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OBAMA ENTRE JUSTICE ET VENGEANCE
Publié dans Lakome le 11 - 05 - 2011

« On pourrait se demander comment on réagirait si des commandos irakiens atterrissaient sur la résidence de George W. Bush, l'assassinaient et jetaient son corps dans l'Atlantique »
Noam Chomsky
« Justice has been done », justice est faite. C'est en ces termes que le président américain a annoncé la mort de Ben Laden.
S'agit-il vraiment de justice ?
Question légitime car la mort du chef d'El Qaida n'a pas été l'application d'une sentence prononcée par un tribunal à l'issu d'un procès équitable.
Sur le plan juridique stricto sensu, au moment de sa mort, Ben Laden n'était qu'un SUSPECT, recherché pour divers horribles et injustifiables crimes. Et comme suspect, il jouissait de la présomption d'innocence.
Sa mort relèverait donc de l'exécution sommaire, d'une liquidation pure et simple, à un assassinat ciblé qui n'a rien à envier à ceux pratiqués par l'armée israélienne.
Violations en séries
Par leurs actes, les USA ne violent pas seulement des droits humains mais aussi les dispositions du droit international, notamment l'article trois (1) de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, l'article six et 14 (2) du Pacte International relatif aux droits civils et politique ainsi que les résolutions (3) du sixième congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et le traitement des délinquants.
On comprend ainsi qu'en Allemagne le juge d'Hambourg ait décidé de lancer des poursuites judiciaires contre la chancelière Allemande, Angela Merkel pour avoir célébré la mort de Ben Laden en ces termes « Je me réjouis que Ben Laden ait été tué ». Cette déclaration a été critique, voire condamnée par de nombreux journalistes allemands.
Par ailleurs, le Pakistan n'ayant pas donné son accord, les américains ont violé la souveraineté d‘un Etat. De plus ce qui rend leur action plus illégale, c'est que ce pays n'étant pas une zone de combat pour les USA, ceux-ci ne peuvent invoquer le droit des conflits armés pour légitimer leur intervention.
Ben Laden, ayant été abattu alors qu'il était désarmé comme l'affirment les responsables américains eux-mêmes, il s'agit, bel et bien, d'une exécution sommaire.
Question, pourquoi n'a-t-il pas été arrêté d'autant plus qu'il existe toute une panoplie d'armes qui aurait facilité cette arrestation : bombes aveuglantes, bombes paralysantes etc … c'est dire que les responsables américains voulaient faire l'économie d'un procès qui aurait pu servir de tribune pour Ben Laden et qui aurait duré des mois pendant lesquels le monde arabo-musulman aurait été tenu en haleine.
Rappelons que si Israël avait enlevé Adolphe Eichmann, un des responsables de la mort de plusieurs millions d'être humains, elle a préféré le faire juger publiquement au lieu de lui loger une balle dans le crâne. Il en a été de même pour les dirigeants Nazis qui eurent eux aussi droit à des procès équitables où ils ont pu s'exprimer en toute liberté.
Pour Hervé Asseniro, professeur de droit international, l'exécution de Ben Laden permet aux USA de ne pas entrer dans une logique pénale de répression du terrorisme, préférant rester dans une logique de conflit armé. « Si Ben Laden, précise t-il, avait été capturé, il aurait fallu le juger pour des infractions bien établis, déterminer quel droit s'appliquait et quel tribunal était compétent. Fallait-il le traiter comme un terroriste ordinaire, le ramenant à son statut de criminel ou comme un combattant en conflit armé avec les Etats-Unis ? ».
Le refus de traduire le chef d'El Qaida devant un tribunal confirme le fait qu'il s'agissait pour les dirigeants américains non que justice soit faite mais que vengeance soit accomplie.
Un Etat hors la loi
En agissant ainsi, le président Américain entendait, aussi, rappeler que son pays était au dessus des lois. Ce qui en fait un Etat hors la loi.
