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Rififi autour d'une mort
Publié dans La Gazette du Maroc le 25 - 04 - 2005


Accident de la circulation à Meknès
Au mois de juillet 2004, une famille marocaine résidant en France était revenue au pays pour les vacances d'été. Trois jours après leur arrivée à Meknès, le père a été tué suite à un accident de la circulation. Voyage dans les labyrinthes d'un drame qui n'a pas encore livré tous ses secrets.
Tahar Sbaï , puisque c'est de lui qu'il s'agit , était revenu au bercail pour fouler le sol de la ville qui l'a vu naître, s'épanouir, grandir et vieillir pour y être en fin de parcours inhumé. Dans des conditions autres que celles qu'ils auraient souhaité, lui et les membres de sa famille. Cet été là, il avait quitté Paris qui l'avait accueilli en 1999, avec sa femme, son fils et ses petits-enfants, pour Meknès. Une panne de voiture irréparable au Sud de l'Espagne ne les avait pas empêchés d'arriver dans la capitale ismaïlienne par ...taxi, le 23 juillet. Trois jours à peine après son arrivée, Tahar Sbaï allait connaitre une fin tragique. Moins tragique peut-être que les circonstances dramatiques qui l'ont entourée et qui continuent de l'être. Cet ancien fonctionnaire de la RTM et écologiste confirmé qui était en pleine forme, en dépit de son âge relativement avancé, aimait la nature et le vélo. En France, il partageait son temps entre ses petits-enfants qu'il adorait tant, et les pigeons des jardins de Paris qu'il nourrissait chaque jour avec assiduité. Le 26 juillet, il avait pris son vélo vers midi du domicile de sa fille, pour se rendre dans l'ancienne médina visiter sa maison et payer ses loyers. C'était un lundi. Sa famille l'attendait le soir, mais il n'est pas rentré. Ce n'était pas dans ses habitudes de disparaître sans prévenir. Le lendemain mardi, le doute s'installe, puis l'inquiétude. " Il est peut-être allé voir la famille...", murmurait-on en guise de consolation. Le mercredi 28, les recherches s'activent: il n'est pas passé dans son appartement de l'ancienne médina, ni chez aucun des membres de sa famille, proche ou lointaine. Les coups de téléphone passés à Rabat, Salé, Bouznika et même Agadir le confirment. Jeudi matin, les recherches s'orientent vers les commissariats de police et les hôpitaux. La nouvelle tombe comme un couperet: Tahar Sbaï gisait dans la morgue de l'hôpital Mohammed V de Meknès. Il avait été fauché par un chauffard le jour même où il avait quitté à vélo le domicile de sa fille. De fil en aiguille, les membres de la famille découvrent, à leur grande surprise, que le certificat de décès de Tahar Sbaï, affirment-ils, comportait la mention "mort naturelle". Or, ils avaient auparavant identifié le corps de leur parent et consulté son dossier médical qui stipule ce qui suit: "accidenté grave avec traumatisme crânien sévère, plusieurs hématomes de contusions au tronc et fracture du pied qui est désinséré". Il était resté environ 48 heures dans le coma à lutter contre son hémorragie intracrânienne, avec des soins palliatifs, avant de rendre l'âme à l'aube du 28 juillet 2OO4. Acculé au pied du mur avec autant de preuves irréfutables, soulignent-ils, l'interne qui avait signé le certificat a reconnu les faits et est allé chercher son infirmier qu'il dit l'avoir induit en erreur en lui demandant de signer l'acte de décès avec la mention "mort naturelle". Et il l'a fait sans examiner au préalable le corps de la victime! Deux jours à l'hôpital sans avertir la famille a de quoi sulvolter les proches. Surtout que la victime avait ses pièces d'identité sur elle, son portable et le numéro de téléphone de sa belle-soeur. En plus, Tahar était affilié à la sécurité sociale en France qui aurait facilité son rapatriement sanitaire d'urgence par avion à Paris, s'il s'avérait nécessaire, ce qui était bien le cas, parce qu'on n'a même pas daigné lui faire un scanner. D'après les responsables de l'hôpital Mohammed V de Meknès, ce n'était pas à eux de prévenir la famille, mais c'était à la police de le faire. La dépouille mortelle a été livrée à la famille vendredi 29 juillet et inhumée le même jour à Meknès.
