Le poète, essayiste et professeur universitaire marocain Abderrahman El Fathi a plaidé, lors de la Foire internationale du livre de Panama, pour la création d'une académie de la langue espagnole au Maroc, estimant que le pays devait être pleinement reconnu comme terre hispanophone, selon des médias panaméens. Invité à l'occasion de la Foire internationale du livre (FIL) de Panama, qui consacre cette année le Maroc comme hôte d'honneur, M. El Fathi a mis en valeur une proximité linguistique et culturelle entre les deux pays. «Nous avons besoin d'une académie de la langue espagnole au Maroc», a-t-il affirmé, rappelant que plus de sept millions de Marocains parlent l'espagnol, soit davantage que dans certains pays où il est langue officielle, comme l'Uruguay ou la Guinée équatoriale. Un plaidoyer pour l'intégration hispanophone Docteur en philologie hispanique de l'université de Séville et responsable du département d'études hispaniques de l'université Abdelmalek Essaadi de Tétouan, M. El Fathi a rappelé que le Maroc compte déjà un académicien siégeant à la Real Academia Española, le professeur Hossain Bouzineb. Il estime que «l'espagnol du Maroc doit être reconnu comme une autre communauté parmi les 600 millions d'hispanophones du monde». Il a également exprimé son souhait que le pays rejoigne l'Association des académies de la langue espagnole qui réunit déjà celles d'Amérique latine. L'arabe dans la langue espagnole Pour l'universitaire, l'héritage linguistique plaide en faveur de cette reconnaissance. «Il y a plus de dix mille vocables d'origine arabe dans la langue espagnole, donc celui qui parle espagnol parle aussi arabe», a-t-il souligné. M. El Fathi, qui enseigne à plus de 600 étudiants de licence, de master et de doctorat, constate que 40 % des Marocains maîtrisant l'espagnol l'emploient dans la vie quotidienne, ce qui renforce, selon lui, la légitimité de la revendication. Une poésie universelle Auteur d'un récent recueil de haïkus intitulé Volver a Tétouan, présenté à Panama, il a récité plusieurs poèmes devant le public de la foire, en évoquant sa volonté de tisser une poésie «universelle», nourrie aussi bien de la tradition espagnole que des voix latino-américaines. «La richesse de l'espagnol est très présente au Maroc, au point que nous écrivons directement dans cette langue», a-t-il déclaré, rappelant que l'espace marocain de la FIL expose les œuvres de quarante auteurs en espagnol et plus de cent vingt ouvrages. Sous une pluie tropicale à Panama, l'écrivain a offert ses vers, affirmant une conviction: «Le mot espagnol, qu'il soit d'Espagne, du Maroc ou d'Amérique latine, est toujours un pont qui relie les âmes».