Rapport de la CNUCED sur la pauvreté «Lorsque l'extrême pauvreté est aussi omniprésente et persistante que dans la plupart des PMA, les stratégies de réduction de la pauvreté ne doivent pas cibler les 20 % d'habitants les plus pauvres, mais plutôt s'attacher, par le développement, à relever le niveau de vie de la majeure partie de la population». L'Organisation des nations unies propose ainsi une nouvelle approche de la résorption de la pauvreté. Mardi 18 juin dernier, est paru le rapport annuel de la CNUCED sur les pays les moins avancés. Il ne doit plus être question d'aborder la pauvreté en essayant de la résoudre au cas par cas et encore moins en essayant d'imposer aux gouvernements concernés une énième alchimie contenue dans les politiques ou programmes d'ajustement structurel. La CNUCED privilégie désormais une vision qui, en plus d'être globale, sera l'œuvre des pays en question. Le rapport fixe pour objectif central le doublement, dès que possible, du niveau de vie moyen des ménages, via le renforcement des capacités productives et la création de moyens de subsistance. Les investissements productifs, les microcrédits sont donc autant d'expériences qu'il convient encore une fois d'encourager. Tout devrait passer par une expérience à grande échelle à laquelle participent les gouvernements des pays les moins avancés. Ces derniers rédigent et mettent en application des documents de stratégie de réduction de la pauvreté (DSRP), qui conditionnent l'octroi d'une aide et l'allègement de la dette. Les DSRP forment la pièce maîtresse de la coopération internationale pour le développement des pays à revenu faible. Cette approche a été introduite par le FMI et la Banque mondiale à la fin des années 90. Le rapport explique que, par l'élaboration des DSRP, «les pouvoirs publics nationaux ramènent la lutte contre la pauvreté dans leur sphère de compétence et formulent leurs propres stratégies». On pourrait penser que c'est le début d'une véritable solution au problème de la pauvreté dont souffrent aujourd'hui 49 pays dans le monde. Ce serait aller trop vite en besogne, car des éléments de réponse manquent à la question de savoir «quelles sont les politiques qui marchent le mieux». Toutefois, force est de constater que de cette expérience dépendra l'avenir du milliard de personnes qui vivent en deçà du seuil de pauvreté. En tout état de cause, la CNUCED rejoint, par cette approche, plusieurs observateurs qui avaient décrié l'échec des plans d'ajustement structurel et autres recommandations des bureaucrates des institutions financières internationales. A partir de l'étude des séries d'estimations de la pauvreté, les experts de la CNUCED montrent «qu'en moyenne, l'incidence de l'extrême pauvreté n'a pas diminué dans les PMA qui ont engagé ces programmes, y compris dans le groupe des pays où ceux-ci ont été mis en œuvre correctement». On s'aperçoit en même temps que pour la CNUCED, faire régresser la pauvreté n'est pas seulement une affaire de bonne gouvernance, de privatisation, etc. Car, souligne le rapport, «lorsque les capacités productives, les marchés et la catégorie d'entrepreneurs investissant dans la production sont sous-développés, les programmes d'ajustement structurel n'aboutissent pas à une croissance économique assez accélérée et soutenue pour faire régresser significativement la pauvreté». Il apparaît donc clair que la réduction de la pauvreté passe par l'augmentation des revenus y compris des revenus des plus nantis de la population.