Le ministère de l'Agriculture, du Développement rural et des Pêches maritimes met en œuvre un programme d'accompagnement pour prévenir les effets déjà perceptibles du déficit pluviométrique. Le contexte actuel étant plutôt à l'inquiétude face au retard enregistré dans la pluviométrie. Un programme national d'urgence pour le sauvetage et la protection du patrimoine de cheptel est en cours de mise en œuvre par les pouvoirs publics. C'est ce qu'a annoncé, le 10 janvier, Mohand Laenser, ministre de l'Agriculture, du Développement rural et des Pêches maritimes. Ce programme, censé permettre d'atténuer les effets d'une éventuelle vague de sécheresse, est à la fois ambitieux, compte tenu de la mobilisation en ressources logistiques, matérielles et humaines qu'il implique, et réaliste eu égard aux difficultés à gérer dans sa mise en œuvre, le contexte actuel étant plutôt à l'inquiétude face au retard enregistré dans la pluviométrie. Ce programme de crise, tel qu'il a été annoncé par le Département de l'Agriculture, comprend notamment un important volet d'assistance financière car il prévoit la prise en charge par le gouvernement des frais de transport des aliments destinées à la nourriture du bétail. Il comprend aussi un volet logistique lié à la mobilisation de camions-citernes qui seront affectés aux opérations d'approvisionnement en eau du bétail dans les zones rurales concernées par le programme d'urgence. Le ministre de l'Agriculture a également évoqué la nécessité d'un «renforcement des moyens de protection de la santé du cheptel, ainsi que l'exécution d'un important programme de cultures printanières». La précarité du quotidien des paysans, dans certaines zones rurales du Royaume, préoccupe de plus en plus les pouvoirs publics, d'autant plus que les précipitations de pluie sont nettement en retard, cette année, par rapport au calendrier habituel de la saison agricole. D'ailleurs, la plupart des spécialistes s'accordent à penser que la mi-janvier est un cap critique au-delà duquel il faudrait craindre une «année blanche» en termes der productivité et de rendement. En effet, selon les observateurs de la chose agricole au Maroc, la saison pourrait bien être sérieusement compromise si la pluie ne se manifeste pas dans les prochains jours. Les barrages, sur lesquels beaucoup d'espoirs semblent actuellement être fondés, ne doivent surtout pas induire en erreur : leurs retenues, fruit d'une généreuse pluviométrie survenue l'année dernière, ont permis un taux de remplissage oscillant entre 40% et 50% selon les régions. Tout se jouera dans les jours à venir Mais ces réserves en eau ne sauraient suffire à combler le déficit de cette saison, déjà bien inquiétant. De surcroît, l'absence de pluies, à ce stade crucial de la saison agricole, signifie que les niveaux de retenues dans ces mêmes barrages seraient médiocres, selon les standards ordinaires, et ne pourraient étayer que très faiblement les efforts à déployer, au cours de la prochaine saison agricole. Autant dire que le plus dur est encore à venir, les stratégies d'irrigation n'étant que partiellement efficaces. C'est dans ce contexte de morosité que les pouvoirs publics entendent circonscrire les dégâts par des mesures préventives en direction des petits agriculteurs. De fait, les services compétents relevant du Département de M. Laneser, comptent se charger du «suivi quotidien et régulier de l'évolution de la situation agricole dans le but de prendre les décisions appropriées en cas de développement défavorable», déclare-t-on auprès du ministère de tutelle. Pour mieux expliciter les paramètres de l'actuelle saison agricole, Mohand Laenser a présenté un exposé sur l'état des lieux de la situation présente en rappelant que l'amorce de l'actuelle campagne a été menée sous le signe de la difficulté climatique. Le déficit, selon le ministre, serait cette de près de 44% par rapport à la moyenne habituelle. Autrement dit, le manque à gagner, en termes hydriques, est déjà deux fois plus important. Raison de plus pour prendre les devants avec des actions d'accompagnement inscrites dans ce programme national d'appui aux fellahs et aux éleveurs. Des actions autant économiques que sociales, le but étant d'alléger autant que possible le stress qui pèse sur la campagne marocaine, productrice de blé, de légumes, de fruits et de bétail et donc principale contributrice au PIB du Royaume. L'indicateur agricole avoisine, en effet, les 20% du PIB économique général. Cela n'en rend le poids de l'agriculture que plus pesant dans les agrégats de production généraux du Royaume. Cela donne, surtout, la (dramatique) mesure de la dépendance du pays vis-à-vis du… ciel !