À l'occasion du deuxième anniversaire de la signature des accords des 10 et 26 décembre 2023, le ministre de l'Éducation nationale, Mohamed Saad Berrada, a présenté lundi devant la Chambre des représentants le bilan de leur mise en œuvre, mettant en avant des avancées salariales et statutaires significatives, tout en reconnaissant les limites imposées par les contraintes budgétaires du secteur. Intervenant lors de la séance des questions orales, le ministre a indiqué que près de 80.000 fonctionnaires de l'éducation bénéficieront du « grade exceptionnel » (hors échelle) entre 2024 et 2028, avec une revalorisation mensuelle comprise entre 2.500 et 3.000 dirhams. Une mesure qui s'inscrit, selon lui, dans une dynamique globale d'amélioration des conditions matérielles des ressources humaines du secteur. Berrada a rappelé que la mise en œuvre des accords a également permis une augmentation générale nette des salaires en deux tranches, ayant concerné environ 330.000 bénéficiaires, ainsi qu'une revalorisation de l'indemnité liée à l'échelon, à hauteur de 1.000 dirhams, au profit de 12.000 fonctionnaires. Le ministre a par ailleurs souligné l'instauration d'une indemnité complémentaire, pouvant atteindre 3.500 dirhams, destinée à certaines catégories spécifiques et bénéficiant à près de 100.000 agents. Il a également évoqué le dossier de la titularisation et de la promotion dans les grades, qui concerne 115.000 fonctionnaires, ainsi que la revalorisation des indemnités de charges administratives au profit des directeurs, surveillants généraux et intendants, avec des montants oscillant entre 2.200 et 3.000 dirhams, pour 16.000 bénéficiaires. Concernant les heures supplémentaires, Berrada a précisé que leur revalorisation pouvait permettre à certains enseignants d'atteindre jusqu'à 4.000 dirhams mensuels supplémentaires, en fonction du volume assuré. Sur le plan réglementaire, le ministre a fait état de 45 textes d'application déjà publiés sur un total de 56 prévus dans le cadre des accords, soit un taux d'exécution d'environ 82 %, précisant que 5 textes sont en cours de validation et 6 autres en phase d'élaboration. Préscolaire : reconnaissance du mérite, mais pas de marge financière Interpellé sur la situation des éducatrices et éducateurs du préscolaire, Berrada a reconnu la légitimité de leurs revendications salariales, tout en soulignant que l'insuffisance actuelle du budget du ministère empêche toute augmentation immédiate de leurs rémunérations. Il a rappelé que chaque éducatrice bénéficie d'environ 950 heures de formation, et que le ministère a exigé des associations gestionnaires l'adoption de contrats à durée indéterminée, afin de garantir la prise en compte de l'ancienneté. Toutefois, a-t-il insisté, la priorité budgétaire actuelle demeure la lutte contre le décrochage scolaire et la consolidation des cycles primaire et collégial. « Les 50.000 éducatrices du préscolaire méritent une revalorisation salariale, mais celle-ci reste tributaire de l'augmentation des ressources financières allouées au département », a-t-il déclaré, promettant une amélioration dès que les conditions budgétaires le permettront. Cap sur la généralisation à l'horizon 2028 Le ministre a enfin souligné que la généralisation du préscolaire en milieu rural a enregistré de meilleurs résultats qu'en milieu urbain, grâce notamment au soutien de l'Initiative nationale pour le développement humain (INDH) depuis 2018, en particulier pour la construction des salles de classe. Il a annoncé l'adoption, dès cette année, d'une nouvelle approche fondée sur la planification locale, via l'intégration de tous les enfants du préscolaire dans le système « Massar », permettant d'identifier les zones en déficit d'infrastructures et de corriger les déséquilibres territoriaux. Mohamed Saad Berrada a réaffirmé l'engagement du gouvernement à atteindre la généralisation complète du préscolaire à l'horizon 2028, tout en appelant à une mobilisation collective pour accompagner cette réforme structurante du système éducatif national.