Produit haineux de Boukharrouba , Chengriha et Tebboune, le « Nouvel homme algérien »    MadfooatCom conclut un accord stratégique avec Attijariwafa Bank pour déployer des solutions de paiement électronique    Nouvel investissement chinois renforçant le positionnement du Maroc comme hub industriel régional dans l'industrie automobile    Les droits de douane américains risquent de repousser à 2027 la croissance au Mexique, selon JP Morgan    Le projet Noor III stimule le chinois Lanpec High-Tech en Bourse de Shanghai    Chypre: Erdogan insiste sur une solution à deux Etats pour l'île divisée    Le régime algérien incendie délibérément la Kabylie, encore une fois    Basket/Division Excellence hommes : L'AS Salé rejoint le FUS Rabat en finale    Les autorités marocaines contiennent un incendie forestier aux abords de Tétouan    Superman de nouveau en tête du box-office nord-américain    Secteur minier : Le Maroc au cœur de la sécurité alimentaire mondiale    C'est officiel : Neil El Aynaoui rejoint l'AS Roma avec un contrat jusqu'en 2030    Massad Boulos bientôt au Maroc et au Maghreb dans le cadre d'une tournée régionale    La Vanguardia : Le Maroc, un modèle de stabilité économique en Afrique    Médicaments : Si chers, si cruels !    Le Maroc se positionne comme un « marché stratégique » pour l'Argentine    Basket / DEX(h) : Le FUS surclasse le MAS pour une place en finale des play-offs    Basket / Finale .Première division : Aujourd'hui , ''CODM - Rabita'' pour le sacre dès 18h00 à Salé    Le Maroc, un « marché stratégique », selon le ministère argentin des AE    Fiscalía de Casablanca desmiente acusaciones de robo de órganos tras accidente de tráfico    2030 World Cup : David Hallyday urges FIFA to address alleged «culling of dogs» in Morocco    Sahara : Face à l'implacable réalité, Abdelmadjid Tebboune n'a d'autre choix que le déni !    La France interdit l'usage du téléphone portable dans les collèges dès la prochaine rentrée scolaire    Brice Soccol sur CNews salue l'essor diplomatique du Maroc grâce au roi Mohammed VI et déplore l'isolement algérien régional    Justice, corruption et polémique : Ouahbi se confie en exclusivité à Hespress    Torre Pacheco, Espagne : Quand l'extrême droite sème la haine et cible les Marocains    Le Maroc s'affirme, grâce à la Vision Royale éclairée, comme « le pays phare » en Afrique    Brahim Díaz à Malaga pour la 2ème édition de son campus « Mentalidad Brahim »    Foot: La sélection marocaine des joueurs locaux s'impose face au Burkina Faso    Le Maroc est devenu un des centres mondiaux du football (Gianni Infantino)    Gaza : Troisième phase de la campagne marocaine d'aide humanitaire    Des milliers de Marocains dans les rues de Rabat en soutien à Gaza    Deux puissants séismes au large de l'Extrême-orient russe, alerte au tsunami    Températures prévues pour le lundi 21 juillet 2025    Déconcerté, l'ANC commente le ralliement de Jacob Zuma à la position marocaine sur le Sahara : «Il mène une contre-révolution»    Accident mortel à Casablanca : La Justice dément le vol d'organes de la victime    MAGAZINE - Souheil Ben Barka : fluide planséquence    Morocco to face Ghana in WAFCON semi-finals    Diaspo #398 : De la Belgique au Maroc, Sarra El Massaoudi célèbre Nos Héritages migratoires    CAN de rugby à XV (Ouganda-2025) : le Maroc termine à la 6è place    Le temps qu'il fera ce dimanche 20 juillet 2025    Une mère accuse le vol d'organes de son fils décédé : le parquet de Casablanca dément et rétablit les faits    Cinéma : Voici les projets admis à l'avance sur recettes au titre de la 2e session de 2025    Partenariat Maroco-Chinois Pionnier pour Stimuler l'Innovation en Santé et l'Intégration entre Médecine Moderne et Traditionnelle    Cinéma: La Commission d'aide dévoile sa liste    Le Maroc et l'UNESCO annoncent une nouvelle alliance pour promouvoir le développement en Afrique par l'éducation, la science et la culture    Pose de la première pierre du projet de valorisation du site archéologique de Sejilmassa    Festival : Jazzablanca, un final éclatant de stars et de jeunes talents    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Les trompettes de la sinistrose
Publié dans La Vie éco le 26 - 03 - 2004


Pour avoir une «identité», il s'agit d'être
«authentique» et vice versa. C'est probablement cette contorsion
ontologique qui est
à l'origine de notre immobilisme culturel, bien plus
que la carence des moyens financiers.
