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Le palais Mokri de Fès : Un chef-d'œuvre en péril
Publié dans La Gazette du Maroc le 15 - 02 - 2008

Curieuse destinée que celle de ce palais Mokri. Aujourdhui, en quasi décrépitude, c'est pourtant de l'une des plus belles demeures de la ville d'où a été lancé, en 1980, l'appel de l'Unesco pour la sauvegarde de la ville de Fès, par le directeur de l'époque, Mahtar M'Bou.
C'est que pour tout compliquer, ce palais est le second du nom. Celui de Taïeb El Mokri, fils du grand vizir Mohamed El Mokri, et lui-même ministre des Finances sous le règne de Moulay Hafid jusqu'en 1912, puis Pacha de Casablanca avec l'avènement de Mohammed V, de 1927 à 1949.
Quand on se promène dans la médina, dans le quartier Ziat, on tombe presque immédiatement sur le palais Mokri… Mais celui du père. Répertorié, annoncé, balisé, gardé : il est de tous les circuits, de tous les guides.
Le palais de Taïeb ? Inconnu au bataillon des innombrables guides de la ville. Le CRT de Fès annonce même sur son site (sans davantage d'explication) que le palais «a été vendu». A qui ? Quand ? Combien ? à ces questions, il n'y a pas de réponse puisque le palais appartient toujours aux sept héritiers mâles de Taïeb Mokri.
Taïeb Mokri dérange encore par-delà sa mort ?
Taïeb a de la race. Pour son époque, il incarne une modernité absolue. Son palais n'est-il pas la première demeure patricienne de la ville à avoir l'électricité produite par des turbines installées sur les hauteurs de l'immense propriété qui jouxte encore aujourd'hui le palais. Rien moins que 20.000 m2 de bonnes terres… en plein centre-ville. De quoi faire des envieux, dans l'innombrable armée des faux amis et véritables rapaces qui fondent sur la ville.
Un musicien et mélomane averti
Dans son palais, Taïeb installe également un salon de musique pourvu d'un piano à queue… dont il joue. Rarissime à l'époque. D'ailleurs, ses six épouses sont toutes des musiciennes. Comme il est aussi homme d'histoire, il ne se détourne pas de la musique andalouse qui a bercé son enfance. Dans un autre salon de musique, il fait installer un savant système de canalisations gérées par l'hydraulique, pour que toute personne se trouvant dans n'importe quelle pièce de la demeure entende les instruments.
Côté confort, il installe, là aussi, le premier dans la ville, des sanitaires, salles de bains et multiples lave-mains… importés d'Allemagne et fonctionnant à l'eau courante descendant des hautes terres. Celle qui alimente déjà les turbines. La quantité incroyable de fenêtres qui éclairent -et cachent aussi- les pièces sont pourvues de vitres en cristal coloré, importées de Murano.
Fin du fin de la modernité, il possède son propre laboratoire photographique et aurait (dit-on) photographié toutes les scènes de la vie familiale. Et même les plus intimes. Avant sa mort : prudence, prémonition, peur du scandale, il détruit toutes les plaques. Quelques rares plaques subsistent en possession de la famille qui montrent sagement rangées en rang d'oignons, ses six épouses…
Imbroglio juridique
Avec un tel homme à la tête d'un tel chef-d'œuvre, on peine à croire aujourd'hui à l'invraisemblable imbroglio juridique qui entoure cette maison.
Pour «rentabiliser, ne serait-ce que l'entretien», la famille a utilisé tous les moyens…, même ceux qui prêtent le flanc à la juste critique. Chacun sait dans la médina, que moult mariages se sont déroulés dans ces murs. Jusque-là rien à dire. Sauf que les héritiers ont
«oublié» de faire les choses dans les règles et aujourd'hui, ils se voient réclamer des fortunes par le fisc qui remontent à 5 ans… puisqu'aucune comptabilité n'a jamais été tenue.
Depuis quelques mois, une Française «tombée en amour» de la ville et surtout du palais Taïeb Mokri, gère «comme [elle] peut» les improbables destinées d'une incroyable maison.
L'an dernier, la cérémonie des Caftans s'y est déroulée. L'organisation de l'événement a omis de payer la location des lieux. Ils n'ont, bien sûr, pas remplacé non plus, les zelliges abîmés…Vieille habitude des habitants de la planète communication semble-t-il !
L'organisation d'une sorte de rêve party (oh bien sage), a rapporté quelques milliers de dirhams, mais en a coûté davantage encore. Les chers petits n'ayant pas eu tellement conscience que ce lieu, certes impressionnant, est en fait une petite chose fragile.
2.000 m2 au sol (6.000 habitables) en stucs, zelliges, marbre et cèdre sculpté, cela ne s'entretient pas comme ça.
Le cinéma international a souvent utilisé les lieux, mais n'a pas versé un sou, puisqu'il négociait un «échange de marchandises en restaurant les parties que l'on voit à l'écran». Chacun se souvient du «Joyau du Nil» avec Michael Douglas et de «L'homme qui valait des milliards» dans lequel le réalisateur Michel Boisrond situait une bonne moitié de son film.
Aujourd'hui, même les arrosages quotidiens en hiver et bi-quotidiens en été, pour seulement entretenir la souplesse des zelliges, n'ont plus lieu, faute de moyens.
Faute de moyens encore, les turbines et toute l'installation sophistiquée qui parcourt les murs de la maison sont hors-service.
Alors quelle est la situation actuelle ?
«Catastrophique», déclare sans ambages, Cécile Houizot-Nanot. Les héritiers veulent vendre. Pour d'obscures raisons que même les héritiers ne connaissent pas, les Habous s'opposent à la vente. Le fisc réclame son dû avant toute vente. Vu le prix de l'immobilier à Fès, une telle bâtisse vaut entre 400 et 800 millions de dirhams lourds, sans compter au moins le double pour une réfection «historique». Et pour tout arranger, le temps passant, les héritiers mâles sont de plus en plus nombreux à concourir au futur partage du gâteau…
Une situation inextricable que l'Etat marocain, à l'heure où l'on célèbre le
1 200ème anniversaire de la capitale impériale, se doit de prendre à bras-le-corps, pour rendre enfin à tous les Marocains un bout de patrimoine universel de Fès.


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