Entre Doha et Koweït-city, les dirigeants Arabes ont fait la démonstration non seulement de leurs divisions mais aussi de leur impuissance. Comme prévu, Israël a stoppé les massacres à Gaza avant l'investiture du nouveau président élu et a même retiré ses troupes avant que celui-ci ne prête serment. L'Etat hébreu l'a fait, sans accepter aucune initiative de compromis qu'elle soit Egyptienne ou Turque. Il laisse la balle dans le camp arabe et garde les mains libres pour l'avenir. En face la division était éclatante, même avant le déclenchement de l'agression barbare sioniste. L'Egypte et son clan ont vite fait de jeter l'opprobre sur le Hamas et sa rupture de la trêve, oubliant le blocus israélien et les assassinats ciblés des dirigeants de la résistance Islamiste. C'est cette résistance qui divise le Monde Arabe. Un groupe voudrait la museler au profit de Abbas et de son attitude conciliatrice en faveur d'un processus de paix en panne. De l'autre côté la Syrie et ses alliés considèrent que c'est la résistance sur le terrain qui pourrait infléchir les positions israéliennes. En filigrane, il y a bien sûr la proposition de paix Arabe. Celle-ci proposait le retour aux frontières du 4 juin 1967, avec reconnaissance mutuelle des deux Etats. A Beyrouth, elle avait été amendée pour inclure le droit au retour des réfugiés de 1948. Inacceptable pour «Israël» qui veut pérenniser l'épuration ethnique qu'elle a opérée. Que vaut le sang palestinien ? Ces divergences de fond ont empêché la tenue d'un sommet extraordinaire dès les premiers jours de l'invasion sioniste, ni la moindre position commune. Doha n'a pu finalement réunir que quelques Etats, avec la participation de non Arabes. Elle a cependant consacré le Hamas comme un interlocuteur incontournable, puisque c'est le chef de celui-ci qui a représenté la Palestine. Rupture des relations avec Israël et soutien à la résistance ont été les principales résolutions de cette réunion au sommet, non adoubée par la ligue Arabe. A Koweït-city, les réconciliations de façade n'ont pas enterré les divergences. Le communiqué final est vide. Voulant éviter les questions qui fâchent, il s'est borné à responsabiliser «juridiquement» Israël et à offrir des fonds pour la construction de Gaza. Les divisions palestiniennes sont maintenant inscrites dans le Monde Arabe. Les milliers de morts et de blessés n'ont servi à rien. Les jeux de leadership, les divisions dans la surenchère servent Israël et condamnent le peuple palestinien à d'autres martyrs. D'autant plus qu'il est clair maintenant que la question palestinienne n'est plus qu'une carte pour les puissances régionales. L'Iran ne fait plus mystère de ses ambitions et de son instrumentalisation du Hezbollah et du Hamas pour y arriver, en passant par une alliance solide avec la Syrie. Elle est derrière le camp dit de la résistance. L'Egypte et l'Arabie-Saoudite comptent sur l'Occident pour y résister. En s'accrochant à la promesse d'une paix dont l'Etat hébreu ne veut pas, en voulant diluer la représentativité du Hamas, en s'engageant à interdire le réarmement de celui-ci, ils pensent forcer l'Occident à faire pression sur Israël et à obtenir enfin une solution au rabais. Le jeu d'Israël est moins fluide, mais plus conséquent. Israël n'a plus d'interlocuteur palestinien indiscutable. Abbas passe pour son supplétif et n'a plus aucune crédibilité que ce soit à Gaza ou à Ramallah. Le Hamas est non seulement inacceptable pour Israël, mais aussi pour les capitales Arabes terrorisées par un rôle grandissant de l'Iran. Tout se passe comme si l'on oublie que le conflit est né de l'occupation et qu'aucune solution n'est envisageable sans le retour des réfugiés et le partage de Jérusalem, ce qu'Israël refuse même de négocier. Il y a un homme qui a la légitimité populaire, pour réunifier la représentation palestinienne et mener de sérieuses négociations de paix. Il s'appelle Marwane Barghouti, Israël le maintient prisonnier depuis 6 ans. C'est dire si cet Etat belliciste veut la paix.