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Le Prince qui dérange
Publié dans La Gazette du Maroc le 31 - 07 - 2002

Al-Walid Ben TalalAl-Walid, fils du prince Talal Ben Abdelaziz Al-Saoud et de Mona al-Solh, fille du défunt premier ministre du Liban, Riad Solh, est le P-DG d' “ Al-Mamlaka Holding ”.
Il occupe aujourd'hui la 6ème place dans le peloton des hommes les plus riches de la planète, probablement, le plus fortuné en dehors des Etats-Unis. Considéré comme l'un des plus grands investisseurs de par le monde avec un portefeuille très diversifié, dépassant les 20 milliards de dollars, le jeune prince prouve au fil des jours qu'il n'est pas un “ phénomène provisoire ” ni un “ envoyé spécial ” sur la planète finance. Al-Walid, qui ne cache pas ses ambitions grandioses, s'apprête à se lancer dans La politique. Voyage rapide d'un prince arabe dans l'ère de la mondialisation.
Lorsqu'Al-Walid a décidé de faire son “ incursion ” dans le monde des affaires en Arabie Saoudite, sa rentrée a fait l'effet d'un pavé dans une mare. Le style de cet homme, qui ne vient pas du milieu, a, dès le début, été différent voire gênant pour un environnement qui a connu la “ collecte ” de l'argent facile avec les deux booms pétroliers des années 70. Il a très rapidement introduit sa culture en la matière, presque calquée sur celle adoptée aux Etats-Unis, notamment avec la philosophie d'investissement, la définition des objectifs, la rapidité dans la prise de décisions, le pragmatisme et le rejet des compromis.
Parmi ses premiers points marqués dans ce monde de requins figure l'introduction pour la première fois sur le marché, des opérations “ Fusions-Acquisitions”. Il a racheté à la fois, des sociétés saoudiennes en difficulté et d'autres équilibrées, pour les restructurer et les rassembler toutes sous le drapeau d'une même holding. Avec la croissance- éclair
du volume de ses investissements et le développement remarqué de sa présence dans les médias, les rumeurs ont commencé à le poursuivre de capitale en capitale. L'objectif : le casser avant qu'il ne soit trop tard. Certains de ses compatriotes, jaloux de cette réussite inattendue, ont tenté en vain, avec l'aide de milieux d'affaires internationaux de lui barrer la route. Le jeune prince, rodé avec le temps, certes si court, a réussi non seulement à les contrecarrer, mais de passer à la contre-attaque.
Dans l'intervalle de quelques années qui se comptent sur les doigts de la main, Abou Khaled (comme l'appellent ses proches) a réussi à avoir la confiance de ses oncles, dirigeants du royaume, notamment le prince héritier Abdallah Ibn Abdelaziz. Al-Walid n'a pas dormi sur ses lauriers. Il a décidé de
forcer les portes de la politique, un domaine interdit jusqu'à présent, sans autorisation
de la “ Haute porte ”. Lors des attentats du
11 septembre, le clash intervenu avec le
maire de New-York qui lui a rendu son don de 10 millions de $ à cause de ses déclarations condamnant la politique américaine, a fait de lui le “ prince politique ”. Ses face-à-face osés à travers les médias américains telles que les chaînes NBC et CNN), cette dernière lui a consacré trois émissions consécutives ainsi que les interviews accordées au Time Magazine, NewsWeek et Business-Week,
lui ont permis de s'imposer sur le terrain politique. De ce fait, l'Etat saoudien n'a pas tardé à le décorer du plus haut Wissam du royaume. Désormais, Al-Walid est accrédité officiellement.
Depuis, le prince va de l'avant dans ses projets, aussi bien à l'intérieur comme à l'extérieur du pays. Il critique dans l'objectivité tout ce qu'il croit comme handicap au développement de son pays. Il revendique plus de démocratie au niveau des institutions, attire l'attention sur les erreurs commises, notamment dans le domaine économique, soulève, sans détours, le problème du chômage, estimant que le royaume ne doit avoir ni peur ni honte de ce fléau. Car l'essentiel consiste à lui trouver les solutions adéquates.
