son courage. Il est sorti la semaine dernière la tête haute, assumant pleinement, après 18 années de réclusion, en ayant osé lever le voile sur l'arsenal nucléaire israélien. Cet Israélien d'origine marocaine qui faisait le “V” de la victoire, a refusé de répondre en hébreu lors de sa conférence de presse. Il défend à nouveau ses convictions, critiquant la politique nucléaire dangereuse de l'Etat juif. “Israël n'a pas besoin d'armes nucléaires, d'autant que tout le Proche-Orient est maintenant libéré des armes nucléaires”, dit-il. Reste à savoir maintenant si Mohamed al-Baradâï, ce grand inspecteur d'origine égyptienne de l'agence internationale atomique, a bien entendu son message, ou bien s'il est toujours focalisé sur l'Iran, seul pays à son avis possédant, après l'Irak, cette arme nucléaire. A la veille de son enlèvement en 1986, Vanunu avait amené des experts internationaux indépendants à en déduire que l'Etat hébreu était en possession de 100 à 200 ogives atomiques. Mais depuis, les temps ont changé, aussi le nombre de cet arsenal israélien que les experts s'accordent à dire qu'il est devenu plus nucléaire que celui de la Grande-Bretagne ou de la France. En revanche, depuis le premier mandat du président Bill Clinton, les embryons de programmes nucléaires des Arabes ne cessent de s'effacer. La Libye a donné le bon exemple en offrant, sous forme de dons, son soi-disant arsenal nucléaire. En dépit de ce constat, force est de reconnaître que, malgré la décadence généralisée, les Arabes ne se sont pas empêchés dans les années 90 de mener, en vain certes, une campagne pour obliger Tel-Aviv à signer le traité de non prolifération des armes nucléaires, et, d'arrêter toute expérience dans ce domaine. En effet, l'Egypte a dirigé cette bataille dans laquelle son ministre des Affaires étrangères de l'époque, Amr Moussa, a joué un rôle primordial. Néanmoins, cette campagne a finalement été vouée à l'échec, ce, en raison de l'opposition farouche de la part des Etats-Unis. Depuis, plus personne n'a osé soulever ce sujet ni tenter de mener une autre initiative dans ce sens. Par contre, le Pakistan et l'Inde ont tenu tête face aux pressions de Washington. Ils l'on fait parce que chacun d'eux était déjà trop avancé dans la réalisation de sa propre bombe atomique. En défiant à nouveau cette seule puissance nucléaire au Moyen-Orient, Vanunu aurait voulu montrer ou rappeler que, quelques généraux israéliens sont capables, sur un coup de tête, de décider d'anéantir populations et villes arabes du Machrek au Maghreb. Ce, tant que Tel-Aviv n'a pas signé le fameux traité de non prolifération. De toute manière, aucun pays de ce monde dit libre ne lèvera le petit doigt pour empêcher ce genre de folie meurtrière. Les Européens, qui font des pressions quasi-quotidiennes sur Téhéran pour la dissuader, menacent la Syrie mais ferment toujours les yeux sur le développement du programme nucléaire israélien et ses dangers dans l'avenir. Pour ces Européens, l'essentiel c'est de montrer que l'Etat hébreu a besoin de se défendre, même s'il fallait se doter d'armes nucléaires. On ne le dit pas clairement, mais il semble qu'il y ait un accord tacite là-dessus en Occident. Dans cette foulée, les Arabes continuent à se chamailler autour des 5 millions de $ à payer pour participer ou non au Salon du livre qui se tiendra à Berlin. Ces créatures ne peuvent sûrement mesurer l'ampleur du danger nucléaire israélien sur la sécurité de leurs pays ni sur leurs populations. Car ceux-ci ont toujours été les derniers de leurs soucis. C'est ce que Vanunu n'a pas pigé en essayant de tirer la sonnette d'alarme chez les Arabes. Estimons que le monde arabe n'est pas en état de guerre avec Israël. Qu'il n'y a pas un conflit israélo-palestinien ni une occupation des territoires, moins encore un rôle israélien dans les croisades en cours actuellement dans la région. Est-ce que, le cas échéant, ces Arabes ont fait le nécessaire pour écarter l'épée de Damoclès, ce nucléaire, d'au-dessus de leurs têtes ? Malheureusement non. Ce chapitre n'a jamais occupé le haut du pavé des préoccupations des Arabes. Il n'a guère été placé ni en troisième ou quatrième ou même en bas de l'échelle de l'ordre du jour des sommets consécutifs. Ce qui nous ramène à nous interroger sur l'utilité du prochain sommet arabe qu'on évite de prononcer aussi bien sa date que son lieu, malgré les quelques insinuations d'Amr Moussa. Cher Vanunu, nous remarquons que vous vous trompez non seulement d'époque mais aussi de générations !