Arabie Saoudite : Le Marocain Younes Nafid remporte le prix du E-learning    Menace Cybernétique : la DGSSI met en cadre les utilisateurs de Mozilla Firefox contre le risque de piratage    Le régime algérien sombre dans l'isolement... et sa diplomatie se transforme en un outil de l'hostilité régionale    Depuis Dakhla... Oujar : L'unité territoriale est une priorité non négociable et le Maroc s'approche d'un règlement définitif de la question du Sahara    Entre caserne ottomane et colonie de peuplement... De quel "héritage historique" parle l'Algérie ?Entre caserne ottomane et colonie de peuplement... De quel "héritage historique" parle l'Algérie ?    Le Wydad s'impose face au FAR (2-1)    La CDC du Sénégal en quête d'inspiration auprès de la CDG    Diaspo #387 : Ghizlane Karaoui, de la psychologie au sommet de l'immobilier à Dubaï    Ils vivent au Maroc, mais le Maroc ne vit pas en eux    Viande rouge : le Maroc attise les convoitises des géants mondiaux du secteur    Diaspo #387 : Ghizlane Karaoui, from psychology to the top of Dubai's real estate market    Sahara : The UN remains silent on Polisario's shots targeting MINURSO    Le Roi Mohammed VI adresse un message de condoléances à la famille de Mohamed Choubi    Le groupe émirati AMEA Power s'empare d'un actif éolien stratégique au Maroc    Vinci ouvre son capital aux salariés de ses filiales marocaines, sous l'égide de l'AMMC    Arabie Saoudite : 5.300 $ d'amende pour toute personne qui tente d'accomplir le Hajj sans permis    Sahara : l'Algérie invente un revirement ghanéen et échafaude une fiction diplomatique sur le dos de Accra    El Ouafi recadre Benkirane au nom de l'intérêt national    Akhannouch : « Certains politiciens racontent des sottises »    Le régime algérien déverse sa bile sur les Émirats dans un dérapage médiatique officiel    Un tragique accident de la route coûte la vie à un élève-officier de l'Académie Royale Militaire    SM le Roi félicite le président polonais à l'occasion de la fête nationale de son pays    AWS et Orange lancent le edge computing au Maroc et au Sénégal    Gabon : le CTRI officiellement dissous    Visite de travail de Son Altesse Royale la Princesse Lalla Asmaa à l'Université Gallaudet de Washington pour un partenariat stratégique    CAN U20 Egypte 25 : La Sierra Leone s'offre la Tanzanie et la première place du groupe A    Visite de travail de Son Altesse Royale la Princesse Lalla Asmaa à l'Université Gallaudet de Washington pour un partenariat stratégique    Le régime algérien : une hostilité flagrante et continue envers les Etats arabes qui réussissent    El Bouari en visite à Dakhla : cap sur la transformation agricole et halieutique    Chirurgie à distance au Maroc : une prouesse inédite pour Akdital    Agadir: Plus de 4.000 tonnes de Chira saisies et un suspect arrêté    Un groupement d'architectes désigné pour concevoir le CHU Euromed Fès    Revue de presse de ce samedi 3 mai 2025    L'Algérie et les projets du "métavers" : quand les ambitions du régime se transforment en illusion numérique !    Au cœur de Pékin : voyage à l'âme de la culture chinoise entre temples de sagesse et rituels du thé    L'Humeur : Ces claques qui se perdent    Festival de Meknès de la fiction télévisée: 20 productions en compétition pour la 14e édition    La météo pour ce samedi 3 mai    Botola DII. J26 / Un samedi hypersensible : Le faux pas est interdit !    encadrement de la profession d'agent. Moustapha Diop : "La FIFA a besoin de relais locaux"    L'ONU alerte sur les menaces que fait peser l'IA sur la liberté de la presse    Botola D1 : Soirée de Clasico et que le fair play l'emporte !    La mort de l'acteur marocain Mohammed Choubi, voix singulière de la scène dramatique nationale    Mawazine 2025 : Afrojack ouvrira le bal de la 20e édition sur la scène OLM Souissi    Mawazine : Une palette d'artistes arabes et internationaux à l'affiche de la 20e édition    Parution : Dans «L'Œil des représailles», des notes de colère et des accords d'espoir    FRMF : Réception en l'honneur des Lionnes de l'Atlas de futsal sacrées championnes d'Afrique    Ejercicio militar en Argelia: El Polisario se une a Túnez, Egipto y Libia en medio de la ausencia de Mauritania    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Aicha Khamlich : "Des acquis certes, mais l'applicabilité manque"
Publié dans La Gazette du Maroc le 18 - 12 - 2006

Applicabilité des lois, ijtihad, séparation de la religion et de l'état, Aicha Khamlich a représenté le modèle marocain, passé en revue les autres pays arabes et s'est distinguée par un franc-parler pointilleux. La membre du Conseil Consultatif des droits de l'homme nous dresse un état des lieux?
