A son actif, il compte plusieurs chansons connues du grand public dont notamment “Ahla al aghani”, “Ezzine fettalatine”, “khaoufi âalik anouara” et la fameuse oeuvre en tarrifite “Ayourinou”. Il est venu, tout à fait par hasard à la chanson au début des années 70... Et il y est resté avec force et espoir, convaincu de son talent et ses fortes ambitions. Il est l'un des rares chanteurs marocains à avoir composé lui-même la presque totalité de ses oeuvres. Pour son comportement et sa façon de se produire sur scène, on le compare à Abdelouahab Doukkali ! Il dément une telle comparaison et parle de “coïncidence” tout simplement. LGM : Un si long silence, c'est dû à quoi Mouhcine ? Mouhcine Jamal : Tout ce que je peux vous dire, c'est que ce silence est général. Il concerne tous les artistes car, nous ne disposons que de deux chaînes, alors si l'on passe sur l'une, il faut attendre longtemps avant de passer sur l'autre. On ne fait plus appel à vos services - ou bien très rarement - lors des Soirées publiques non télévisées. Trouvez-vous que cela est dû à une certaine concurrence et au nombre de plus en plus grand de chanteurs ? Comme je viens de le dire, nous ne disposons que de deux chaînes où, souvent, on ne donne l'occasion qu'à des imitateurs de Abdelhalim ou d'Oum Kelthoum par exemple ! Quant à la concurrence, je crois que dans l'art, elle n'existe pas. Il n'y a que la création qui s'impose. Jusqu'à présent, vous avez composé la presque totalité de vos chansons. Celà signifie-t-il de votre part un manque de confiance en les compositeurs actuellement sur la place ? Mais pas du tout ! J'ai beaucoup de respect pour tous les compositeurs marocains, sauf que mon genre est spécial et je connais assez bien mon style et ma voix, alors pourquoi chercher ailleurs ? A propos de chansons, il semble que vous boudez les oeuvres en arabe classique ? Ce n'est pas vrai ! Je n'ai jamais boudé la chanson en arabe classique. La preuve, j'ai chanté entre autres, “Abi”, “Oualadi” et “Biladi”. On parle d'une “kassidat” que devait interpréter le défunt Med El Hyani et qui vous a été confiée récemment... En effet, c'est une oeuvre de Kacem El Filali intitulée “Dikra” (Souvenir). Déjà composée, elle verra le jour bientôt. Dans presque tous vos comportements sur scène, on parle d'une certaine imitation d'Abdelouahab Doukkali. Cela est-il involontaire de votre part ou est-ce que vous êtes influencé par ce chanteur ? Doukkali est un ami que j'aime beaucoup. Je ne l'imite pas sur scène. Ce n'est pas dans mes habitudes de calquer les autres. Et si cela arrive, ce n'est qu'une question de coïncidence. Pas plus ! Vous êtes l'un de nos rares chanteurs dits “modernes” à avoir chanté en dialecte “tariffite”, une autre expérience figure-t-elle dans votre agenda ? Au fait, l'oeuvre en question n'est qu'une traduction de ma chanson “Ahla al aghani”. En tariffite, cela a donné “Ayourinou”. Une autre expérience dans le même genre ? Bien sûr que oui... La rumeur parle d'une certaine proposition qui vous a été faite pour un feuilleton télévisé et que vous auriez rejetée, est-ce vrai ? Moi, je suis chanteur en priorité. Pas comédien ou acteur. A chacun sa spécialité. Toujours à propos de rumeurs, on dit de Mouhcine Jamal qu'il dépense beaucoup d'argent pour concevoir ses chansons et les faire parvenir au public. Un mot la-dessus ? Vous savez, je connais des chanteurs qui ont vendu leurs biens et dépenser 100.000 dh au moins pour un seul album ! Alors, même si je dépense beaucoup d'argent pour faire un bon travail et satisfaire par là mon cher public, je ne le regrette nullement. Car, je ne fais pas ce métier pour gagner de l'argent. Je ne suis pas un commerçant. Que constitue pour vous le fait d'être à la mode, côté vestimentaire s'entend ? Ce que les gens ne comprennent pas, c'est que l'artiste est le miroir du pays. C'est pour cela qu'il doit être élégant, chaque fois que l'occasion lui est donnée d'apparaître en public. Quelle définition donnerez-vous à ces trois termes : l'Ambition - la Jalousie - l'Echec. Sans l'Ambition, je ne serais pas encore là à lutter contre vents et marées. La Jalousie, elle, et les jaloux, cela ne me fait ni chaud ni froid. Je suis mon chemin. Quant à l'Echec, si cela arrive, il faut tirer profit de sa leçon pour pouvoir monter l'échelle à nouveau. Aimeriez-vous voir votre enfant suivre une carrière artistique ? Sinon, pourquoi ? Et pourquoi pas s'il est disposé à le faire avec conviction et une fois absolument sûr de son choix ? Un mot à cette tranche du public qui n'aime pas -- il faut bien l'admettre -- votre style de chant ? Cela vous dérange-t-il outre-mesure ou est-ce que vous vous pliez à la loi de la diversité? Les gens qui ne m'aiment pas, je leur dis gentiment : si vous écoutez la radio et que vous tombez sur une de mes chansons, vous n'avez qu'à tourner le bouton. C'est aussi valable pour la télévision. Zappez, messieurs ! Ne vous obligez pas à me supporter. Ce serait atroce ! Vous avez plus d'une chanson sur des paroles du saint Sidi Abderrahmane El Mejdoub, à quoi est dû ce choix, et dans la foulée, êtes-vous du genre superstitieux ? En réalité, je n'en ai qu'une seule, “Echedda”. Peut-être confondez-vous Abderrahmane El Mejdoub avec le parolier défunt Abderrahmane El Alami ! Je ne suis pas le seul à le faire, “Jil Jilala” l'ont aussi fait. Quant à la superstition, je n'y crois pas. On ne vous voit plus beaucoup à la télévision. Y a-t-il une raison précise à celà ? Cette question devrait être posée aux programmateurs des deux chaînes. Ils seront plus aptes à y répondre. Bref, il est temps de songer à une chaîne exclusivement réservée aux variétés comme c'est le cas dans d'autres pays arabes qui sont moins peuplés et plus pauvres que nous. A bon entendeur, salut ! Après plus de trente ans de carrière, peut-on savoir de combien de chansons est constitué aujourd'hui votre répertoire. Et trouvez-vous cela suffisant ? Non, c'est insuffisant quand on est ambitieux et qu'on cherche à satisfaire autant que possible, les différents goûts de son public. Quant au répertoire, il est assez volumineux pour une carrière de plus de trente ans.