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Choc migratoire et enjeux méditerranéens
Publié dans La Gazette du Maroc le 10 - 10 - 2005


Géopolitique
Les assauts de centaines de clandestins à Sebta et Melillia sont le signe d'une aggravation dramatique du phénomène de migration. Faisant face à une pression grandissante, le Maroc fait appel à une coopération plus conséquente de l'Union européenne et des autres pays de transit. La perspective euro-méditerranéenne est ainsi réactivée par des problèmes laissés en suspens depuis l'annonce il y a dix ans du processus de Barcelone…
Dans la nuit du mercredi à jeudi dernier, ils étaient plus d'un millier à tenter de prendre d'assaut, la double haie barbelée entourant Melillia. Les gendarmes marocains et les patrouilles de la guardia civil les en ont empêchés. Depuis septembre, ces tentatives s'étaient multipliées. Par plusieurs centaines, les migrants subsahariens escaladent les barrières surmontées d'un rouleau de fer barbelé à Sebta et Melillia dans un désir désespéré de "griller" la frontière. Il y eut des morts et plusieurs blessés, quelques centaines au total ont pu passer et sont parqués dans les centres de séjour temporaire pour immigrés.
Migrations dramatiques
Long calvaire pour ces candidats à l'émigration qui ont survécu à la traversée du désert, à travers la Mauritanie, l'Algérie et le Maroc. Le phénomène a pris une telle ampleur qu'il est devenu un dramatique sujet d'actualité et de préoccupation. La pression qui s'exerce sur le Maroc est apparue dans toute son ampleur. Chaque jour la gendarmerie annonce la découverte et l'arrestation de plusieurs groupes de migrants venus des pays subsahariens.
La situation a atteint un tel degré de gravité que les réunions entre responsables espagnols et marocains sont devenues plus fréquentes sous le signe de l'urgence.
Que faire ? Il y eut même un début de polémique dans certains journaux espagnols imputant les morts par balles aux abords de Sebta aux forces marocaines. Selon des rescapés, les tirs provenaient aussi bien du côté espagnol que marocain. Il est difficile dans des conditions aussi chaotiques de déterminer le déroulement exact des faits au cours de ces nuits fatidiques. Il est évident que la situation est devenue ingérable et que le problème des migrations clandestines est monté de plusieurs crans.
Les autorités marocaines soulignent que les efforts exceptionnels déployés ont permis de restreindre les flux migratoires à travers le détroit de Gibraltar et vers les Canaries. L'Espagne reconnaît volontiers l'efficacité des interventions des patrouilles marocaines. Le climat d'entente qui prévaut entre les deux pays depuis l'arrivée de José Luis Zapatero au pouvoir en avril 2004 a nettement tonifié la coopération entre leurs services.
Un accord bilatéral signé en 1992 et qui n'avait jamais été appliqué vient d'être mis en œuvre. Il permet à l'Espagne de refouler vers le Maroc les émigrés clandestins cantonnés dans les présides.
Un autre accord en cours de négociation depuis plus d'un an porte sur la réadmission par le Maroc des clandestins ayant transité par son territoire. La négociation bute sur les preuves de ce transit, le Maroc préférant que l'Espagne et l'Europe traitent directement avec les pays africains dont les refoulés sont originaires.
Le Maroc met en évidence le fait que face à l'aggravation du phénomène, il ne soit pas assez épaulé par l'Union européenne. Celle-ci avait accordé une subvention de 40 millions d'euros pour l'aider à protéger ses frontières, mais cette aide s'avère très insuffisante.
Des mesures de plus grande envergure sont examinées par l'Union européenne afin d'augmenter l'efficacité de la lutte contre l'immigration clandestine.
Celle-ci est devenue plus que jamais au cœur de la problématique Nord-Sud et de l'évolution des enjeux liant les deux rives de la Méditerranée. En rappelant que "le Maroc ne peut à lui seul tenir le rôle de gendarme" en la matière, le gouvernement marocain met actuellement l'accent sur la nécessité d'une responsabilité plus largement assumée. Il indique que les pays subsahariens ainsi que l'Algérie doivent agir plus en amont et ne pas laisser se déverser vers le Maroc les flux migratoires grandissants.
Le laxisme de l'Algérie est montré du doigt, certains y voyant même une volonté sournoise de créer des difficultés supplémentaires au Maroc.
L'Union européenne est conviée aussi à apporter une aide plus conséquente aux efforts du Maroc pour juguler les flux et pour combattre les réseaux de trafiquants qui les alimentent. Bien plus, le problème ne pouvant être considéré uniquement sur le plan sécuritaire, le ministre de l'Intérieur marocain a invoqué la mobilisation d'un plan Marshall pour l'Afrique subsaharienne.
La montée des flux migratoires dans des conditions de plus en plus risquées et infra-humaines, entraînant désormais des familles entières traduit, à l'évidence, l'état de déréliction avancée des Etats et des économies africaines. Les problèmes de sécurité qui hantent de plus en plus les pays d'Europe pourront-ils encore être dissociés de celui de la survie des pays africains ?
