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“Nous sommes en train de subir l'après 11 mars”
Publié dans La Gazette du Maroc le 17 - 05 - 2004

Mohamed El Afifi Mohamed, porte-parole du Centre islamique de Madrid
La Gazette du Maroc : quel est l'impact du 11 mars sur la communauté musulmane ?
- Mohamed El Afifi : la communauté musulmane a beaucoup souffert après le 11 mars. Nous avons aussi perdu des victimes, pourtant nous sommes montrés du doigt. Ces attentats ont été horribles pour nous tous. Et aujourd'hui nous sommes en train de subir l'après-11 mars. Cela ne veut pas dire que les Musulmans ont perdu des choses concrètes. Mais ils sont appelés à se justifier.
La vie a sans doute changé depuis cette date. L'image du Musulman attire l'attention plus que jamais. Les Musulmans qui viennent nous voir sont très mal à l'aise. Ils ne sont pas sereins. Ils ne sont pas tranquilles.
La communauté musulmane est-elle en colère ?
- Nous recevons plusieurs personnes qui viennent nous parler de leur malaise. Les Musulmans ne veulent pas être pointés du doigt, ils refusent qu'on les associe aux attentats, et c'est normal.
Que certains des suspects arrêtés aujourd'hui soient des Musulmans qui venaient au centre ou à la mosquée prier ne veut pas dire que toute la communauté est accusée. Fréquenter la mosquée ne fait pas des gens des terroristes.
Comment pouvez-vous contrôler les gens qui fréquentent le centre ?
- Vous savez, le Tunisien qui s'est fait exploser dans cet appartement de Leganes avait une bourse d'études donnée par le gouvernement espagnol. Une bourse pour quatre années d'étude, cela se sait, on fait son enquête avant de donner des bourses comme cela. On a fait des investigations policières et autres sur ce Tunisien qui était un étudiant brillant, vu que ce genre de bourse n'est donné qu'aux personnes qui méritent un encadrement de ce type. C'était tout de même une bourse de 30 000 euros. Il venait dans la mosquée et il était comme tous les autres Musulmans. Si les enquêtes espagnoles n'avaient rien vu de louche chez lui, comment est-ce que nous, responsables d'un centre islamique, aurions pu déceler quelque chose en lui ?
Comment alors détecter des individus potentiellement dangereux ?
- Nous sommes responsables de la discipline du centre islamique et non
des individus qui fréquentent notre établissement. Nous ne sommes pas habilités à surveiller la vie des autres. Ce qui est de notre ressort est ce qui se fait dans l'enceinte de ces lieux et ce que les gens font de leur temps en dehors d'ici ne regarde qu'eux. Nous sommes ici pour les aider à trouver des solutions à des problèmes de tous les jours, nous sommes ici un soutien et un miroir de l'Islam.
Notre travail se base sur trois grands principes : la légalité puisque nous respectons les lois de ce pays ; la transparence vu que tout ce qui se fait ici est connu des autorités de ce pays et enfin la bonne conduite de nos fidèles ici et au sein de la communauté dans laquelle ils vivent.
Un des Marocains recherchés par la police espagnole, Amer Azizi, a eu des démêlés selon la presse espagnole avec le centre et l'imam de la mosquée. Quelle était la nature de ce conflit ?
- Je sais de qui vous parlez et bien sûr que je le connais depuis cet incident qui est vraiment très insignifiant et que la presse a grossi et auquel on donne une importance démesurée.
Voilà la vraie histoire : c'était il y a quelques années lors d'une prière de l'absent en hommage à la personne de Hafez Al Assad, le président syrien après sa mort. Amer Azizi avait pris la parole pour dire qu'il ne fallait pas prier pour ce personnage et que le président syrien ne méritait pas qu'on lui rende hommage. Il n'a rien dit d'autre que cela. On lui a signifié qu'il ne fallait pas dire de telles choses dans la mosquée et on lui a donné un avertissement en lui conseillant de respecter ces lieux. Il s'est calmé et les choses sont rentrées dans l'ordre. Cela n'a jamais été un grand incident comme on l'a souvent répété. Il avait compris que le centre ne tolérait pas ce type de discours, depuis on n'a pas eu de problèmes avec cet homme jusqu'à ce qu'il ait cessé de venir ici.
Elle remonte à quelle date cette affaire ?
- Peut-être trois ans. Je ne me souviens pas de la date exacte. Comme je vous l'ai dit, c'était un incident sans importance, un Musulman qui a pris la parole, qui a élevé la voix et crié et à qui on a dit de ne plus jamais le refaire dans cette enceinte et l'incident était clos.
Avez-vous d'autres cas de ce type ?
- Bien sûr. Il y a des mécontents partout. Et nous avons à maintes reprises reçu des gens qui n'étaient pas contents et qui ont demandé des explications chacun à sa façon.
On fait le nécessaire, on parle aux gens, on les reçoit et on essaye de régler les problèmes comme c'est notre rôle et notre devoir de le faire.
Je vais vous raconter une histoire qui s'est déroulée il y a quelques semaines. Nous avons reçu de grandes personnalités ici dans la mosquée et un homme s'est précipité devant le micro et a pris la parole. Il a dit que le centre ne faisait pas son travail et qu'il y avait des gens, des Musulmans qui n'avaient rien à manger et qui dormaient sur des cartons. Les personnes présentes nous ont demandé ce qu'il disait, on leur a traduit devant lui, avec son aval et on lui a expliqué que s'il avait quelque chose à dire il fallait demander la permission et respecter les procédures.
Que pensez-vous de ces lois pour contrôler les mosquées ?
- Nous sommes pour toutes les lois qui oeuvrent pour donner une meilleure image de l'Islam. Nous acceptons tout ce qui peut montrer que l'Islam est une religion de paix et de tolérance.
Nous sommes contre le terrorisme et nous refusons que l'on associe l'Islam au crime. Mais je pense qu'avant de parler de lois, il faut étudier le tissu social espagnol.
On veut appliquer ici les mêmes lois françaises mais l'Espagne n'est pas la France. En France on en est à la troisième génération, ici en Espagne, on est devant la première génération. En France il y a presque 5 millions de Musulmans, ici on est presque un million… Il faut d'abord réfléchir à tout ceci et voir si les lois peuvent être adaptables à telle ou telle communauté. On nous parle aujourd'hui de 300 mosquées en Espagne, c'est un chiffre faux. Il n'y a que 6 mosquées connues de tous, le reste, ce sont des garages et des maisons. Nous nous posons des questions : comment les lois vont se comporter avec ces gens qui ne sont pas qualifiés et qui président aux affaires des Musulmans.
Connaissiez-vous les Marocains impliqués dans les attentats ?
- On ne les connaît pas. Est-ce qu'on peut savoir ce qui se passe dans une église ou une cathédrale fréquentée par des centaines de personnes chaque jour ? Ici, il y a plus de 3000 personnes qui viennent prier, on ne peut pas savoir qui elles sont ni ce qu'elles font en dehors de ce centre et de cette mosquée.


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