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La montée en puissance de l'Iran
Publié dans L'observateur du Maroc le 28 - 01 - 2009

Indifférence? Impuissance? Chaque offensive israélienne en Palestine montre le fossé entre la plupart des Etats de la région et les opinions publiques arabes révoltées par les souffrances des Palestiniens et viscéralement solidaires du Hamas. Face à cela, les dirigeants arabes n'ont qu'une stratégie: afficher une solidarité avec les Palestiniens et veiller à ce que les manifestations en leur faveur ne dégénèrent pas, compte tenu de la colère et des frustrations accumulées par les populations. Ce souci est d'autant plus important que la plupart des pays arabes n'ont aucune envie de voir leurs propres oppositions islamistes renforcées par une victoire - fusse-t-elle symbolique - des islamistes du Hamas.
L'offensive israélienne contre Gaza n'aura pas changé cette donne.
Les divisions inter arabes à l'origine de la paralysie.
Il aura fallu plus de 1200 morts palestiniens pour qu'un «sommet d'urgence» convoqué après trois semaines de bombardements par le Qatar à Doha... avorte faute du quorum nécessaire et se transforme en une «réunion consultative» des plus radicaux ou supposés tels: Syrie, Soudan, Algérie... Alors que le siège de la Palestine restait vide, seuls dix chefs d'Etat ou leurs représentants ont assisté, aux côtés du chef en exil du Hamas Khaled Mechaal, à cette rencontre boycottée par les «poids lourds» arabes de la région, Egypte, Arabie Saoudite, Jordanie, qui estimaient suffisant le sommet économique prévu à Koweit les 19 et 20 janvier.
Les divisions interarabes, qui se sont étalées comme jamais, sont à l'origine de cette paralysie même si la solution du conflit israélo-palestinien n'est pas dans la main des dirigeants de la région. Ces derniers sont en effet partagés en deux axes: un courant radical, qui appuie «la résistance du Hamas», comme du Hezbollah libanais. Face à ce front du refus de circonstance réuni à Doha, un axe plus proche des Occidentaux, voire allié aux Etats-Unis (Arabie Saoudite, Jordanie, Koweit, Egypte, qui entend demeurer le principal médiateur international et ne pas laisser les gazaouis se réfugier dans le Sinaï de peur qu'il s'y développe un nouveau «Hamastan»), soutient le Fatah et Mahmoud Abbas ainsi qu'une solution négociée avec Israël et soupçonne Téhéran d'utiliser le Hamas pour renforcer son influence dans la région.
Et si tout le monde est d'accord pour condamner Israël, chaque camp relaye et appuie l'une des deux factions palestiniennes : le Hamas qui contrôle la bande de Gaza depuis 2007 et le Fatah de Mahmoud Abbas qui exerce son autorité sur la seule Cisjordanie.
Lutte d'influence entre Qatar et l'Arabie Saoudite
Le lancement de l'offensive israélienne a intensifié ce clivage et fait bouger les lignes. Ainsi, le Qatar -qui abrite pourtant des bases militaires américaines et a noué des relations avec Israël en 1996, prévoyant même de lui livrer du gaz - n'entend plus s'aligner purement et simplement sur la politique américaine. C'est vrai concernant l'Irak. Cela l'est plus encore s'agissant de l'Iran avec lequel Qatar doit entretenir de bonnes relations car sous les eaux territoriales des deux pays se trouve le plus grand gisement de gaz naturel au monde, la poche offshore du North Dome...Désormais donc, l'Emirat se positionne entre les deux axes arabes et mène une diplomatie très active, parrainant notamment le dernier accord interlibanais. Un activisme qui a créée une rivalité avec l'Arabie Saoudite.
Aussi feutrée soit-elle, cette lutte d'influence entre Ryad et Doha explique en partie le fiasco du sommet qui n'aura abouti qu'à la suspension des relations du Qatar et de la Mauritanie avec Israël et à la promesse de l'émirat de verser 250 millions de dollars pour la reconstruction de Gaza... Pendant ce temps, les vraies négociations pour arrêter les combats avaient lieu au Caire!
