Après l'invasion de l'Irak par les Etats-Unis contre l'ONU et la majorité des peuples, et après la légalisation de cet acte par le dernier vote unanime de l'ONU, il semble que ce fait accompli soit devenu une loi. Ce fait n'est pas seulement la mainmise sur l'Irak mais un sentiment de résignation devant une Amérique super puissante régentant le monde. Ce n'est malgré tout qu'une apparence. En effet, ce monde unipolaire est contesté et engendre une sourde bataille menée par une partie de l'Europe, avec la France en pointe. Il est curieux de noter que c'est l'Amérique qui désigne la France comme le leader de cette résistance et de ce pôle probable. On se souvient que les pays hostiles à l'invasion étaient nombreux, parmi lesquels la France, l'Allemagne et la Belgique. Cette opposition s'avère fondée, puisque l'armée n'a découvert ni armes de destruction massive ni le moindre lien avec les réseaux terroristes. Mais du pétrole, oui. Reste la démocratie exportée qui est appliquée de moins en moins outre-atlantique puisque les intellectuels et artistes américains anti-impérialistes figurent désormais sur une liste noire. Pour en revenir à la France, ce pays semblait isolé et ses dirigeants ont tenté de renouer les fils avec l'Amérique en faisant plus que des concessions. C'était sans compter sur l'opportune hostilité de Walker Bush, son équipe conservatrice et la majorité des Américains soumis durant des mois à un matraquage médiatique intense. L'hostilité de l'Amérique met la France en situation de leader de tous les pays qui refusent l'hégémonie américaine. En Europe, il y a encore de la timidité à saisir la balle au bond. Concernant l'Amérique, le président français pourrait reprendre à son compte la formule de son Premier ministre trouvée pour se définir par rapport à Philippe Seguin, ancien ministre : “ quand je croise Philippe Seguin, je sais que je me trouve dans le bon sens ”. Avant et pendant l'invasion de l'Irak, le tiers-monde, en particulier les pays arabes et l'Afrique, s'est montré quelque peu indifférent, malgré la pression de la rue. Aujourd'hui cette indifférence serait plutôt une attente qu'un deuxième pôle qui s'affirme tant la crainte de l'Amérique est forte, l'Amérique qui a réussi à se faire détester partout à travers le monde. Il est de plus en plus clair que la France et certains pays européens ont un rôle à jouer. Malgré les difficultés, l'économie européenne peut aider le tiers-monde, sans chercher à le dominer. De la timidité certes, mais aussi une lucidité agissante. L'Europe -celle de la paix- sait qu'elle ne peut s'opposer à l'Amérique si elle ne dispose pas d'une puissance militaire significative. C'est le sens qu'il faut donner à l'unité recherchée dans ce domaine par la France, l'Allemagne, la Belgique et le Luxembourg. Le passé l'a démontré. Le rayonnement culturel de la France n'était pas allé sans les équipées militaires napoléoniennes et bien avant. Mais d'aller trop loin avait conduit à Waterloo. Il ne s'agit plus aujourd'hui d'équipées militaires -il faut laisser cela à l'Amérique qui peut aussi bien rencontrer un nouveau Viêt-Nam- mais de faire pièce autant que possible à la puissance américaine. Dans son intérêt immédiat et stratégique, le tiers-monde serait bien inspiré de soutenir ce groupe européen qui ne manquera pas de s'élargir. Les pays arabes, notamment, peuvent contribuer puissamment à ce soutien. Il n'est un secret pour personne que les capitaux arabes s'investissent massivement aux Etats-Unis, avec pour résultat la domination et le mépris américains. C'est une vérité première de dire qu'avec l'Européen il est possible de parler et de négocier, alors qu'avec l'Américain il n'est question que d'écouter, les mains derrière le dos. Cela d'autant plus que la folie impérialiste pousse l'Amérique à une militarisation démente. Walker Bush et son équipe, pris de vertige, veulent aller de plus en plus loin. Inconsciemment, le président américain est devenu guévariste sur un point. Pendant la guerre du Viêt-Nam, le “ Che ” rêvait de voir s'allumer plusieurs Viêt-Nam à travers le monde. Actuellement Bush s'en charge lui-même puisque sa politique provoque des incendies un peu partout, étrangement dans les pays du tiers-monde seulement. Etrangement aussi, ce sera le thème de sa future campagne électorale, puisqu'en une année il ne pourra pas redresser la situation économique de son pays. Ainsi donc l'Amérique est en passe de devenir un gigantesque arsenal, avec des armes hyper sophistiquées et des bombes nucléaires à faible puissance. Un budget colossal a été voté pour ces projets. On se demande si ces dépenses ne vont pas déséquilibrer l'économie américaine, dans la mesure où une grande partie de ces armes futuristes seront classées “ top secret ” et donc invendables, et qu'il faudra quand même les améliorer pour satisfaire l'insatiable complexe militaro-industriel. On se souvient que l'URSS s'est écroulée parce que son économie ne pouvait supporter l'énorme effort militaire. Pourtant, l'économie planifiée n'est pas entravée par la recherche du profit. Aveuglé, Bush continue de se dresser sur ses éperons pour faire un geste obscène à l'univers. Il finira par tomber à la renverse, et peut-être son pays avec lui. Dans un an ou dans vingt. Il faut espérer qu'une catastrophe mondiale ne sera pas déclenchée avant.