Alors que les élections européennes s'approchent, la guerre des clans et les opérations séduction sont lancées. Si une chose est sûre cette année, la menace du populisme, du nationalisme, est plus que jamais réelle. De quoi donner la chair de poule aux pro-européens. Ces dernières années, les échéances électorales dans certains pays membres de l'Union européenne ont fait émerger un type de droite beaucoup plus extrême dans ses retranchements. Un regain de nationalisme a clairement été perçu chez beaucoup de capitales européennes gagnées par des discours europhobes, anti-immigration... Si jusqu'ici l'Europe a été fermement attachée à des valeurs universelles, d'ouverture et de tolérance, les élections du 26 mai réservent beaucoup de surprises, la menace de la montée de l'extrême droite devenant très réelle surtout après des alliances intra-européennes pouvant faire basculer la tendance. Une extrême droite fragmentée Malgré tout, les partis de droite radicale restent très diversifiés, n'ayant pas tous les mêmes idéologies. Certains pays ne s'identifient plus à l'Europe mais veulent quand-même rester au sein de l'Union, d'autres sont anti-union européenne. Enfin, une partie est même opposée à l'Europe mais fait partie des gouvernements de pays membres de l'Union. C'est notamment le cas avec l'Italie, qui est gouvernée par deux partis populistes, le Mouvement 5 Etoiles et la Ligue, et dont l'homme fort du gouvernement n'est autre que Matteo Salvini, le ministre de l'Intérieur. Un ultranationaliste farouchement opposé à l'immigration, un point qui rassemble cette extrême droite fragmentée. Le leader de l'extrême droite italienne cherche à former une grande alliance européenne pour gouverner en Europe, et pour cela, il s'est allié à la grande figure du nationalisme en France, l'héritière de Jean-Marie Le Pen, Marine. Le duo Le Pen-Salvini Connaissant ses limites et son image peu flatteuse en Europe, c'est sans surprises que Marine Le Pen a donné à Matteo Salvini le feu vert pour aller chercher des alliances dans les capitales européennes. Pour le journal « Corriere della Sera », les sentiments de la haine dominent la campagne électorale européenne, ajoutant qu'au lieu de penser à quitter l'Union européenne, l'Italie devrait essayer de prendre des mesures à même d'améliorer le fonctionnement de l'Union et de son système monétaire. « La Repubblica » écrit, de son côté, qu'à moins de trois semaines des élections européennes, la chose qui dérange le plus Matteo Salvini est la rupture avec sa formation décidée par l'aile porche de la droite au sein du Parti populaire européen. Ces derniers mois, Salvini a cherché d'adopter une approche cohérente avec les Autrichiens et les Bavarois, écrit le quotidien, notant que les résultats ont été négatifs et la porte lui a été fermée sous prétexte que la dette publique italienne était »effrayante ». La semaine dernière, le chef de file de la Ligue a été reçu en grandes pompes par le Premier ministre national-conservateur hongrois Viktor Orban, qui n'est pas son allié pour le moment. Les deux hommes n'ont pas écarté la possibilité de former une «coopération» après les élections européennes sur une ligne commune, celle de l'anti-immigration. Matteo Salvini a par ailleurs réitéré son engagement pour une alliance avec Marine Le Pen, en déclarant mercredi 1er mai, vouloir «écrire l'histoire ensemble». La leader du Rassemblement National (ex Front national) a elle aussi fait savoir que son alliance avec l'Italien était solide. « Nous n'avons aucun concours d'ego », a assuré Marine Le Pen. « Nous ne sommes pas là pour se grimper sur les épaules des uns et des autres, sauf peut-être pour aller de plus en plus haut », a-t-elle ajouté. Le Pen cherche à séduire Orban Dimanche, Marine Le Pen, a néanmoins elle aussi tenté sa chance avec Viktor Orban en lui tendant la main pour une future coalition lors d'un meeting de campagne à Bruxelles. Mais celui-ci a déclaré « n'avoir aucune relation » avec Le Pen, et assuré qu'il « ne ferait alliance en aucun cas » avec elle, dans une interview accordée au Point. « C'est à Monsieur Orban de voir s'il se trouve plus en cohérence politiquement avec des membres du PPE (Parti populaire européen, droite) qui ont voté contre lui, qui ont voté la relocalisation forcée des migrants dans les pays (…) ou s'il se sent plus en cohérence politiquement avec des mouvements tels que les nôtres », a lancé Marine Le Pen dimanche. Lundi, la réponse de Viktor Orban n'a pas tardé à se faire entendre. Il a retiré son soutien à la tête de liste du Parti populaire européen (PPE, droite dont le parti d'Orban le Fidesz fait partie) Manfred Weber qui devrait s'il gagne prendre la place de Jean-Claude Juncker à la tête de la Commission européenne.