Faute d'avoir pu peser diplomatiquement sur le conflit, les Arabes vont d'ailleurs participer à cette reconstruction, les Saoudiens à hauteur de 1 milliard de dollars, les Koweitiens de 34 millions de dollars. Des décisions annoncées lors du sommet économique de Koweït, préparé depuis deux ans et rebaptisé «sommet de solidarité avec le peuple palestinien à Gaza»! Cette rencontre devait à l'origine examiner les moyens d'améliorer la coopération économique dans la région, les investissements arabes dans le monde arabe représentant moins de... 20% des investissements arabes aux Etats-Unis!
Peur de l'Iran et détérioration de l'axe stratégique Israël-Turquie
Ce sommet économique a-t-il amorcé un semblant de réconciliation alors que 21 députés koweïtiens, islamistes pour la plupart, y avaient décrété Mahmoud Abbas «indésirable»? Certes le roi Abdallah d'Arabie et le président égyptien y ont longuement rencontré leur homologue syrien Bachar al-Assad et l'émir du Qatar, tandis que Mahmoud Abbas y a appelé à un «gouvernement d'entente nationale qui organisera des élections législatives et présidentielle en Cisjordanie et dans la bande de Gaza», son mandat ayant expiré le 9 janvier...
Mais la fracture demeure, aggravée par la montée en puissance de l'Iran, principal soutien du Hamas et du Hezbollah libanais. En témoignent les déclarations du roi Abdallah d'Arabie qui a dénoncé «l'exploitation des divisions interarabes par ceux qui veulent réaliser leurs desseins régionaux» et de Hosni Moubarak qui a déploré que «certains pays arabes aient exploité la tragédie de Gaza pour une infiltration du monde arabe par des forces étrangères qui aspirent à y imposer leur hégémonie». Des allusions parfaitement claires à l'Iran et aux accusations lancées par son président Mahmoud Ahmadinejad à l'encontre de «certains pays de la région, musulmans et arabes, qui soutiennent ou tolèrent le génocide (de Gaza) en silence et avec un sourire de satisfaction».
En réalité, Gaza aura montré au grand jour une nouvelle configuration de la région où deux évolutions décisives ont lieu : la montée en puissance de l'Iran et la détérioration des relations entre Israël et la Turquie, les Turcs n'ayant guère apprécié que les Israéliens ne les préviennent pas de leur offensive. Le sommet avorté de Doha aura symbolisé cette évolution avec l'absence des deux grands pays arabes du Proche Orient - l'Arabie Saoudite et l'Egypte- et la présence comme «observateurs» de deux non arabes: l'Iranien Mahmoud Ahmadinejad et un représentant du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan.
Monde Arabe
Combien de divisions ?
jamal Rafiki
Dès l'entame de l'agression israélienne, la séparation nette s'est faite entre ceux qui acceptaient l'augure de l'élimination du Hamas et qui ont donc jeté la responsabilité sur le mouvement Islamiste, coupable à leurs yeux d'avoir rompu la trêve, et ceux qui soutiennent la résistance palestinienne et incriminent la stratégie Israélienne.
Hosni Moubarak a pris la tête du premier groupe. Jouant les ‘'bons offices',' il s'est immiscé dans les affaires palestiniennes en réintégrant Mahmoud Abbas dans le jeu. Il a enfin cherché à s'allier l'Europe et à raviver la proposition de paix arabe.
L'autre camp s'est trouvé un porte-parole étonnant : l'émir de Qatar. Celui-ci, pourtant pro-occidental, ayant des relations poussées avec l'Etat hébreu, a tenu une conférence au sommet hybride à Doha. Celle-ci a principalement abouti à la conclusion du soutien à la résistance et à la nécessité du retrait de la proposition de Beyrouth.
Nous sommes donc face à deux camps. L'un, dit ‘'modéré'', s'alignant sur les thèses occidentales, celle de la nécessaire ‘'garantie de la sécurité d'Israël '', considérant que l'Autorité palestinienne est le seul représentant du peuple palestinien et désireux de lier le retrait israélien à la fin des tirs de roquettes artisanales du Hamas. L'Egypte et l'Arabie Saoudite, jouant aux chefs de ce clan, ont choisi de boycotter Doha et de se suffire du sommet de Kuwait-City, un sommet économique rappelons-le.
L'autre camp, celui de ‘'la résistance'', condamne l'agression, soutient les factions armées et ne croit plus au processus de paix.
