Un drame a endeuillé le quartier Al Hassani, dans l'arrondissement des Mérinides à Fès, jeudi soir. Une maison de plusieurs étages, classée depuis 2018 comme « bâtiment à haut risque d'effondrement », s'est brutalement écroulée, ensevelissant ses habitants sous les décombres. Le bilan provisoire fait état de 9 morts et de 7 blessés. Les témoignages poignants recueillis sur place par Hespress FR révèlent une tragédie annoncée. C'est un homme marqué par le choc qui raconte sa soirée. « J'étais au café après le dîner, en train de boire mon thé. Quand je suis arrivé près du quartier, la maison s'était effondrée ». Il se souvient que son fils, qui était là l'après-midi, avait quitté les lieux peu de temps avant le drame. « Moi, en voulant rentrer le soir, tout était déjà par terre. La maison s'est effondrée sur mes voisins... ils sont morts », confie-t-il les yeux en larmes. Pour lui, cette tragédie n'est pas une surprise. Cela fait des années que le danger est connu. « On a reçu un avis d'évacuation il y a trois ans. Et ça fait une plusieurs semaines que nos femmes demandent à l'arrondissement d'envoyer un architecte. Le caïd est venu, il nous a promis une solution. Mais on est pauvres... On n'a ni de quoi louer, ni de quoi acheter », dit-il. Un autre habitant du quartier, ancien résident de la bâtisse effondrée, renchérit. Il y a vécu pendant trois décennies avant de prendre la décision de la quitter en 2017. « Elle menaçait ruine. Un jour, le plafond est tombé au milieu de la maison. J'ai eu peur, j'ai quitté », confie-t-il, décrivant ainsi un immeuble en ruine, dont le sort était scellé depuis longtemps : « Ce n'est pas nouveau. Mais les gens ici n'ont pas les moyens ». Selon lui, même l'aide accordée par les autorités reste insuffisante. « On leur donne 60.000 dirhams... mais ils n'ont nulle part où aller. Louer à 1.000 ou 1.500 dirhams, c'est impossible. Les gens vivent au jour le jour ». Il s'inquiète aussi pour les autres bâtiments du quartier : « Ce n'est pas juste cette maison, tout le quartier est touché ». Sur place, des jeunes du quartier racontent la scène d'horreur. « On a couru quand on a appris l'effondrement. Il y avait des morts. On a pu sauver un garçon qui était sorti faire des courses. Il était sous les décombres, il criait et faisait des signes. On l'a sorti. Mais ses parents et son frère, mon camarade de classe, sont morts », raconte l'un d'eux au micro de Hespress FR. Une maison signalée à risque depuis 2018 Interrogée par Hespress, la ministre de l'Aménagement du territoire national, de l'urbanisme, de l'habitat et de la politique de la ville, Fatim Zahra Mansouri, a confirmé que le bâtiment effondré était classé comme à « haut risque » dès 2018. « Les autorités ont alors engagé des procédures d'évacuation. Huit familles ont accepté de quitter les lieux, mais cinq autres ont refusé », a-t-elle expliqué. « Je ressens, comme tous les Marocains, une profonde tristesse suite à cet accident. Je présente mes condoléances les plus sincères aux familles des victimes », a exprimé la ministre. Enfin, Mansouri a insisté sur le fait que le classement de cette bâtisse comme dangereuse reposait sur des analyses techniques rigoureuses, et non sur une simple volonté administrative. Elle a rappelé que « des décisions d'évacuation avaient été émises dès 2018 sur la base de données scientifiques précises ». Il convient de rappeler qu'une fois le drame signalé, les autorités locales, la police et les services de la protection civile se sont immédiatement rendus sur les lieux pour mener les opérations de secours. Le périmètre a été sécurisé et les habitants des maisons voisines ont été évacués par mesure de précaution. Les blessés ont été transférés à l'hôpital régional El Ghassani pour recevoir les soins nécessaires, tandis que les recherches se poursuivent pour retrouver d'éventuels survivants ou corps encore sous les décombres. Ce drame soulève une nouvelle fois la question des bâtiments menaçant ruine au Maroc, particulièrement dans les quartiers populaires où les habitants n'ont ni les moyens de rénover, ni de se reloger. Un problème structurel qui appelle des réponses urgentes, au-delà des simples constats.