Hassan Khattab, l'émir auto proclamé de la cellule Ansar Al Mahdi, présente un profil assez particulier à la limite de la déraison. Les autres membres de la cellule présentent eux aussi des profils spécifiques. Ils ont été laissés facilement endoctriner par Khattab qui avait déjà en prison, réussi à tester son don de soi-disant guérisseur miracle. Portrait. Hassan Khattab, alias Abou Oussama, est né à El Jadida le 28 juin 1973, marié et père de deux enfants. Malgré son niveau d'instruction modeste, comme la majorité des salafistes jihadistes, il a dévoré les écrits des théoriciens du salafisme en Orient. Le reste, a été comblé par les cassettes audio et CD des prédicateurs intégristes. Il commence sa vie par des petits boulots, devient commerçant spécialisé dans la vente d'épices en détail. Ensuite, il ouvre un magasin à Hay Rahma pour la réparation de téléphones portables. Dans ce quartier de la zone industrielle de Salé, se mêlent délinquants, dealers et intégristes. Khattab essaye de tirer profit de cette situation, en faisant de la prédilection dans les mosquées informelles à Dar El Hamra, Hay Inbiâat et Douar Cheikh Mfadal, des quartiers périphériques de Salé. À la veille des attentats du 16 mai de Casablanca, Khattab faisait partie de la cellule dite de Salé. Les membres de ce réseau jugés à l'automne 2003, se rencontraient dans des mosquées clandestines et organisaient des sorties à la forêt de Maâmoura. Selon l'acte d'accusation, le groupe s'adonnait à des entraînements paramilitaires. Pour Khattab, les sorties en forêt entraient dans le cadre d'opérations de recueillement et de spiritualité. Dans la prison d'Outeta dans la région de Sidi-Kacem et puis à Salé, Hassan Khattab, avait continué à prêcher ses idées radicales concernant la société et le régime. Il a été gracié en 2005 comme Abdelfettah Raydi, qui s'est fait exploser au cybercafé de Sidi Moumen. Hassan Khattab avait réussi à organiser la première grève de la faim des détenus salafistes à Outéta du 22 décembre 2004 au 5 janvier 2005. Un mouvement similaire suivra dans toutes les prisons du Maroc où étaient incarcérés ses paires. Après sa sortie de prison, il s'installe à Casablanca et travaille dans une téléboutique. Il a pu ensuite attirer la sympathie des détenus salafistes en réalisant deux CD où il évoque les tortures qu'il aurait subies en prison. Après quelque temps, il retourne à Salé où il ouvre une école coranique pour enfants tout en s'adonnant à la vente de plantes médicinales. Une activité qui le mène à rencontrer plusieurs de ces «victimes» dont quatre femmes qui auraient financé les activités de la cellule. Il avait promis à Iman Bensaid de lui concocter une formule pour enfanter, chose qu'elle n'a jamais pu avoir. 300 ans de prison ferme… Le 4 janvier dernier, la Chambre criminelle chargée des affaires de terrorisme près la Cour d'appel de Salé a condamné, à 25 ans de prison ferme Hassan El Khattab, chef de la cellule Ansar El Mahdi. Celui-ci a été reconnu coupable de «constitution d'une bande criminelle dans le but de préparer et commettre des actes terroristes visant à porter atteinte grave à l'ordre public», «collecte et gestion de fonds pour financer des actes terroristes», «appartenance à une association non autorisée» et «réunions publiques sans autorisation». Le numéro 2 de la cellule, Yassine El Ouardini ancien militaire, a été condamné à 20 ans de prison ferme pour les mêmes chefs d'inculpation. La Cour a, par ailleurs, prononcé des peines allant de 2 ans à 15 ans de prison ferme à l'encontre des autres prévenus dans le cadre de cette affaire. Ainsi, la Cour a condamné à 15 ans de prison ferme, trois prévenus, (Mohamed Benayad, Hammadi Khalidi, tous deux imams d'une mosquée, et Taoufiq Oukaddi, ex-militaire), à 10 ans de prison ferme, cinq autres prévenus (Aziz Fekkak, Mouhcine Zouhri, Mohamed Lahbib -ex militaire-, Badr El Bouzrigui et Youssef Chaouni) et à 8 ans de prison ferme, quatre accusés (Bouchaïb Erraqi -ex gendarme-, Youssef Aamimi, Abdessalam D'bibegh et Mohamed S'hita). La Cour a également condamné à 6 ans de prison ferme Tarik Abderrahim, ancien officier de police à la DGSN, et à 5 ans de prison ferme, onze autres accusés, dont quatre femmes. Il s'agit de Zine El Abidine Chkiri, Hicham Wahel, El Houssine El Mbarki, Abdelkader Kabdi, Mohamed Sfar et Abderrahim Chakour deux ex-gendarmes, Mohamed Khallou El Mehdi, ex-militaire, Zahra Rhioui, Imane Bensaid, dentiste de son état, Amal Serraj et Amina Lemseffer. Six autres prévenus ont écopé d'une peine de 4 ans de prison ferme. Il s'agit de Bousselhame Benferraj -ex militaire, Bouchaib Najah Idrissi, Mostafa El Hini, Ahmed Baami, Ridouane Jebbouri et Aziz Chekroun, alors que les accusés Abdelghani Khaless et Samir Chami ont été condamnés à 3 ans de prison ferme. De même, la Cour a condamné 13 prévenus : Elbriki Taoufikallah, Ahmed El Mtai, Nabil Beloqda, Amine Oulad Ammar, Aziz El Batbouti, Ahmed El Malki, Abdellah Ahram, Mohamed El Abdellaoui, Mohamed Leksir, Nasser Benhammad, Abderrahman El Feriati, Mohamed Oussaoui, tous deux ex-militaires et Fouad Cherkaoui, ancien gendarme. La Cour a d'autre part décidé l'acquittement de Hicham Rhioui. Les femmes d'Ansar Al Mahdi Les quatre femmes d'Ansar Al Mahdi ont un profil assez particulier. Elles appartiennent toutes à la classe aisée, deux d'entre elles sont des femmes de pilotes de la RAM, l'une d'elles est la fille d'un professeur en médecine à Casablanca. Elles ont été accusées d'avoir participé au financement des projets terroristes de Hassan Khattab et de la cellule Ansar Al Mahdi. Iman Bensaid, dentiste de son état et épouse d'un pilote de la RAM, avait fait un don de 60.000 DH en faveur de Khattab, destiné à l'aider à se faire opérer du cœur. Amina Lemseffer, était accusée d'avoir été complice du projet. Elle serait intervenue auprès d'Imane Bensaïd pour demander de l'argent supposé financer «l'opération chirurgicale» de Khattab. Amal Serraj et «Oum Saâd», Fatima Zahra El Rehioui de son vrai nom et épouse d'un pilote de la RAM, auraient avancé la somme de 150.000 DH à Khattab pour le financement de son «opération chirurgicale». L'argent, était, selon l'accusation, destiné à financer un projet terroriste. Des accusations rejetées par les suspectes et leurs familles qui avaient eu recours aux ténors du barreau de Rabat et Casablanca. Finalement, elles ont été condamnées à cinq ans de prison ferme.