Quid du Hamas ?
‘'Israël'' joue à la perfection sur ces antagonismes. Elle a préféré un cessez-le feu unilatéral à tout accord passant par une partie arabe. La garantie contre le trafic d'armes, elle a préféré l'avoir... des USA.
L'Etat hébreu signifie clairement qu'il ne veut pas d'un accord, même indirect, avec le Hamas. Or la guerre, non seulement n'a pas détruit le Hamas, mais elle a même renforcé son aura. Au sommet de Doha, Khaled Mechaâl, a été intronisé représentant, sinon du peuple palestinien du moins des populations de Gaza.
Sur le terrain, on ne peut imaginer le retour de Abbas à Gaza, protégé par les chars israéliens. La division palestinienne est pérennisée aux dépens d'un Mahmoud Abbas, dont les choix ont été décrédibilisés par l'Intransigeance Israélienne. Les divisions du monde dit arabe, le rôle joué par le Caire face à la crise humanitaire à Gaza, rendent ce schisme structurel. En dénonçant ces divisions et leur impact sur la question palestinienne, le Roi du Maroc a fait un constat juste.
D'autant plus que l'Iran et, plus surprenant, la Turquie ont marqué les événements, en ralliant, sinon en impulsant le ‘'camp de la résistance''.
L'avenir de la région est sombre. L'autorité palestinienne est un interlocuteur délabré, sans réelle représentativité à Gaza. Le Hamas et son jusqu'au-boutisme ne sont pas acceptés par l'Occident. La bonne question est de savoir à qui profite cette situation ? En tout cas, pas à un peuple, occupé, assiégé, bombardé à volonté, comme l'est le peuple palestinien. Le jeu de leadership n'apporte rien à ce peuple. La paix s'éloigne chaque jour un peu plus, parce que depuis Madrid, l'Etat d'Israel n'a pas cédé un pouce.
Entretien Samantha Ravitch, conseillère adjointe de Dick Cheney pour la sécurité nationale à la maison blanche
Propos receuillis par A.Charai
Il semble que l'attaque sur Gaza est intervenue au moment où les forces démocratiques palestiniennes étaient sur le point d'assurer le désarmement du Hamas. Qu'en pensez-vous ?
Je ne suis pas d'accord. Je ne vois aucune preuve de ce que vous dites. La réalité est que non seulement le Hamas est en train de se renforcer et devenir plus puissant à Gaza, grâce à l'argent et aux capacités iraniennes, mais il se renforce également en CisJordanie. J'ai entendu aussi bien chez les Palestiniens de CisJordanie que chez les Israéliens que si l'armée israélienne abandonne Gaza, le Fatah tomberait dans les mains du Hamas en quelques jours.
Qu'est ce qui peut être fait alors ?
D'une manière ou d'une autre, Israël, en coordination avec les Arabes qui reconnaissent que le Hamas est devenu la version sunnite du Hezbollah, doit œuvrer pour le chasser de Gaza et le disperser quelque part.
Ce n'est certes pas facile. Comment peuvent-ils s'y prendre ?
Il est possible de renforcer le Fatah. Y a-t-il une autre entité palestinienne qui reconnaît les droits d'Israël d'exister que la communauté internationale peut aider et promouvoir ? C'est avec une grande amertume que je reconnais que le modèle n'est pas celui du “14 mars” libanais qui a été le véritable support de ce mouvement.
Israël pourrait-il occuper à Gaza ?
La dernière chose que voudrait ou dont aurait besoin Israël c'est de rester à Gaza. Je ne suis pas sûre de son plan. J'imagine qu'il s'agit de faire taire le Hamas pour deux ou trois ans, détruire une partie du leadership et les armes iraniennes et après retourner en Israël. Seulement, avoir à le faire dans quelques années est horrible pour les deux parties.