Pression sur le Maroc
Jusqu'ici la politique de l'Union européenne, définie par le traité d'Amsterdam de 1999, a cherché surtout à maîtriser l'immigration de façon sélective, à instituer des quotas discrétionnaires et à contenir les arrivées de clandestins par le moyen de camps de rétention. Elle a même cherché à externaliser ces camps dans des pays comme la Libye (qui avait accepté l'idée), la Tunisie ou le Maroc qui s'y sont refusés.
La pression qui s'exerce sur ces pays maghrébins de transit, et notamment sur le Maroc, risque de monter davantage. Compte tenu du fait que les pays subsahariens, en proie à une destructuration et à une pauvreté accrues, ne peuvent ni ne veulent contrôler leurs frontières l'Union européenne va-t-elle se résoudre à examiner avec eux ce problème ?
De toute évidence, cette question sera au cœur de la conférence euro-méditerranéenne qui se tiendra les 27 et 28 novembre prochains à Barcelone. Cela fera dix ans jour pour jour que la déclaration de Barcelone aura été proclamée avec l'emphase que l'on sait. Au bout d'une décennie, cette rencontre au sommet des chefs d'Etat et de gouvernement des 5 + 5 pays des deux rives de la Méditerranée occidentale va faire le bilan et envisager, dans un contexte devenu plus inquiétant, les enjeux à assumer pour les années à venir.
Qu'il s'agisse du dialogue politique, du partenariat économique et financier ou des dimensions sociales et culturelles, ces enjeux devront, sous la pression des faits, être davantage pris au sérieux et en compte.
La position du Maroc dans ce contexte apparaît plus favorable, à condition que ses représentants sachent mettre en valeur ses avancées, ses atouts et son rôle plus que jamais stratégiques.
Le bilan du processus de Barcelone depuis 1995 est loin d'être positif et d'avoir répondu à ses promesses. Ses plus fervents partisans des deux côtés de la Méditerranée le constatent avec déception et espèrent qu'un élan véritable pourra enfin être donné. C'est ainsi que l'un des plus ardents promoteurs de ce processus, l'ancien président du gouvernement autonome de Catalogne, Jordi Pujol considère avec lucidité ce bilan mitigé et milite encore auprès des autres pays européens pour un engagement plus convaincu.
Pourquoi le processus de Barcelone fut-il bloqué ? On souligne tout d'abord que les conflits qui ont miné la région durant cette décennie ont constitué de sérieuses entraves : guerre civile sanglante en Algérie, tension entre la Grèce et la Turquie, aggravation du conflit palestino-israélien, guerres des Balkans dans l'ex-Yougoslavie.
Processus de Barcelone
D'autre part, l'Italie et l'Espagne étaient davantage fixés sur leur objectif prioritaire d'adhésion à l'union économique et monétaire européenne.
L'Espagne, avec l'arrivée au pouvoir du parti populaire de Aznar, a tourné le dos au processus de Barcelone et a adopté une politique très négative vis-à-vis du Maroc. La tension qui n'a cessé de s'accroître entre les deux pays a sérieusement entravé le processus.
La démarche de la Communauté européenne fut aussi plutôt réticente et marquée par la bureaucratie et le caractère limité des crédits consacrés au programme Meda.
L'absence ou la lenteur des réformes d'ordre politique et économique dans les pays de la rive sud ont aussi peu favorisé la réussite du processus euro-méditerranéen.
Aujourd'hui le contexte se présente sous un jour différent. Avec l'engagement des discussions sur une éventuelle adhésion de la Turquie à l'Union européenne, un tournant est pris malgré les incertitudes qui demeurent.
Cela veut dire que l'Europe s'interroge désormais davantage sur ses contours au sud. Alors que durant la décennie précédente, en tournant le dos à la Méditerranée, elle s'était élargie plus au nord et à l'est, la question de la dimension du sud ne peut plus être éludée. Les conflits qui avaient meurtri la région méditerranéenne se sont plus ou moins apaisés. Une évolution, inégale certes, est enregistrée dans les pays du sud et notamment au Maroc dont les partenaires européens soulignent les avancées en matière de démocratisation et de réforme sociétale avec l'adoption du nouveau code de la famille.
L'attitude de l'Espagne a aussi beaucoup changé avec le gouvernement Zapatero.
Autant d'éléments favorables à un déblocage du processus de Barcelone, d'autant plus que désormais ce sont les problèmes vitaux pour la sécurité et l'avenir du vaste ensemble euro-méditerranéen qui apparaissent plus essentiels. Il s'agit précisément des problèmes de l'immigration massive couplés à ceux du sous-développement. S'y ajoutent les problèmes liés à l'intégrisme religieux et à la menace du terrorisme dans une perspective mondialisée. Ces enjeux, par leur gravité et leur urgence, interpellent davantage les partenaires euro-méditerranéens. Encore faut-il que tous veuillent surmonter les perspectives étroites où ils sont demeurés confinés, comme on le voit, par exemple, à propos du conflit algéro-marocain sur le Sahara. Dans un cadre qui se veut plus apaisé et plus ouvert, la solution négociée préconisée par le Maroc et qui suscite la bienveillance de l'Espagne et de la France, peut trouver les encouragements nécessaires.
Sur tous ces aspects essentiels, allant de l'émigration à la sécurité régionale en passant par l'aide au développement économique, le Maroc pourrait faire valoir des cartes maîtresses.


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