La gazette du Maroc: la Tunisie célèbre 50 ans du code du statut personnel. Comment évaluez-vous l'expérience tunisienne par rapport à la marocaine ?
Lors de notre campagne pour la réforme du code du statut personnel marocain, celle de la pétition à 1 million de signatures, nous avions pour exemple le modèle tunisien et voulions atteindre son niveau. Le code du statut personnel tunisien était précurseur. Mais il ne faudrait pas oublier que c'est le législateur tunisien qui a accordé autant de droits à la femme tunisienne, juste après l‘indépendance. C'était la volonté du président Habib Bourguiba, celle d'un état. Alors qu'au Maroc, nous parlerons de lutte et de combat. Ce sont la société civile marocaine, les mouvements féministes et les forces progressistes démocratiques qui ont lutté pour établir ces droits. Nous avons réussi à proposer le projet de loi. La moudawana a été promulguée. Nous avons réussi à instituer l'égalité de l'homme et de la femme en terme de responsabilité au sein de la famille, chose qui manque au code du statut personnel tunisien. D'ailleurs les tunisiens commencent à s'inspirer de la moudawana pour des réformes telle que l'unification de l'âge du mariage. Au Maroc, il est de 18 ans pour l'homme et la femme alors qu'en Tunisie, il est de 17 ans pour la femme et 21 ans pour l'homme. Actuellement l'unification de l'âge du mariage est discutée au parlement tunisien.
Un autre acquis marocain suscite l'intérêt, celui de l'égalité des petits enfants à l‘héritage des grands-parents. Autrement dit, la Tunisie s'inspire des acquis positifs marocains.
Aujourd'hui, la moudawana marocaine accorde des droits importants à la femme marocaine. Il s'agit d'acquis incontestables, bien qu'à mon point de vue, ce dossier demeure ouvert à d'autres changements.
Cela suppose que des lacunes subsistent encore, quelles sont-elles?
Evidemment. Le divorce par exemple. Il suffirait d'étudier la moudawana pour s'en rendre compte. L'homme détient toujours en mains les clés du divorce. Il y a le problème de la polygamie. Bien qu'on exige des justificatifs et autres , le fait même d'établir des exceptions autorise la polygamie. Nous avons demandé l'abolition de la polygamie. Parce que tous les justificatifs et raisons invoqués ne cautionnent pas la polygamie. Dire que la femme est malade, cela justifierait un second mariage et par conséquent, un manquement aux droits de la femme. Imaginons un instant l'inverse: que l'homme est malade, la femme devrait-elle supporter son mari ou pas? La simple raison récuserait la polygamie, du fait de la valeur humaine universelle de l'homme et de la femme. Nous pourrons toujours évoquer la tutelle. À l'âge de 18 ans, l'homme et la femme sont responsables. Ils sont aptes à endosser la responsabilité familiale et parentale. La tutelle d'ailleurs est à l'origine d'un autre problème dont souffrent les cours marocaines, celui du mariage des mineurs. Le mariage de la mineure veut dire le mariage avec une enfant. C'est inconcevable. Mais des dérogations sont accordées par certains juges. Les familles recourent aux subterfuges. Sous prétexte que les fiançailles dureraient un an ou deux, elles décrochent la dérogation, Nous assistons donc au mariage de la mineure. Ce que la femme a acquis d'un côté, il lui est extirpé de l'autre. N'empêche que les acquis de la moudawana demeurent importants.