Le jeu des Arabes
HAKIM ARIF
Pour le Roi Mohamed VI, "ce qui complique encore plus la situation, c'est le refus obstiné d'Israël de mettre un terme à ce conflit lancinant sur la base des résolutions de la légalité internationale et l'initiative de paix arabe, laquelle admet le principe d'établir des relations normales avec Israël en échange de son retrait total de tous les territoires arabes occupés". Voilà pour Israël. Quant aux pays arabes, ils doivent savoir que dans une «conjoncture aussi délicate, les formalismes de bon aloi et les professions de foi ne sont plus de mise. La situation exige plutôt un engagement effectif et une fermeté résolue dans l'application de la légalité internationale». Pour les uns comme pour les autres, la légalité internationale devrait être la dernière référence, le dernier recours ce qui n'est pas le cas. Israël a toujours méprisé les résolutions onusiennes, les pays arabes ont toujours fait le minimum syndical juste pour montrer aux populations arabes excédées que leurs gouvernants font quelque chose. D'où la grande division des pays arabes qui se sont déchirés sur une question de sommet urgent. L'était-il d'ailleurs? Se réunir à Doha au Qatar dans un sommet spécialement dédié à la cause palestinienne ou se contenter d'insérer la question dans l'ordre du jour du sommet économique arabe prévu il y a deux ans déjà? Le monde arabe a semblé crouler sous le poids de ce dilemme. Entre temps, le pouvoir des pays arabes se contracte. Pour Abdellah Saaf, politologue, directeur du centre d'études et de recherches en sciences sociales, les dissensions au sein des Etats arabes affaiblissent le pouvoir de négociation de la région et en particulier la résistance palestinienne.
Divisions
Le politologue estime alors que si les pays arabes étaient assez solidaires, ils auraient pu imposer leur point de vue. En lieu et place de quoi, de nouveaux centres d'influence se constituent actuellement dans la région avec la percée iranienne. A qui profite donc cette situation de division ? A Israël. Pour l'ancien ministre des droits de l'homme Mohamed Aujjar «la divergence des positions arabes sur des questions secondaires est mise à profit par Israël pour poursuivre son agression contre des innocents dans les territoires palestiniens". Même sentiment chez les chefs politiques. Selon le secrétaire général du Mouvement Populaire (MP), Mohand Laenser, les pays arabes ne sont pas parvenus à se mettre d'accord sur la tenue d'un Sommet, au moment même où l'agression israélienne contre la bande de Gaza est arrivée au vingtième jour causant plus d'un millier de martyrs parmi les fils du peuple palestinien. Il faut donc une position ferme comme le suggère Abdelilah Benkirane le secrétaire général du Parti de la Justice et du Développement pour qui « la décision de SM le Roi de ne pas assister personnellement aux Sommets arabes de Doha et de Koweït reflète de manière sincère la situation arabe déplorable. Le commentaire du secrétaire général du Parti du Progrès et du Socialisme, Ismaïl Alaoui, a souligné que la position royale fait une radioscopie fidèle de la situation arabe actuelle marquée par la division. C'est ainsi que Abbas El fassi le secrétaire général du Parti de l'Istiqlal estime que, s'agissant de la cause palestinienne, le Maroc a "la conscience tranquille".
«L'implication grandissante de l'Iran dans les questions arabes obéit à une logique iranienne»
Mhammed GRINE, Responsable des Relations Internationales du PPS
Propos recueillis par Hakim ARIF
L'Observateur Selon vous qui peut être considéré comme gagnant dans la guerre en Palestine ?
Mhammed Grine Nous ne sommes pas dans le cas d'une guerre classique pour pouvoir parler de vainqueur. Il s'agit plutôt d'une opération lancée par Israël et dont les résultats doivent être mesurés à l'aune des objectifs fixés et les perdants seraient les dirigeants israéliens car les objectifs qu'ils se sont fixés n'ont pas été atteints. Et comme l'a écrit le journal El Pais, «Israël augmente le coût politique qu'il paiera par ces trois semaines de mort et de destruction».
L'autorité palestinienne de Mahmoud Abbas est très critiquée. Est-ce à raison ou à tort?
L'autorité palestinienne a été effectivement très critiquée pendant l'agression israélienne contre la bande de Gaza. Mais à l'issue de cette agression, de nouvelles perspectives sont ouvertes pour le dépassement des querelles intestines palestiniennes. Ismaël Hania a été très constructif en appelant à rentrer immédiatement dans un processus de réconciliation entre Palestiniens.
Comment la Ligue arabe est-elle perçue, surtout après les sommets successifs de Doha, Ryad et Koweït?
