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Nabila Mounib : Le gouvernement n'écoute pas la voix du peuple
Publié dans Hespress le 27 - 03 - 2019

La Secrétaire générale du Parti Socialiste Unifié (PSU), Nabila Mounib ne pense pas que du bien de la classe politique marocaine, et elle ne s'en cache pas. Des enseignants contractuels aux Hiraks populaires, en passant par le rôle social des intellectuels, elle a livré son ressenti, tout en déplorant que « les gouvernants ne se cultivent pas assez pour pouvoir écouter la voix du peuple et construire un nouveau Maroc ».
Dans un entretien à Hespress FR, Mabila Mounib a ainsi relevé que les mouvements populaires que connaît le pays aujourd'hui n'ont pas été appuyés par les intellectuels, comme à l'époque de l'indépendance.
Et d'enchaîner: « Il y a des faits historiques qui sont irréfutables. Le mouvement de mai 1968 en France a été très largement supporté et appuyé par les intellectuels, qui ont expliqué cette rage populaire, cette révolte, et c'est ce qui a permis de voir des changements substantiels et importants après mai 1968 en France ».
Et, a-t-elle dit, les intellectuels marocains n'ont pas « appuyé » les mouvements de colère et de révolte que vit le Maroc aujourd'hui.
« Depuis l'indépendance, notre Maroc a connu plusieurs mouvements populaires et nous avions eu une élite politique cultivée et politisée. Nous avons connu plusieurs mouvements populaires qui étaient soutenus à une certaine époque comme par exemple pendant le mouvement du 23 mars 1965 quand il y a eu la révolte estudiantine contre la fameuse circulaire du ministère de l'enseignement qui disait que les jeunes âgés de 17 et plus ne pouvaient pas accéder au lycée. Mais cette période était aussi la scène d'une grande récession économique au niveau du Maroc parce que le taux de chômage avait atteint 20% dans les villes et 60% dans les campagnes. Il y avait un taux de pauvreté extrême etc. A ce moment-là; comme partout en occident, ont avait cette élite cultivée qui pouvait appuyer des mouvements », explique Mounib.
Rejet des intellectuels
Poursuivant son éclairage, la secrétaire générale du PSU a rappelé que le Maroc a connu d'autres mouvements comme le « 20 février, le Hirak du Rif, le Hirak de Jerada, on a également eu le Hirak des enseignants, des médecins, des infirmiers et bien d'autres, mais qui n'ont pas pu être appuyés, ni par des intellectuels, qui aujourd'hui sont à la marge de la société pour la plupart d'entre eux, et qui ne sont pas là pour théoriser la période et nous expliquer ce que c'est, ni par les gens qui sont au gouvernement et qui sont incompétents, et c'est le mot le plus simple à choisir ».
Son avis est tranchant: « Ceux qui sont au gouvernement ne gouvernent pas, mais ils sont là. Ils entendent la voix du peuple s'exprimer ici et là, présenter des doléances, des attentes, mais ils se bouchent les oreilles. Ils les mettent en prison, les tabassent à mort ou alors ils les incriminent en disant que ce sont des gens contre leur pays et qui travaillent en intelligence avec des régions extérieures ou bien ils les accusent de séparatisme ».
Et de s'interroger : « Qu'attend le Maroc pour mettre en place une vraie révolution culturelle? Aujourd'hui justement comme il y a une explosion scientifique, technologique, du savoir, de transmission de l'information et d'accès au savoir. Nous en avons besoin , surtout que, non seulement nous sommes dépendants, nous sommes sous-développés, et en même temps sous le joug de courants réactionnaires ».
S'agissant des critiques à l'adresse des intellectuels, les accusant de « jouer le jeu du système » en ne se prononçant que sur certains sujets politiques et sociétaux, Nabila Mounib est catégorique. « Pas du tout, affirme -t-elle. Les intellectuels marocains sont dans le rejet et le dégoût ».
