Loi de Finances 2004 Fathallah Oualalou continue de faire preuve de cohérence dans la politique économique et financière, notamment dans la consolidation du cadre macroéconomique et la poursuite de la politique sociale. Il reste cependant que le ministre reste sans armes face à la lourdeur des charges de fonctionnement de l'Etat qui ne font que maintenir ou augmenter une pression fiscale jugée défavorable à l'investissement. LE projet de loi de Finances 2004 a franchi le cap de la concertation avec les partenaires économiques et sociaux pour prendre sa dernière ligne droite. Une fois de plus, les charges de fonctionnement de l'Etat attirent l'attention. Elles continuent de peser lourd, représentant quelque 57% des dépenses de l'Etat (ou 13% du PIB), alors que l'investissement de l'Etat à travers le budget est de 13,5%. Bien évidemment, depuis quelques années, il faut conjuguer les efforts d'investissement de l'Etat avec ceux du Fonds Hassan II qui tire une bonne partie de ses ressources des recettes de privatisation. Cependant, c'est un constat sur lequel on ne saurait s'attarder du fait des effectifs pléthoriques de l'administration marocaine et des dépenses y afférentes. La masse salariale de la Fonction publique est de l'ordre de 53,5 milliards de DH sur un budget dont le total des dépenses est de 141,87 milliards. Il s'agit ainsi d'une augmentation de 2,34%, soit 1,23 milliard de DH par rapport à 2003. Le ministre des Finances et de la privatisation évoque pour sa défense l'ensemble des mesures allant dans le sens de l'augmentation des revenus des fonctionnaires. Il s'agit, par exemple, des hausses au titre du régime indemnitaire au profit de 348.000 bénéficiaires pour un montant de 3,29 milliards de DH. En 2002, il est important de signaler que la révision du statut des fonctionnaires de l'Education nationale avait abouti à une charge supplémentaire de 5 milliards de DH au profit de 274.000 agents de l'Etat. On sait que l'impact de ces mesures est loin d'être négligeable, puisque qu'elles contribuent à relancer la demande et à tirer la croissance vers le haut. On sait aussi que le personnel de l'Etat, ou du moins l'écrasante majorité des fonctionnaires, ne roule pas sur l'or. Un ingénieur sorti des grandes écoles ou un médecin après 7 années d'études universitaires peuvent n'avoir qu'un salaire de 4.000 à 6.000 DH. Par conséquent une hausse de revenus ne saurait leur être refusée.Pourtant, on ne peut cautionner que le budget de l'Etat soit à ce point grevé par les charges de personnel. Tous les analystes s'accordent à dire que l'efficience des emplois publics reste encore à démontrer. Trop de personnes sont payées pour ne rien faire ou pour peu faire. Et là, la rationalisation s'impose à l'Etat à cause de toutes les conséquences résultant de ces excès. Fathallah Oualalou propose ainsi de limiter la création de postes, prioritairement affectés à l'encadrement des secteurs sociaux, au nombre de 7.000. Il propose également la mobilité et le redéploiement. Mais la mesure la plus importante devrait être la mise en œuvre dès 2004 du dispositif de départs anticipés à la retraite. En attendant que ces mesures donnent des résultats, l'investissement public continue d'en pâtir et le contribuable à supporter une pression fiscale qu'il est peut-être possible d'alléger.En matière d'investissement, le budget 2004 défendu par l'équipe Jettou devant le Parlement, propose d'y consacrer 19,2 milliards de DH, soit 13,5% seulement. Certes, la contribution du Fonds Hassan II, comptabilisée séparément, ainsi que l'investissement des Entreprises publiques, amène à analyser ce chiffre avec recul. Mais, on ne peut s'empêcher de constater avec amertume son faible niveau au vu des priorités de développement.Quant aux ressources, elles devraient se situer à 129,36 milliards de DH hors recettes de privatisation. Il faut donc la cession d'une partie du patrimoine de l'Etat pour combler un déficit de 12 milliards de DH. Mais, qui parle encore d'un caractère exceptionnel pour les recettes provenant de la cession des bijoux de famille ? Sûrement pas le ministre des finances, lui qui n'évoque qu'un déficit de 3% du PIB, conférant ainsi un caractère structurel à la maîtrise du déficit. Au chapitre des prélèvements fiscaux et parafiscaux on constate une hausse de 6,61% des impôts directs, qui devrait combler une baisse de 14,45% des droits de douane.