Le Maroc a été l'un des premiers pays du continent africain à disposer d'une voie ferrée. Aujourd'hui, le réseau ferroviaire du royaume compte parmi les plus modernes d'Afrique. De même, le 15 novembre 2018, le Roi Mohammed IV a inauguré, aux côtés du Président français Emmanuel Macron, le premier train à grande vitesse (LGV) du Maroc et d'Afrique. Une première dans le continent. Alors que le Maroc était en guerre contre son voisin européen l'Espagne, ce dernier a fait construire au Royaume, en 1859, la première voie ferrée reliant Tétouan, qu'il considérait comme sa capitale à l'époque, à l'Oued el Marchi. Ce rail, qui servait principalement aux transports des militaires, a été démonté en 1882. En 1907, la France venait d'obtenir l'aval de gérer quelques affaires marocaines, notamment la gestion des ports au Royaume suite à la Conférence d'Algésiras (1906). Les autorités françaises construisent alors une petite ligne en voie métrique qui a servi principalement à transporter des matériaux de construction du grand port de Casablanca, devenu aujourd'hui l'un des axes principaux de trafic de marchandises dans le monde. Démolition de la voie ferrée Les Français avaient également la main sur les contrôles judiciaires et douanières du port, ce qui a donné naissance à un mouvement de contestation à la région de Chaoui. Les habitants de cette région ont exigé des autorités locales l'arrêt des travaux du port et la démolition de la voie ferrée. Mais la politique de sourdes oreilles adoptée par les autorités locales, ainsi que les Français vis-à-vis de ses réclamations, plongèrent la métropole dans le chaos. Huit ouvriers européens, dont quatre Français, travaillant dans les chantiers de l'entreprise française furent assassinés suite à des émeutes déclenchées par les habitants de Chaouia. Le 5 août de la même année, Casablanca a vécu le pire événement de son histoire. La France a riposté à l'assassinat de ses ouvriers en bombardant toute la ville. Des centaines de corps trainés partout au milieu des ruines. Le premier chemin de fer à voie étroite reliant Casablanca à la ville de Berrechid Les Français reprennent donc le contrôle de la ville blanche, et garde bien évidemment leur voie ferrée mais construisent le premier chemin de fer à voie étroite reliant Casablanca à la ville de Berrechid. Une idée ingénieuse puisque la ligne avait un emplacement stratégique, qui permit par la suite de développer des lignes dans plusieurs directions du pays. La voie ferrée, dont les travaux commencèrent en mai 1908 et qui a servi principalement dans le transport des marchandises, des animaux mais également des équipements militaires, a été inaugurée le 20 septembre de la même année. Les habitants de la région l'ont surnommé «Babor Del Bghal» (le bateau des mulets) puisque le transport été assurée par des mulets. Dès le remplacement des mulets par la première locomotive à vapeur, le terme fut remplacé par «Al machina» (la machine) pour désigner le train. Un mot qui marqua le dialecte marocain jusqu'à nos jours. Deux lignes ferroviaires au départ de Melillia A la même époque, les Espagnols dont plusieurs sociétés minières étaient implantées au Nord du Maroc, avaient besoin d'écouler leurs marchandises et les transporter. Ils construisirent alors deux lignes ferroviaires au départ de Melillia la reliant au nord du Maroc, dont les travaux commencèrent en 1909 et la ligne mise en service en 1910. Depuis cette dernière date, les chemins de fer évoluent, longuement mais considérablement, au Royaume. Le protectorat français se voit donc accorder en 1920 le réseau des chemins de fer. Il crée en 1921 la Régie des chemins de fer en voie de 0.6m. 1200 kilomètres de lignes ont été construites. En 1923, une ligne reliant Kénitra à Ouezzane fut ouverte. Elle servait principalement à transporter les militaires et alimenter les troupes françaises au Nord, tandis qu'une autre ligne est mise en service en 1925 pour les mêmes motifs. Il y a eu également le lancement de la ligne à voie étroite (0.60m) de Rabat-Khemisset en 1928, puis celle de Guercif-Midelt entre 1919 et 1930, et celle d'Oujda-Bou Arfa lancé en 1931, qui sera finalement abandonnée et réorienter à la voie d'Oujda-Fès. L'Office national des chemins de fer Après l'indépendance du Maroc, le gouvernement marocain a procédé au rachat des concessions de plusieurs compagnies ferroviaires au Maroc, à savoir la Compagnie des Chemins de Fer du Maroc (CFM), la Compagnie des Chemins de Fer du Maroc Oriental (CMO) et la compagnie Franco-espagnole du Chemin de fer de Tanger-Fès (TF). En 1963, le Maroc créa son propre établissement public qui sera chargé de l'exploitation du réseau ferroviaire du pays et placé sous la tutelle du ministère de l'équipement et du transport,l'Office national des chemins de fer (ONCF). Depuis, le train joua un rôle très important dans le transport des citoyens. Notamment lors de la marche verte, où des milliers de braves citoyens, qui se sont portés volontaires pour y participer, ont été transportés via les trains de l'ONCF.