Al-Walid mise sur l'éducation et le capital humains. Dans ce contexte, il tient absolument à créer une université privée à Riyad. Les études de ce projet ont été confiées à l'Université américaine de Beyrouth. Cette dernière gèrera cette institution. Parallèlement, il affirme qu'il ne s'engagera plus pour l'instant dans de nouveaux projets. Car, dit-il, nous avons besoin de deux ans pour “ digérer ” ce qu'on a dans le ventre. “ Nous avons tiré beaucoup de leçons de nos erreurs, notamment dans les domaines de l'éducation et de la santé. C'est pour ces raisons que nous voulons bénéficier au maximum de l'expérience. Ce que les Américains appellent “ learing curve ”, souligne Al-Walid.
Pragmatique, il laisse entendre que personne n'est éternel. “ Si je devais quitter ce monde demain, les sociétés d'Al-Mamlaka-Holding, continueront à fonctionner normalement ”, estime l'homme d'affaires. Cette remarque ne l'empêche pas de révéler qu'il prépare d'ores et déjà son fils Khaled pour prendre la relève. Ce dernier suit actuellement un stage auprès de la City Bank dans laquelle son père est actionnaire. Bien qu'il soit entouré d'hommes de confiance, de très bons conseillers, d'excellents professionnels tels que : Mustapha al-Hujaïlane (directeur exécutif des investissements internationaux), de Michael Jensen,( président de l'équipe de City Group), Saleh al-Mimane (directeur exécutif des investissements immobiliers) et de Saleh al-Ghoul (directeur exécutif de l'administration et de la finance), la succession reste toutefois sa principale hantise.
L'autre visage d'Al-Walid
Moscou, fin 2001 : l'avion du premier ministre libanais, Rafic Hariri tombe en panne à l'issue d'une visite officielle. Immédiatement, le prince Al-Walid ben Talal dépêche deux jets pour permettre à Hariri de joindre Riyad. Un exemple parmi d'autres qui montre la forte relation liant ces hommes d'affaires, qui ont tous les deux la double nationalité libanaise et saoudienne. L'inverse est aussi valable.
Beyrouth, avril 2002 : la relation se gâte entre les deux richissimes personnages . Au palais présidentiel de Baâbda, le président libanais, Emile Lahoud, décore Al-Walid de l'une des grandes distinctions libanaises, pour “ rendre hommage à son rôle dans le soutien à l'économie libanaise ”. Le prince n'hésite pas, au cours de la visite, à lancer des flèches indirectes contre Hariri en évoquant le mauvais bilan économique libanais. Plus précis encore, le petit fils du roi Abdelaziz Ibn Saoud et de Riad Solh, premier chef de gouvernement du Liban indépendant, n'exclut pas la possibilité de s'installer dans le paysage politique du pays du cèdre. Ces mots suscitent tout de suite une levée de boucliers dans l'entourage de Hariri. Mais la compétition ne reste pas circonscrite au verbe : elle se traduit rapidement sur la scène politique de la capitale Beyrouth. Al- Walid commence sérieusement à déranger.
Depuis, le prince saoudo-libanais concurrence Hariri dans son fief Beyrouthin qu'il a acquis il y a à peu près deux ans à travers dons,
aides et contributions. Ainsi, les esprits s'enflamment autour du soutien financier d'Al-Walid aux projets de constructions en suspens, en plein centre historique de Beyrouth, notamment les mosquées datant d'Al Fath al Islami. En effet, Hariri craint l'arrivée du prince pour “ sauver ” l'économie, comme il l'a déjà fait avec plusieurs sociétés et banques en difficulté. Le fait que le système Hariri semble s'être essouflé, le président de la République libanaise pourrait, le cas échéant, avoir recours à Al-Walid. Ce dernier constituera alors la seule alternative crédible pour remplacer Hariri. Néanmoins, cette configuration reste pour le moment de l'ordre de l'hypothèse ; car une telle nomination demande l'acquiescement de Damas et l'accord tacite de Washington.
En se plaçant avec force sur la scène politique libanaise, grâce à la famille politique Al-Solh, à ses amitiés, au cercle des ennemis de Hariri qui s'élargit de jour en jour, et à son poids financier, Al-Walid ne fait plus mystère de ses ambitions. Ceux qui le connaissent de près, affirment qu'il ne semble pas inquiet de “ la ligne rouge ” que pourrait lui imposer son statut de membre de la famille royale saoudienne. En tout état de cause, le duel à fleurets mouchetés, dont l'issue dépendra de l'évolution de la situation économique libanaise et du contexte régional, ne fait que commencer.


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