Retour à la case départ
De surprises désagréables en stupéfactions. Désirant s'enquérir des circonstances qui ont entouré l'accident ainsi que de son volet purement juridique, les membres de la famille n'en revenaient pas. Les témoignages recueillis sur le lieu de l'accident étaient formels. Ils affirment que le chauffard qui roulait à grande vitesse avait percuté sa victime de plein fouet. Tahar qui sortait d'une mosquée poussait son vélo. Il voulait traverser le boulevard Allal Fassi par le passage piétonnier quand le chauffard a surgi de nulle part pour l'écraser. Selon les témoignages de trois personnes (un employé, un mécanicien et un gérant d'une gargote de fruits secs) qui ont fait des dépositions dûment signées et légalisées, le chauffard qui venait du boulevard Jamal Eddine Afghani avait brulé un feu rouge. Il s'agit respectivement de Brahim Oumlil, Souab Khalifa et Rachid Ayane . Selon ces dezrniers, le conducteur était à bord d'une BMW immatriculée en France (827BFP31) qui roulait à vive allure. Or, d'après le procès-verbal établi par l'officier de police chargé du service des accidents de Meknès, qui cite un témoin qu'il présente comme étant occulaire dénommé Abdelmoumen Bradai, c'est Tahar Sbaï qui n'aurait pas respecté le feu rouge. C'est la seule preuve "matérielle" sur laquelle se base l'officier de police pour étayer sa thèse et dessiner le croquis qui accompagne son P.V. Du coup, le croquis et le P.V ne pèsent pas lourds devant la version donnée par les trois autres témoins. Et aussi par rapport au bon sens. Pour la simple raison que le schéma de l'accident établi par la police ne correspond pas aux trajectoires décrites par les témoins. Les discordances sont criardes. Selon les documents remis par la famille à LGM, le conducteur de la BMW Mouhcine B. ne disposait que d'un permis de conduire temporaire, mais le plus grave c'est que la voiture qui appartient à son conjoint n'était pas assurée. Son assureur "Les Assurances du Sud" dont le siège se trouve en France exclut le Maroc des pays couverts en cas d'accident. Une autre question non moins importante s'impose: comment les services de la douane ont-ils laisser entrer au Maroc une voiture non assurée ?
Un troisième certificat médical
Une fois sur les lieux, les agents chargés des accidents de la circulation n'ont, ni conduit l'auteur de l'accident au commissariat pour complément d'enquête, ni jugé utile d'embarquer sa voiture à la fourrière. Elle était non assurée. Toujours selon les dires de Souab Khalifa, c'est Mouhcine B. qui a déposé sa voiture dans le parking d'une station service limitrophe du lieu de l'accident et est revenu la chercher le même jour dans la soirée, plus exactement vers 22h30. Or, le 29 juillet, le chauffard se présente devant le tribunal avec un certificat médical délivré par la "Clinique de Meknès" dans lequel Dr Kendouci atteste "avoir hospitalisé et donné des soins en urgence du 26/07/2004 à ce jour du 27/07/2004 Monsieur Belardi Mouhcine suite à un accident de la voie publique". Toujours selon Dr Kendouci, l'intéressé présentait à l'examen "un traumatisme crânien avec perte de connaissance, traumatisme de la main gauche avec plaie du pouce gauche, traumatisme de l'épaule gauche". Le certificat ne précise pas l'heure à laquelle le patient avait quitté la clinique. Cette précision aurait levé le voile sur plusieurs zones d'ombre qui planent sur cette triste affaire. En effet, il existe un P.V d'audition de Mouhcine B. établi le 27 juillet 2004 par l'officier de police dans lequel le conducteur donne sa version des faits. Là encore, le P.V. ne précise pas si Mouhcine B. avait été auditionné au commissariat ou à la clinique où il était censé être hospitalisé. Si c'est au commissariat, c'est que Mouhcine n'était pas hospitalisé. Si c'est à la clinique, c'est qu'il n'avait aucun traumatisme avec perte de connaissance. On ne peut pas interroger quelqu'un qui sombre dans le coma! Toujours est-il que le chauffard qui s'était présenté au tribunal le lundi 2 août 2004 a été libéré avec paiement d'une caution de 2.000 dirhams !
Aujourd'hui, la famille du défunt qui réside à Paris lance un appel de désespoir conjointement aux ministres de la Santé et de la Justice. Le premier pour l'ouverture d'une enquête sur ce qui s'est vraiment passé à l'hôpital Mohammed V de Meknès avec les certificats médicaux et...tout le reste. Le second pour ordonner au parquet l'ouverture d'une enquête impartiale pour jeter toute la lumière sur cette affaire ambiguë . Et ce n'est pas trop demandé.


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