Qu'en est-il de l'applicabilité de ces droits ?
Il ne suffit pas de promulguer des lois, encore faut-il créer et établir des mécanismes d'application. Et c'est ce dont on souffre actuellement. Les décrets d'application ne sont pas encore assimilés, il faudrait former les juges. Il faudrait qu'ils s'imprègnent de l'essence de la moudawana. Malheureusement, il y a encore des mentalités à changer, certains juges se réfèrent encore aux anciens textes. Le pire c'est le cas, désormais célèbre de Larache, celui du juge qui autorise la polygamie sous prétexte que sa femme n'est plus capable de le servir.
On ne peut pas interdire définitivement la polygamie. Les détracteurs de l'abolition de la polygamie invoquent la chariaa qui l'autorise: l'homme ne peut interdire ce que Dieu permet.
Non, il y a une condition. Certes, la polygamie est permise, mais à une condition: l'équité entre épouses. Or le coran est clair, « wa lan taadilou », autrement vous ne serez pas équitables. Il est difficile voire impossible pour la nature humaine de l'être. En somme la condition sine qua non disparaît, la permission de même. Quant aux justificatifs socio-économiques souvent exposés, c'est un autre registre qu'on pourrait traiter séparément.
Vous avez proposé de recourir à l'ijtihad pour répondre aux exigences contemporaines, donnant l'exemple de la polygamie. Parlons de cette approche.
L'origine de l'ijtihad c'est de tenter de résoudre les problèmes actuels par une relecture de la religion. Or les doctrines et mouvements religieux se télescopent se contredisent en matière d'interprétation des textes sacrés. Des interprétations qui relèvent de l'idéologisation de la religion. Lors des premiers ijtihad, il s'agissait de répondre aux besoins de la société. Ces mêmes interprétations ont été sacralisées par la suite. Or les sociétés se développent, muent, et les interprétations régressent ou demeurent les mêmes. Le problème c'est que nous avons confié le sort de la femme et de la famille aux interprétations convergentes des doctrines et mouvements. C'est le cas pour la femme musulmane. Pourquoi dans les pays arabes, dont la religion étatique est l'islam, le législateur se conforme aux mouvements et madahib internes? Pourtant, il s'agit de la même religion.. Pourquoi ne pas appliquer cette rigueur à d'autres secteur: l'économie, par exemple.
La femme tunisienne est la même que femme marocaine, saoudienne ou yéménite. Elle a les mêmes caractéristiques humaines, universels indépendamment de sa nationalité. Nous assistons à une idéologisation de la religion, à sa politisation et là il s'agit d'enjeux politiques avant tout.
Vous avez évoqué lors de la conférence « législation et jtihad » la séparation de l'état et de la religion?
Le sujet prête à confusion. Les personnes confondent laïcisation et athéisme. La séparation de la religion et de l'état est considérée par la majorité comme un reniement de la religion. C'est assez complexe, difficile dans les pays puisant leur légitimité dans la religion. Au Maroc, notre constitution explicite clairement notre appartenance, l'Emirat des croyants … Il suffit de lire le chapitre 19 pour s'en persuader. Actuellement on ne peut prétendre à cela, il faut simplement éviter l'idéologisation et la politisation de la religion. Qu'elle demeure de l'ordre du sacrée, de la foi, sans être utilisée à des fins strictement politiques et idéologiques.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.