La Ligue arabe est effectivement de plus en plus perçue comme une organisation inopérante, voire inutile, car elle n'a même pas pu tenir son sommet, alors que l'agression israélienne a duré plus de trois semaines. Il est donc temps de réfléchir sérieusement et profondément à une réorientation, voire une refonte, de l'organisation panarabe. Le développement des liens commerciaux en vue d'une intégration économique progressive constituerait, à notre avis, une bonne base pour bâtir une stratégie politique arabe commune. Une démarche évolutive et tenant compte de contraintes de chaque pays arabe, dans une approche «gagnant - gagnant», serait à notre sens la plus appropriée.
L'intervention de l'Iran dans un sommet arabe est-elle logique selon vous?
L'implication grandissante de l'Iran dans les questions arabes obéit à une logique iranienne claire qui vise à renforcer ses liens stratégiques dans la région pour constituer un front commun avec certains pays et organisations arabes. La dimension religieuse est reléguée au second plan dans la stratégie de l'Iran qui s'allie à la Syrie dont le parti au pouvoir ne cache point ses penchants laïques et qui soutient des organisations sunnites, ne se limitant pas aux courants chiites qui restent très minoritaires dans le monde arabe.
Quelles seront les conséquences d'une division arabe?
Les divisions arabes existaient depuis toujours et l'agression israélienne n'a fait que les dévoiler au grand jour, mais l'échec d'Israël quant à la réalisation des objectifs de son opération a créé des conditions nouvelles à même de favoriser le dépassement de ces divisions. De plus, une réconciliation palestinienne rendrait réelles les possibilités de la mise en place d'une stratégie arabe commune. La décision du Souverain de ne pas participer personnellement aux sommets de Doha et de Koweït est une volonté de ne pas rentrer dans des querelles stériles, tout en s'attachant aux questions arabes centrales, comme la question palestinienne qui est hissée au rang d'une cause nationale au Maroc, qui a démontré tout au long de l'agression israélienne une solidarité exemplaire.
«L'Iran est aujourd'hui une puissance incontournable avec laquelle les USA vont traiter».
Karim Emile BITAR, Chercheur associé à l'Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS)
Propos recueillis par Mohamed Semlali
L'Observateur Assiste-t-on aujourd'hui à une «guerre froide» interarabe ?
Karim Emile BITAR C'est bien durant la guerre de Gaza qu'on a pris la pleine mesure les ravages de cette «guerre froide arabe» qui couvait depuis plusieurs années. Les positions des deux camps semblent en effet antinomiques. Les pays arabes pro-américains, que la presse occidentale appelle les «modéré», (Egypte, Jordanie, Arabie Saoudite…) ont aujourd'hui pour objectif principal, l'endiguement de l'Iran, qu'ils accusent de vouloir étendre son influence du Golfe persique jusqu'au bassin méditerranéen. C'est le roi de Jordanie qui fut le premier à agiter le spectre du «croissant chiite». Le régime iranien fut en effet le seul bénéficiaire de l'invasion américaine de l'Irak.
Aujourd'hui débarrassé de ses deux ennemis historiques et traditionnels, les talibans à l'Est et le Baas irakien à l'Ouest, l'Iran souhaite poursuivre sa montée en puissance en apportant un soutien politique, militaire et financier aux chiites irakiens, à la Syrie de Bachar el Assad, au Hezbollah libanais et au Hamas. Voyant cet axe se constituer, l'administration américaine s'est efforcée de mobiliser ses alliés arabes et de les entretenir dans un climat d'hostilité envers l'Iran. On se souvient des voyages de Condoleeza Rice et des réunions et sommets qu'elle a organisés avec les «arabes modéré» pour contrer l'influence iranienne. Cet affrontement entre les deux axes régionaux était donc en partie entretenu par les politiques de l'administration Bush. Pour cette raison, il n'est pas exclu, il est même probable, que le changement d'administration aux Etats-Unis permette une détente régionale et une esquisse de réconciliation interarabe.