Elle tient à s'expliquer à ce propos. « On ne pas peut dire que les intellectuels jouent le jeu du système. Le système a choisi des technocrates et veut mettre en place ses vrais pions et il a marginalisé les intellectuels et avec eux les vrais politiques. Et c'est la raison pour laquelle nous vivons une crise d'incompétence parce que nous avons aussi des incompétents. Parce que, qui dit technocrates ne veut pas forcément dire compétence. Ce sont des gens qui sont là pour exécuter et nous, nous avons besoin de gens qui réfléchissent qui pensent l'avenir de ce pays, en tenant compte de nos potentialités, des contraintes extérieures et des défis que nous devons relever pour nous en sortir ».
Pour Nabila Mounib, « la place de l'intellectuel est fondamentale, elle est même centrale. C'est la raison pour laquelle, nous autres politiques, nous ne cessons de faire appel à eux pour qu'ils théorisent cette période que nous vivons et pour qu'ils puissent avec nous, nous permettre de tracer la vision prospective cohérente pour notre pays, pour le sortir de la crise plurielle qu'il connait ».
Elle cite dans ce sens, « une corruption endémique, une crise de modèle de développement (…) et une crise sociale très grave parce que nous avons ceux qui sont aux commandes aujourd'hui et qui sont en train de détruire l'école publique, la santé publique, donc tous les ingrédients pour construire une justice sociale».
Les contractuels en question
La question des enseignants contractuels, qui boulent leur 1er mois de grève, interpelle également la numéro 1 du PSU. « Je pense qu'ils ont tout à fait raison. Nous avons besoin d'une vraie réforme de notre école ». Comment ?
« Chaque année nous avons 20.000 à 25000 enseignants et enseignantes qui partent à la retraite. Nous devons les remplacer par de l'excellence et par des gens que nous devons intégrer au niveau la fonction publique parce que déjà il y a un sous-encadrement pédagogique, donc il faut les encadrer et les intégrer dans la fonction publique, choisir l'excellence et les accompagner par des formations continues, si on veut sauver notre école. Par contre, les embaucher avec des contrats à durée limitée, ça c'est vraiment condamner l'école publique à la médiocrité et au misérabilisme », a-t-elle mis en avant.
En prenant connaissance de la réponse du ministère de tutelle, à savoir que les Académies font partie du ministère et ne présentent pas une grande différence avec la fonction publique, compte tenu du projet de régionalisation, à savoir que le pays se dirige vers la régionalisation avancée, Nabila Mounib s'insurge. «Quand on aura mis en place une vraie régionalisation, quand on aura donné aux régions les moyens de se développer, quand on aura donné aux régions la possibilité de jouer pleinement leur rôle dans l'information etc, à ce moment-là on pourrait parler».
Selon elle « l'Etat marocain a signé, depuis pas mal d'années, l'accord général sur le commerce de service et qu'aujourd'hui, ils sont entrain d'appliquer les dictas de la Banque Mondiale et des institutions financières, à savoir avancer vers la liquidation de l'école publique, et nous ne voulons pas de cela parce que nous estimons que la voie d'entrée pour construire le Maroc de demain c'est une école publique de qualité ouverte à tous les Marocains qui puissent garantir l'égalité des chances ».
Pour conclure, la secrétaire générale du PSU a précisé que « l'enseignant doit être respecté et encouragé et sa carrière doit être bien tracée». Mais pas que !
Mounib affirme qu'il faut également « revoir les manuels scolaires, revoir les conditions d'apprentissage, encourager la recherche scientifique, créer des postes budgétaires au niveau de la faculté pour avoir encore des enseignants-chercheurs qui puissent faire de la recherche. Donc nous avons besoin de réformer notre école pour qu'elle puisse être une école de qualité, qui puisse nous ouvrir la voie vers le développement et non pas détruire ce qui reste en condamnant les enseignants à la précarité et à la médiocrité ».


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