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Un symbole ancestral
Publié dans La Gazette du Maroc le 06 - 05 - 2002


Le thé à la menthe
D'abord, mettez environ deux cuillères à café de thé dans la théière “ berrad ”, versez-y un peu d'eau chaude et remuez. Puis, versez le liquide obtenu dans un verre que vous mettez de côté. Ajoutez-y
une cuillère de thé et quelques morceaux de sucre et faites chauffer (t'chaher) le thé jusqu'à ébullition, puis, ajoutez-y le contenu du verre que vous avez mis de côté.
Laissez infuser le thé, le temps d'incorporer (t'siyess) toutes ses composantes et buvez. Le premier “ verre ” est réputé le plus savoureux. Pour la préparation du deuxième “ verre ”, reprenez la même opération en ajoutant de la menthe et/ou de l'absinthe. Voici le détail d'un rituel alimentaire séculier, ancré dans le mode de vie des Marocains : le thé traditionnel à la menthe. Nul n'est dépourvu de culture, puisque chacun adopte les attitudes du groupe social qui est le sien. A cet égard, l'observation des pratiques alimentaires peut s'avérer très utile pour lever le voile sur les modes de vie qui déterminent les traits culturels spécifiques à chaque communauté. Dans ce sens, l'observateur ne manquera pas de relever la relation privilégiée qu'entretiennent les Marocains avec le thé traditionnel, en tant que pratique alimentaire de base de tous les jours.
D'ailleurs, les écrits historiques portant sur le Royaume témoignent de l'importance prépondérante du thé dans la vie quotidienne des Marocains. En effet, les dynasties qui se sont succédé au Maroc ont adopté le thé comme partie intégrante de leur mode de vie. Ainsi, les Alaouites ont toujours considéré le thé comme une composante essentielle de l'hospitalité à l'égard des hôtes qui venaient au Royaume. La preuve en est l'intérêt que portaient les sultans alaouites à l'importation et à la commercialisation du thé, surtout celui d'Asie orientale. Cette tradition s'est perpétuée durant le protectorat. À ce propos, les Marocains refusaient de consommer le café qui symbolisait, selon eux, la culture du colonisateur français. Ce faisant, ils gardaient intactes leurs pratiques alimentaires en considérant le “ thé ”, non seulement comme un trait culturel qui caractérise les Marocains, mais aussi comme un symbole culturel qui renforçait le patriotisme et la solidarité dans la lutte pour l'indépendance. Pendant le protectorat français, les Marocains ont eu l'idée de consommer le thé accompagné de dattes, pour compenser l'absence du sucre dont ils étaient privés à cette époque.
La situation n'a guère changé après l'indépendance, puisque le “ thé traditionnel ” s'est même imposé comme un rituel traditionnel officiel, même dans les cercles du pouvoir. En effet, lors de la célébration des cérémonies officielles, par exemple, le Roi invite toujours ses hôtes à déguster ensemble un verre de thé, souvent servi par un professionnel, nommé communément “ As-saki ”.
Désormais, le “ thé ” est considéré comme le symbole culturel, par excellence de la tradition gastronomique marocaine. Il n'est nul foyer au Maroc qui ne dispose des accessoires relatifs à la préparation du thé (berrad, sinniya…etc.). Plus, les us et coutumes marocaines prévoient la présentation de ces accessoires, souvent en argent, par l'époux à sa future conjointe, pour lui témoigner son respect et sa considération. D'ailleurs, le thé demeure, de loin, la boisson traditionnelle préférée pour accompagner la célébration des fêtes et des mariages. Il suffit de rappeler que le thé traditionnel a marqué les chants et les contes populaires marocains, à l'image de la musique traditionnelle du “ Malhoun ” qui a célébré le thé traditionnel dans le fameux “ poème ” intitulé : “ Sinniya ”.
Le fameux thé traditionnel à la menthe a même été reconverti en outil de marketing dans les campagnes publicitaires réalisées par les professionnels du tourisme. Du coup, il figure sur les menus de toutes les chaînes de restauration et d'hôtels. Pour aller plus loin, il peut être considéré comme un trait culturel incontestable, qui marque l'identité collective de la communauté marocaine. Autrement dit, c'est un “ melting pot ” identitaire, qui consolide la solidarité et l'homogénéité de communautés multiculturelles et pluriethniques. Ainsi, malgré les différences culturelles dont regorge le Royaume, le thé traditionnel demeure une base commune pour toutes les ethnies. De fait, peu importe que vous soyez Rifain, Sahraoui, Bidaoui, Berbère, Fassi ou autre, le thé traditionnel étant organiquement lié aux pratiques alimentaires de tous les Marocains sans exception.
D'ailleurs, l'observation des pratiques alimentaires des Marocains atteste d'une consommation croissante du thé traditionnel, même s'il n'existe pas d'études empiriques sur le sujet. En effet, ils se sont habitués à boire sans modération le thé traditionnel. La preuve en est la consommation excessive du sucre qui doit accompagner le “ thé ”. Une des raisons de cet excès réside, sans doute, dans la précarité du niveau de vie des Marocains, qui ont trouvé dans le thé un moyen de subvenir à leurs besoins alimentaires.
Résultat, le thé traditionnel est en train de perdre sa portée culturelle, pour se réduire à une denrée vidée de toute substance symbolique. Pis encore, il est souvent associé à la pauvreté. D'où la fameuse association à connotation péjorative : le pain et le thé sont les sources de vie des plus démunis. Voilà comment l'étude des pratiques alimentaires, aussi ordinaires soient-elles, peut nous renseigner sur la situation socio-économique et politique d'un pays. À votre santé !
Aziz Chahir


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