Le régime algérien traverse une phase d'isolement diplomatique sans précédent depuis l'indépendance en 1962. En rupture avec le Maroc depuis août 2021, en conflit persistant avec la France depuis juillet 2024, marginalisé par les Emirats arabes unis, fragilisé par la chute de ses relais historiques en Libye et en Syrie, en crise ouverte avec le Mali et le Niger et désormais privé de l'appui tacite de Téhéran, affaibli depuis les attaques de Tel-Aviv, Alger se retrouve repliée sur elle-même dans un environnement régional de plus en plus polarisé. Ses liens avec Moscou, traditionnel partenaire sécuritaire, se sont également émoussés depuis la guerre en Ukraine, qui a recentré les priorités russes vers d'autres fronts. Le 12 juin, Israël a lancé une attaque d'une ampleur inédite contre des sites militaires et nucléaires iraniens — Natanz, Ispahan ainsi que le cœur stratégique de Téhéran — déployant plusieurs dizaines d'appareils. Cet assaut, destiné à neutraliser des capacités jugées menaçantes, a provoqué une réplique immédiate mais inefficace : drones et missiles ont été lancés par l'Iran en direction du nord d'Israël. Ce choc stratégique bouleverse les équilibres régionaux et aiguise les dilemmes diplomatiques d'Alger, désormais muette, malgré l'élan de rapprochement avec Téhéran qu'elle cultivait depuis 2024. Une diplomatie sous contrainte L'offensive sur l'Iran a mis au jour la fragilité des appuis diplomatiques de l'Algérie, aujourd'hui écartelée entre plusieurs conflits — maghrébin, sahélien et oriental. Depuis 2021, ses relations avec le Maroc sont rompues : Alger refuse tout dialogue, son espace aérien reste fermé et le dossier du Sahara connaît la domination absolue de Rabat. Avec les Emirats, la controverse du printemps 2025 a laissé des blessures irréparables : la diffusion d'accusations virulentes a interrompu tous les canaux de coopération. Paris, de son côté, a expulsé douze diplomates algériens en avril, en réaction à une mesure identique entamée par Alger — un affront sans précédent. Au Sahel, après l'interception d'un drone malien, l'Algérie a été sanctionnée par le rappel de ses ambassadeurs par Bamako, Niamey et Ouagadougou, amputant sa participation à la lutte antiterroriste. Enfin, Moscou, en dépit des commandes d'armement comme les chasseurs Su‐57, n'a pas convié d'officiels algériens à la commémoration du 9 mai — un geste diplomatique révélateur. Vers une diplomatie en rétraction Présentée naguère comme actrice clé du dialogue méditerranéen, l'Algérie semble aujourd'hui reléguée aux marges. Sa diplomatie, dépassée par les événements, peine à soutenir des alliances ébranlées. Sur le plan économique, l'atonie de ses relations avec l'Europe entrave ses projets. Sur le plan militaire, privée de coordination sahélienne, elle se replie sur sa propre défense, misant sur des coopérations limitées — notamment avec les Etats-Unis dans le cadre d'un programme d'entraînement naval — tout en maintenant des commandes russes, pivot stratégique désormais en perte de vitesse. L'Algérie, suspendue entre ses derniers partenaires, semble aujourd'hui privée de boussole. Sa diplomatie, paraît dorénavant privée de perspectives nouvelles et de relais fiables. Dans ce nouvel ordre régional, elle paraît recluse et affaiblie — une situation dont son avenir dépend et, peut-être, son sort en général.