Une trentaine d'entreprises marocaines ont pris part à ce forum. Elles ont tenu 200 meetings BtoB. Pour la majorité des opérateurs, c'est la première visite au Nigéria. Agriculture, énergie et électricité, construction, agro-industrie…, les opportunités qu'offre le marché nigérian sont multiples. Maroc Export a organisé pour la première fois au Nigeria le MoroccoNigeria Business Forum du 14 au 16 novembre à Lagos. Tenu sous haute sécurité dans cette ville de 21 millions d'habitants, ce forum a connu la participation de 30 entreprises marocaines appartenant aux secteurs de la sécurité, du BTP et des matériaux de construction, de l'électricité, du pharmaceutique, des énergies renouvelables et des NTIC, ainsi que des représentants des secteurs privé et public nigérian. Ces entreprises ont participé durant ces deux jours à 200 meetings BtoB. La cérémonie d'ouverture du forum a été, elle, inaugurée par Adebayo Jimoh, président de la Chambre nationale de commerce, d'industrie, des mines et de l'agriculture nigériane (NACCIMA). Par un mot de bienvenue à la délégation marocaine, il a invité ses hôtes à bénéficier des opportunités d'affaires entre les deux pays. «L'objectif est d'abord de permettre aux investisseurs des deux nations d'apprendre à se connaître», a-t-il déclaré. En effet, pour la majorité des représentants des entreprises marocaines conviées, c'est le premier voyage de prospection au Nigeria. Pourtant, le pays de 181 millions d'habitants est riche en ressources pétrolières et se targue d'avoir le PIB le plus élevé du continent, estimé en 2016 à 405 milliards de dollars. Il a été longtemps négligé par les hommes d'affaires marocains à cause de divergences politiques. Aujourd'hui, le marché du Nigeria s'ouvre petit à petit aux investisseurs marocains. Les opportunités existent. «Outre l'industrie du pétrole, au Nigeria, l'agriculture et l'agro-business sont en plein boom. Grâce au dynamisme de ces secteurs, le pays a même commencé à produire du riz localement, abandonnant ainsi l'importation de cette denrée et permettant au pays de baisser considérablement ses importations agricoles, voire d'exporter certains de ses produits», poursuit le président du NACCIMA. D'ailleurs, le contrat signé par l'OCP et Dangote Industries (conglomérat nigérian spécialisé en agro-industrie, industrie du ciment et immobilier) lors de la visite de S.M. le Roi MohammedVI au Nigeria en décembre 2016 porte sur la livraison de 2 millions de tonnes d'engrais sur trois ans. L'objectif étant de booster la production agricole nigériane. Des opportunités d'affaires pour les deux parties Les investisseurs nigérians espèrent à leur tour bénéficier des opportunités d'affaires au Maroc. Pour ce faire, M. Jimoh a annoncé le déplacement d'une délégation d'hommes d'affaires nigérians au Maroc début 2018. Et pour montrer son implication dans le développement des relations bilatérales entre les deux pays, il a annoncé le soutien de la Fédération nationale des chambres de commerce et d'industrie à l'adhésion du Maroc à la CEDEAO (Communauté Economique des Etats d'Afrique de l'Ouest) qui sera actée en décembre prochain à Lomé, au Togo. Pour Shettima B. Barma, représentant du Nigerian Export Promotion Council, le Nigeria offre des opportunités d'affaires innombrables. «Agriculture, énergie et électricité, construction, agro-industrie, métal, minéraux solides, raffinage de pétrole, secteur pharmaceutique... En 2050, le pays devrait être classé 14e puissance économique mondiale», souligne-t-il. Le Maroc pourrait en bénéficier à condition de bien étudier les besoins du pays auxquels il pourrait répondre. Car au Nigeria, Chinois, Indiens, Européens, Américains et autres Asiatiques investissent fortement. Pour présenter le Maroc aux hommes d'affaires nigérians, Zahra Mâafiri, DG de Maroc Export, a mis l'accent sur sa capacité à assurer un taux de croissance durable de 4% tout en étant un pays non pétrolier. Et ce, grâce à une spécialisation dans des métiers mondiaux (tels que l'automobile, l'aéronautique, le pharmaceutique, le textile...) et des infrastructures routières, portuaires, aéroportuaires et ferroviaires et par ricochet une capacité à attirer les IDE. Un chemin à suivre pour un pays qui souhaite se détacher de l'économie du pétrole et de ses nombreux aléas. «Mais le Maroc est aussi investisseur en Afrique. Il est classé 2e en Afrique où il expédie 10% de ses exportations et 1er en Afrique subsaharienne», explique-t-elle. Néanmoins, entre le Maroc et le Nigéria, le commerce bilatéral demeure faible. En 2016, la valeur des importations du Maroc est de 139,5 millions de dollars et celle de ses exportations est de 35,5 millions de dollars. L'entrée du Maroc à la CEDEAO, qui représente une zone de libre-échange entre les 15 pays membres, boostera sûrement ces performances dans un marché qui pèse 20% des exportations africaines. Le Nigeria représente, à lui seul, la moitié de la population de la CEDEAO et de sa richesse. La place de ce pays dans cette communauté donne tout son sens au MoroccoNigeria Business Forum. S'exprimant au nom de la Chambre de commerce et d'industrie de Lagos, Vincent Nwami dit être prêt à s'associer avec le Maroc. «Nous devons travailler ensemble pour améliorer les opportunités», résume Abdou Diop, président de la commission Afrique et Sud-Sud de la CGEM. Un vent favorable souffle donc sur les relations maroco-nigérianes.