Caius Julius Caesar affirmait que les légions romaines rendaient la loi légale, quelque soit cette loi, fut- elle ad hoc. Obama n'a-t-il pas la même conception de la loi que Caesar. N'agit-il pas en empereur romain qui dispose d'une armée de près de 1.500.000 militaires actifs, de dizaines de bases esseminées de par le monde pour imposer par la force des armes la « Pax Americana » (4),
Et comme tout empereur Romain qui ordonne la mise à mort, Obama a assisté en direct à l'exécution de Ben Laden. Une exécution qu'il a ordonnée personnellement, car de telles exécutions ne peuvent avoir lieu sans un ordre direct et personnel du président. Ce que l'on appelle un « executive order ».
Mais cette vengeance n'est pas de nature à apaiser les victimes. C'est ce qu'affirme Boris Cyrulink(5) pour qui « tuer Ben Laden est une punition qui soulage mais justice n'a pas été faite … c'est une vendetta, un règlement de compte. Ce qui apaise les victimes, ce n'est pas la punition impliquée au bourreau, mais le processus judiciaire, le fait de déclarer une personne comptable de ses actes et de lui demander de payer ».
De l'ignorance…
Quant à l'immersion du corps de Ben Laden, elle a constitué un choc pour le 1,3 milliard de musulmans car elle va à l'encontre des préceptes de l'islam pour qui la mort doit être enterré.
En optant pour l'immersion les responsables américains pensaient supprimer une fois pour toute la réalité physique de Ben Laden a défaut de venir à bout de son héritage idéologique.
Ces responsables ont fait preuve, en agissant de la sorte, d'une ignorance totale de l'Islam que professait Ben Laden. Celui-ci était adepte de la doctrine Wahhabite pour qui le mort doit être enterré dans une tombe signalé par une pierre tombale sans aucune inscription. Ce qui exclut toute identification.
Il aurait suffi pour ces responsables de déclarer que Ben Laden a été enseveli conformément au rite wahhabite. Et personne n'aurait eu rien à redire
Autre bévue.
En donnant comme nom de code à Ben Laden « Geronimo » les dirigeants américains ont rendu en grand hommage à leur pire ennemi, car Geronimo fut un chef légendaire de la résistance indienne contre l'invasion des colons blancs au XIX siècle et un stratège hors paire de la guérilla. Il mourut après 20 ans de détention.
Obama et ses conseillers croyaient peut-être tuer une seconde fois le chef apache.
Or, c'est le contraire. Ils l'ont ressuscité.
Robert Lambert, sur les colonnes du « Guardian », journal britannique, relevait , dans ce sens, et à juste titre que l'opération américaine a permis « d'offrir à Ben Laden une mort en martyr, bien plus honorable aux yeux des partenaires d'El Qaida qu'une peine à perpétuité.
L'exécution a donc transformé Ben Laden en martyr, en icone, lui a ouvert les portes de la postérité.
Ceci dit le chef d'El Qaida a réalisé le tour de force d'entrainer les USA dans deux guerres, celles de l'Afghanistan et de l'Irak. Des guerres qu'ils ont perdues.
« Big brother… »
Plus encore, la terreur de Ben Laden qui se voulait une contre terreur a poussé les occidentaux à réduire le champ des libertés dans leurs pays et à édicter des lois qui ont restreint leur démocratie, comme ce fut le cas avec le « Patriot act ».américain.
De même, que l'on a vu surgir, aux USA, de nouveaux concepts juridiques comme « l'ennemi combattant illégal ». Concepts qui permettent, à ce qu'était une grande démocratie, de violer allégrement les principes du droit de la guerre, les conventions de Genève, celles protégeant les droits de l'homme et à légitimer l'usage de la torture.