«La poésie, c'est le point où la prose décolle», disait un grand poète. Sans vouloir manquer de respect aux poètes, grands et petits, on peut dire aussi que lorsque la prose déconne, ce n'est pas triste non plus. Car il n'est pas du destin des choses de la culture d'être nécessairement inscrites dans la tragédie et le catastrophisme. Certes, le pathos a souvent partie liée avec l'art et la poésie qui, plus que toute autre forme de création, est censée puiser dans les affres de l'âme humaine. Cependant, plus on creuse dans ce sens, moins on rencontre de quoi se dilater la rate.
Voilà pourquoi d'aucuns soutiennent qu'il n'y a pas de poète heureux. Alors que l'archéologue, qui creuse hypothétiquement en quête d'objets enfouis, prend plaisir dans la recherche comme dans la découverte. Pourquoi n'en serait-il pas de même du poète dans sa quête éperdue d'une sorte d'absolu tangible? Arthur Rimbaud écrivait : «Ce n'est qu'au prix d'une ardente patience que nous pourrons conquérir la cité splendide qui donnera la lumière, la justice et la dignité à tous les hommes. Ainsi la poésie n'aura pas chanté en vain.»
La culture a donc cette réputation funeste mais qui prend dans nos pays, au sein de cette vastitude arabo-islamique, des proportions de tragédie indépassable sinon de destin inexorable. Il faut remonter bien loin dans l'histoire et creuser profond afin de retrouver, peut-être, quelques causes et explications. Mais comme on n'a pas que ça à faire et que l'archéologie de l'âme exige des confrontations avec la vérité et non pas des arrangements avec l'Histoire, on évitera de se faire des nœuds dans le cerveau pour se contenter de quelques constatations au sujet de la culture au Maroc. D'emblée, on peut dire que la culture à la manière de chez nous est un magma où se mêlent le tragique et le mystique, mais qui coule de source. En effet, pour de nombreux hommes et femmes de culture, les fondamentaux du discours culturel sont au nombre de deux : identité et authenticité. Examinés de plus près, et parfois dans la pratique, on constate que ces critères sont en fait un seul et même concept tant il est curieux de relever que l'identité, telle qu'on l'appréhende ici, est chargée du même sens que l'authenticité. En clair : pour être «identifiable» il s'agira d'être «authentique» et vice versa. C'est probablement cette contorsion ontologique qui est à l'origine de notre immobilisme culturel bien plus que la carence des moyens financiers.
Cette vision monolithique et archaïque est aussi, comme bien d'autres archétypes, un héritage moyen-oriental qui plombe notre réactivité au changement et retarde l'accès à l'innovation. Changement et innovation sont souvent et hypocritement opposés, par les tenants de «l'authenticité identitaire», à quelques prescriptions religieuses, sinon à la foi en général. Il est évident qu'on est là en face d'une opposition idéologique qui ne dit pas son nom mais qui craint, comme tous les courants exclusifs, les vannes libératoires et jubilatoires des choses de la culture quand elles ne sont pas que larmes et lamentations, introversion et culpabilisation.
Certes, comme on l'a souligné ci-dessus, le tragique est un tropisme humain, trop humain et ne date pas des pleurs sur les ruines de la poésie arabe, «kaïfa nabki min dikra habine wa manzili». L'humour, lui, est bien moins conservateur et souvent plus prompt à user de ce qu'on pourrait appeler une rhétorique de l'irrespect. L'écrivain italien Umberto Ecco a fait quelque part une bien belle et juste comparaison entre les deux genres : «Les thèmes de la tragédie sont universels, alors que ceux de la comédie sont ancrés dans les cultures.» D'où, sans doute, la difficulté de faire rire et la rareté de l'humour dans les choses de la culture alors qu'on ne compte plus les experts et les idéologues du catastrophisme, les chroniqueurs de morale, les imprécateurs hirsutes ou «chauves à l'intérieur de la tête» qui postillonnent et ceux qui se positionnent ; bref, tous ceux qui obscurcissent l'horizon en soufflant dans les trompettes de la sinistrose.
Entamée par de la poésie, cette chronique ne saurait être conclue hors d'elle et c'est un des grands poètes d'Espagne, Federico Garcia Lorca, qui aura le mot de la fin pour relativiser avec lucidité et sagesse la prose que vous venez de lire : «Toutes les choses ont leur mystère, et la poésie est le mystère de toutes les choses»


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.