Ce n'est pas un hasard si c'est le jour même où George Bush a quitté le pouvoir que le roi Abdallah d'Arabie Saoudite a pris l'initiative d'un rapprochement avec la Syrie, a tenu des propos très conciliants, et a souhaité qu'après cette guerre de Gaza, on tourne cette page des divisions interarabes. Ce surprenant discours du roi saoudien Abdallah lors du sommet arabe du 19 janvier à Koweït, marque peut-être un tournant. Pour ce qui est de l'avenir, tout dépendra du déroulement des négociations irano-américaines qui vont bientôt s'ouvrir. Si l'Amérique et l'Iran réussissent à mener à bien leur «grand marchandage» sur la question nucléaire, sur l'avenir de l'Irak et sur les problématiques libanaise et palestinienne, nous assisterons à une détente régionale. Si, par contre, les négociations échouent, la guerre froide régionale reprendra de plus belle.
L'Iran et la Turquie redeviennent des acteurs majeurs sur la scène arabe, notamment sur la question palestinienne qui échappe aux Arabes en définitive ?
Non seulement elle échappe au monde arabe, mais certains analystes vont jusqu'à dire que nous assistons aujourd'hui à une «dé-palestinisation» de la cause palestinienne, qui devient un champ d'affrontement entre les deux axes ci-dessus évoqués. Comme le Liban, la Palestine devient une caisse de résonance des conflits régionaux. Et cela est extrêmement nocif et permet à Israël de proclamer, comme l'a fait Tzipi Livni la semaine dernière, que le conflit n'est plus un conflit israélo-palestinien, mais qu'il s'agit d'un conflit régional entre «extrémistes» et «modéré». En présentant les choses de cette manière, on occulte la question de fond, le conflit territorial, et on peut donc éviter de parler de l'occupation, des colonies dont le nombre ne cesse de croître, du statut final de Jérusalem, de la question des réfugiés… Toutes ces questions cruciales se retrouvent noyées dans un conflit supposé entre l'Occident et l'islam. Les amis de la question palestinienne se doivent de constamment rappeler qu'il s'agit d'un conflit territorial qui ne peut trouver sa solution que dans l'application du droit international, et non pas d'un conflit théologique entre le «bien» et le «mal», entre les «Lumières» et les «ténèbre». Eviter que ne se propagent en Occident ces visions binaires et biaisées sera le principal défi des années à venir.
Quand à la montée en puissance de ces deux puissances non-arabes que sont l'Iran et la Turquie, elle est incontestable. L'Iran est désormais une puissance incontournable et les Etats-Unis seront contraints de traiter avec l'Iran s'ils souhaitent sortir du bourbier irakien et débloquer les crises au Liban et en Palestine. En outre, l'une des conséquences les plus importantes de la guerre de Gaza a été le refroidissement des relations turco-israéliennes, lesquelles faisaient la fierté des néo conservateurs américains. Erdogan a tenu des propos très durs envers Israël, beaucoup plus fermes que ceux des dirigeants arabes. Erdogan s'est senti trahi par Olmert qui ne l'avait pas informé de ses intentions. La Turquie, il faut le rappeler, était l'intermédiaire dans les négociations de paix israélo-syriennes, qui sont aujourd'hui totalement remises en cause. Si la tension entre la Turquie et Israël persiste, et si les relations entre ces deux pays ne reviennent pas à ce qu'elles étaient, il s'agirait d'un bouleversement majeur dans la géopolitique moyen-orientale.
Quel rôle peuvent jouer L'Egypte et l'Arabie aujourd'hui?
