et ne reflètent pas la tendance générale du secteur. Il a précisé que les établissements ayant augmenté leurs prix disposent souvent d'un positionnement particulier, avec une forte affluence tout au long de l'année et des services supplémentaires, comme l'animation ou l'organisation d'activités autour des matchs. Ces prestations nécessitent davantage de personnel et une organisation spécifique, ce qui explique, selon lui, la différence de tarifs ou l'instauration de billets d'accès. De son côté, Bouazza Kherrati, président de l'Union marocaine des droits du consommateur, a replacé la polémique dans son cadre juridique. Il a rappelé que le système en vigueur repose sur la liberté des prix, sans encadrement administratif strict, à condition que ceux-ci soient clairement affichés. « Le consommateur doit pouvoir connaître les tarifs avant d'entrer. S'ils lui conviennent, il s'installe ; sinon, il est libre de se diriger vers un autre établissement », a-t-il expliqué, précisant que la loi garantit à la fois la liberté de fixation des prix pour le professionnel et le droit de choix pour le client. Il a néanmoins reconnu que cette logique se heurte parfois à des réalités sociales, certaines catégories n'ayant pas toujours la possibilité de comparer les offres, notamment dans des zones où les alternatives sont limitées. La concurrence reste toutefois, selon lui, un mécanisme de régulation naturel, poussant les établissements moins fréquentés à revoir leurs tarifs. Tout en admettant l'existence de comportements opportunistes lors de grandes manifestations, à l'image de ce qui se produit dans d'autres secteurs, il a précisé que l'intervention des autorités demeure exceptionnelle pour les cafés, sauf en cas de non-affichage des prix. Dans ce cas précis, le consommateur est en droit de déposer une plainte auprès des associations de protection ou des autorités locales. En définitive, Bouazza Kherrati estime que si le profit est légitime, il devient problématique lorsqu'il affecte excessivement le pouvoir d'achat des citoyens. Le véritable défi, selon lui, consiste à trouver un équilibre entre logique économique et responsabilité sociale, particulièrement lors d'un événement fédérateur comme la Coupe d'Afrique des nations.