Des rapports urgents émanant des services des affaires intérieures dans plusieurs préfectures et provinces relevant des régions Casablanca-Settat, Marrakech-Safi, Béni Mellal-Khénifra et Fès-Meknès ont provoqué une forte mobilisation au sein des services centraux du ministère de l'Intérieur, a appris Hespress auprès de sources bien informées. Ces documents comportent en effet des informations jugées préoccupantes sur des agissements suspects de présidents de conseils communaux, à la veille de la tenue des sessions ordinaires d'octobre. Selon ces rapports, ces responsables auraient exercé des pressions afin d'imposer l'inscription à l'ordre du jour de nouveaux marchés publics, ainsi que des amendements touchant à des projets de développement majeurs. Les mêmes sources précisent que la plupart des projets et marchés concernés portent sur la construction de routes et de ponts, ainsi que sur des opérations de raccordement à l'eau potable et à l'électricité. Plusieurs présidents auraient délibérément orienté ces chantiers vers des circonscriptions électorales précises, dans l'objectif de servir les intérêts de certains politiciens et élus influents. Une démarche qui alimente de sérieux soupçons quant au lancement anticipé de campagnes électorales. Les rapports transmis par le ministère de l'Intérieur relaient par ailleurs les plaintes de membres de l'opposition dans divers conseils communaux, mais aussi celles d'associations civiles. Celles-ci dénoncent la volonté de certains présidents de bloquer des projets vitaux et urgents, notamment en matière d'accès à l'eau potable et à l'électricité. Plusieurs d'entre eux seraient également impliqués dans une instrumentalisation des ordres du jour des sessions, utilisés comme outil de représailles politiques contre leurs opposants. Des élus influents auraient ainsi retardé la mise en œuvre de projets de développement ayant un impact direct sur les habitants, dans le but d'en récolter les bénéfices électoraux à l'approche des législatives prévues en 2026. Dans le même registre, l'élaboration des budgets communaux pour l'année 2026, actuellement en cours, est elle aussi entachée de soupçons à caractère politique et électoral. Certains présidents et élus chercheraient à gonfler les subventions ou à garantir le règlement, par les communes, d'engagements financiers envers des associations qui leur sont proches, souvent dirigées par des membres de leurs familles ou de leurs cercles de connaissances. Ces structures participeraient activement à une mobilisation électorale précoce. Face à ces dérives, les services centraux du ministère de l'Intérieur ont adressé des instructions fermes aux walis et aux gouverneurs, les exhortant à s'opposer à toute inscription de points jugés suspects dans les budgets qui seront débattus lors des sessions ordinaires d'octobre. Ces directives s'accompagnent d'un examen approfondi des justifications avancées pour toute augmentation des crédits, ainsi que d'une analyse des rapports établis par les préfectures et provinces sur le suivi de l'exécution des budgets communaux. Toujours selon les mêmes sources, les rapports des services des affaires intérieures révèlent également l'exploitation par certains élus de projets de prospection des eaux souterraines et de forage de puits à des fins électorales, particulièrement dans les régions de Marrakech-Safi et de Béni Mellal-Khénifra. Les informations transmises par les agences de bassins hydrauliques et les services du ministère de l'Équipement et de l'Eau viennent d'ailleurs corroborer ces constats. D'autres rapports parallèles, rédigés cette fois par les représentants de l'autorité locale — caïds, pachas et responsables des affaires rurales au niveau provincial — font état d'interventions de présidents de conseils communaux ayant détourné le tracé de certains projets au profit de zones spécifiques constituant leurs fiefs électoraux. Le suivi de l'avancement de ces projets de développement, conjugué à l'audit des documents et pièces y afférents, a mis en évidence, selon les sources de Hespress, l'implication de plusieurs élus de haut rang dans des retards volontaires de réalisation. Ces derniers auraient outrepassé les directives claires émises par les services centraux du ministère de l'Intérieur, qui, à travers de nouvelles circulaires, avaient fixé des règles strictes pour mettre fin à l'instrumentalisation des fonds publics à des fins électorales. Ces règles imposaient notamment plus de rigueur dans l'attribution des subventions aux associations et une vigilance accrue face aux tentatives de séduction des électeurs par le biais d'aides sociales et alimentaires.