Le régime égyptien et la monarchie saoudienne sont dans une position très inconfortable car ils doivent maintenir leurs excellentes relations avec les Etats-Unis sans que leurs opinions publiques ne se révoltent et sans que leur image dans le reste du monde musulman ne se dégrade trop. Depuis les accords de Camp David de 1977, l'Egypte reçoit annuellement une aide américaine qui dépasse les 2 milliards de dollars. Quant à l'Arabie Saoudite, le pacte scellé en 1944 avec les Etats-Unis, sur la base «pétrole contre sécurité» (je simplifie mais c'est l'essentiel) demeure en vigueur. S'étant sentie dans le collimateur après le 11 septembre 2001, car plusieurs des terroristes avaient la nationalité saoudienne, l'Arabie Saoudite a depuis donné encore plus de gages aux Etats-Unis et a donné l'impression d'être alignée sur les positions américaines. Par ailleurs, l'Egypte et l'Arabie Saoudite commencent à se rendre compte que les tentatives de jouer sur les divisions communautaires et sectaires entre sunnites et chiites sont à la fois dangereuses et inutiles. Dangereuses car elles ouvrent une boîte de Pandore et que les conséquences à long terme peuvent être explosives. Inutiles parce que les sondages ont montré qu'en dépit des campagnes d'incitation sectaire et des propos de certains ulémas, les opinions publiques dans les pays sunnites continuaient de considérer qu'Israël, et non l'Iran, était leur principal ennemi. Le chiite Hassan Nasrallah demeure populaire dans l'Egypte sunnite, même s'il a perdu un peu de son halo après que le Hezbollah se soit empêtré dans la politique intérieure libanaise, et après son récent discours incitant les égyptiens à la révolte. Pendant la guerre contre Gaza, le refus de l'Egypte d'ouvrir le passage de Rafah l'a rendue impopulaire dans le monde musulman, qui n'a pas compris sa position. Même à Jakarta, en Indonésie, l'ambassade d'Egypte a été attaquée par des manifestants qui ont lancé des explosifs. Le cas de l'Arabie saoudite est encore plus complexe. D'un côté, on continue d'exporter le wahhabisme et de tolérer des dérives antisémites et un obscurantisme d'un autre âge. De l'autre côté, on s'efforce de toujours accommoder politiquement les Etats-Unis. Le grand mufti d'Arabie Saoudite est allé jusqu'à interdire les manifestations de soutien à Gaza et les assimiler à de la « corruption ». A moyen terme, cette position est difficilement tenable.
« Certains ont apparemment tenté de s'appuyer sur la Syrie pour agir sur le Hamas »
Jean-Luc Marret*
Propos recueillis par Mohamed Semlali
L'Observateur La guerre sur Gaza a-t-elle définitivement consacré un monde arabe en bi pôle ?
Jean-Luc Marret D'abord, il faut se méfier des effets du court terme. Ce n'est pas parce que - une fois de plus - la Ligue arabe montre une certaine impuissance qu'il en sera toujours ainsi. Maintenant, il est exact qu'une certaine polarisation existe aujourd'hui, en particulier parce que certains grands pays ont du mal à admettre le rôle du Qatar, mais aussi et surtout parce que ces pays - Egypte, Arabie Saoudite - n'ont pas participé à la conférence de Doha, devinant les extrêmes dissensions, et laissant ainsi le champ libre à une autre vision - la suspension de l'Initiative arabe qui propose un retour aux frontières de 1967 contre une reconnaissance.
La question palestinienne n'a t-elle pas échappée au monde arabe et s'est replacée sous un axe non arabe à savoir l'Iran et la Turquie ?
Pour être franc, en tant que Français, je n'ai jamais considéré que cette question trouverait une solution dans le seul monde arabe. Ni même avec la Turquie et l'Iran. Je vois bien votre référence à l'Iran. On pourrait aussi bien dire la Turquie. Mais en l'espèce, face à la guerre, certaines solidarités sont parfois remises en cause, même temporairement. Certains ont apparemment tenté de s'appuyer sur la Syrie pour agir sur le Hamas. En vain semble-t-il. La Jordanie paraît n'avoir eu aucune capacité de conviction sur le Hamas, d'où le limogeage d'un de des hauts responsables de la sécurité, etc. La solution, si solution il y a, a besoin des Etats-Unis, de l'Europe (qui fait vivre l'autorité palestinienne, rappelons-le, de la Russie et des Nations Unies.
L'Egypte et l'Arabie Saoudite semblent en perte de vitesse. C'est dû à quoi selon vous ?
A l'exacerbation des positions provoquées par la guerre actuelle, je pense. Maintenant, sur le long terme, au-delà de la question importante du devenir de ces Etats, l'Egypte et l'Arabie saoudite restent les deux principales puissances sunnites.
La Ligue arabe a-t-elle encore des chances de survie sous sa forme actuelle ?
Elle a toujours plus d'avantages que d'inconvénients, même sous sa forme actuelle.
*Jean-Luc Marret est spécialiste de sécurité internationale, chercheur à la Fondation pour la recherche stratégique et professeur associé à l'?cole spéciale militaire de Saint-Cyr. Il est depuis octobre 2006, visiting fellow à l'Université Johns Hopkins à Washington DC
Il travaille principalement sur les questions de terrorisme et de résolution des conflits.


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