Des sources bien informées ont indiqué à Hespress que des rapports émanant des services des affaires intérieures au sein des préfectures de la région Casablanca–Settat ont fait grimper le niveau d'alerte au sein des services centraux du ministère de l'Intérieur. Ces rapports signalent en effet la détection d'opérations suspectes de « normalisation » entre présidents de communes et d'arrondissements, d'une part, et fonctionnaires, d'autre part, à l'approche des échéances électorales de 2026. Selon les mêmes sources, ces documents relèvent que des présidents de conseils ont tenu des réunions avec des employés issus de divers services afin de leur accorder des facilités de présence et d'absence au cours de la semaine, et d'introduire de nouvelles formules de rotation des tâches. Ces pratiques s'inscriraient dans un contexte d'octroi d'avantages non encadrés aux ressources humaines œuvrant au sein de ces communes et arrondissements. Les informations recueillies par le journal mettent également en lumière des pratiques renforçant les soupçons quant à une éventuelle instrumentalisation de ces mesures en vue de favoriser certains fonctionnaires et de les rallier à des campagnes électorales anticipées. Cette situation a conduit les services centraux à enjoindre aux autorités provinciales de suivre l'évolution du dossier avec vigilance, afin de prendre les mesures nécessaires pour prévenir tout dérapage susceptible de compromettre la neutralité de l'administration et l'intégrité des prochaines élections. Les rapports adressés à l'administration centrale insistent notamment sur des faits relatifs à la tentative d'un président d'arrondissement relevant de la préfecture de Ben M'Sik, à Casablanca, d'exploiter ses prérogatives et son influence dans la gestion des services pour attirer des fonctionnaires en réduisant leurs heures hebdomadaires de travail et en les incitant par des « autorisations » d'absence non encadrées. Ces pratiques, soulignent les documents, ont un impact négatif sur le fonctionnement du service public et portent atteinte aux intérêts des usagers, particulièrement à l'approche des congés de fin d'année. Les rapports contiennent également, selon les mêmes sources, des éléments laissant apparaître le recours par des présidents de communes et d'arrondissements à des méthodes d'intimidation visant des fonctionnaires récalcitrants à l'exécution de leurs directives. Plusieurs agents auraient ainsi adressé à leurs supérieurs des demandes d'explication concernant le calendrier de déblocage de « dossiers en sommeil » et le lancement de chantiers de réhabilitation dans certaines zones — touchant en particulier l'éclairage public et la propreté — alors même qu'ils avaient signalé depuis plusieurs mois la nécessité d'interventions urgentes. Aucune réponse ne leur aurait été apportée. D'après les mêmes sources, certains présidents de conseils ont également fait appel à des travailleurs temporaires « acquis » pour exécuter des missions urgentes dans des zones ciblées, en coordination avec des associations bénéficiaires de subventions des communes et arrondissements. Ces pratiques ont nourri un climat de tension sociale parmi les fonctionnaires titulaires, d'autant qu'ils ont été chargés, de manière soudaine et en dehors de tout programme ou chantier préétabli, de travaux d'entretien de l'éclairage public, de nettoyage ou de voirie dans des quartiers et douars considérés comme des bastions électoraux de ces présidents. Les articles 127 et 128 de la loi organique n°113-14 relative aux communes stipulent que le président du conseil d'arrondissement est responsable de la gestion de l'administration de l'arrondissement et de la supervision de ses services, dans la limite des compétences qui lui sont déléguées par le conseil communal. Il exerce en outre l'autorité hiérarchique sur les fonctionnaires et agents relevant de l'arrondissement, ce qui lui permet d'émettre des directives et ordres liés à l'organisation du travail et au suivi des performances. Les employés sont tenus de les exécuter dans le respect des lois et procédures en vigueur, sans porter atteinte aux prérogatives dévolues au président du conseil communal et au ministère de l'Intérieur. Selon les sources de Hespress, les rapports émanant des services des affaires intérieures évoquent enfin l'implication de présidents d'arrondissements dans des soupçons de manipulation des affectations internes au sein de certaines structures et services dépendants. Ces pratiques auraient pris la forme de contournements de la loi et de l'attribution de postes sensibles à de « petits » fonctionnaires sans justifications convaincantes, accentuant ainsi les risques de dysfonctionnements dans la gestion administrative de ces arrondissements.