De plus, en renforçant les contrôles aux aéroports, en installant des caméras de surveillance dans les places publiques et privées, en instaurant le passeport biométrique, n'est-on pas entrain, au nom de la lutte anti-terroriste de mettre le citoyen sous haute surveillance et d'assurer sa « traçabilité » à tout instant ?
On est pas loin de « Big Brother (6) !
Défaites américaines
Sur ce plan économique et au delà des plus de 3000 victimes innocentes du 11 septembre, Ben Laden aura porté un coup sévère à l'Amérique. Ainsi, La balle qui l'a tué a été acquise à crédit par l'armée US. Et le créancier s'appelle la Chine. Car les finances américaines sont dans un état déplorable. La fin d'un monde unipolaire où l'oncle Sam pouvait tout se permettre n'a pas duré longtemps. En déclenchant la réaction en chaîne qui a amené les Etats-Unis à s'empêtrer dans le bourbier Irakien et afghan, Ben Laden a contribué à mettre à genoux le géant américain. Le prix Nobel d'économie Joseph Stiglitz a récemment estimé le coût de la guerre en Irak à 3 trillions de dollars. Le budget US dégageait un surplus de plus de 800 milliards de Dollars en 2001. En 2009, c'est un déficit de 1,42 trillion de dollars qui le plombe. Un déficit financé par des chinois soucieux de maintenir solvable leur principal marché, mais aussi trop heureux de rééquilibrer leur rapport de force avec Washington en devenant son créancier principal.
Le président américain a déclaré que grâce à la mort de Ben Laden, El Qaida a été décapitée. Erreur car cette organisation est telle l'hydre de la mythologie grecque qui possède plusieurs têtes dont une immortelle.
Ces têtes se régénérant doublement lorsqu' ‘elles étaient tranchées.
Certes cette mort va être instrumentalisée par le chef de l'exécutif américain pour se retirer du bourbier afghan où ses troupes sont tenues en échec par des talibans…. déguenillés.
Mais une fois les soldats américaines partis, l'Afghanistan va retomber sous le coupe des talibans et l'on verra surgir peut être une nouvelle Qaida.
Retour à la case de départ ?
Enfin, Mr. Obama a déclaré que son pays n'oubliera pas les victimes du 11 septembre. Il ne sera pas le seul. Nous tous, nous nous les oublierons pas comme nous n'oublierons pas les millions d'êtres humains innocents tués par l'armée et les armes américains a Cuba au Panama, à Grenade, au Vietnam, au Cambodge, en Irak, en Afghanistan, en Palestine occupée, au Liban. Et cette liste des crimes américaines est loin d'être exhaustive.
Les présidents Kennedy, Johnson, Reagan, les deux Bush, Clinton, Obama ne sont-ils pas alors l'une des faces du terrorisme international ?
N'ont-ils pas commis des crimes contre l'humanité et à ce titre ne sont-ils pas passibles de la Cour Pénale Internationale ?
1- "Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne."
2- 6Nul ne peut être arbitrairement privé de la vie..."
. 14« Toute personne a droit à ce que sa cause soit entendue équitablement et publiquement par un tribunal compétent, indépendant et impartial, établi par la loi... »
3-En 1980, le Sixième Congrès des Nations Unies pour la Prévention du crime et le traitement des délinquants a condamné "le meurtre et l'exécution d'opposants politiques ou de délinquants présumés commis par les forces armées, par les autorités chargées de l'application des lois et par d'autres organes gouvernementaux, ou par des groupements politiques, agissant avec l'appui tacite ou autres de ces forces ou organes"
4- Terme latin désignant l'hégémonie américaine dans le monde.
5-Neuropsychiatre français ayant travaillé sur la psychologie des terroristes.
6-Big Brother (qui signifie « Grand Frère », est un personnage de fiction du roman 1984 de GEORGES Orwell. L'expression « Big Brother » est utilisée pour qualifier toutes les institutions ou pratiques portant atteinte aux libertés fondamentales et à la vie privée des populations ou des individus.


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