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La poésie, un antidote de la banalité
Publié dans Albayane le 22 - 03 - 2016

«Un grain de poésie suffit à parfumer tout un siècle», disait José Marti. Cette phrase, en effet, ouvre de nouvelles pistes de réflexion sur une question qui demeure d'actualité : à quoi sert la poésie? En ces temps fous, tourmentés, chaotiques, glaciaux et sanglants... un retour indispensable à la poésie, à la nature, à l'art, au soi... s'impose.
En d'autres termes, la réconciliation et la réhabilitation de l'essence de l'existence humaine doivent se remettre en question. Incontestablement. La réalité humaine est aujourd'hui virée dans la violence, dans l'instabilité, et les guerres sans merci qui haïssent de plus en plus tout ce qui est beau et humain. D'où l'urgence et la nécessité de la poétisation de l'univers. Ipso facto, un poème, ce tissu, fleuve de signes et de l'imaginaire créatif, reste cette issue et force salvatrice face à la médiocrité et à l'absurdité d'un monde qui est, si nous osons dire, incapable de penser. Certes, ces vents froids qui soufflaient mal, ces temps-ci, ne peuvent être écrasés que par une poésie profonde et des paroles faisant l'éloge de la vie, de l'amour, de la beauté et du bonheur de l'Humanité. Effectivement, le retour à la verve et la parole sincères réchauffe l'âme et panse la déchirure ontologique de l'Etre. «Ce n'est qu'au prix d'une ardente patience que nous pourrons conquérir la cité splendide qui donnera la lumière, la justice et la dignité à tous les hommes. Ainsi la poésie n'aura pas chanté en vain », écrivait Arthur Rimbaud. Par ailleurs, c'est dans les vers sages jaillit la lumière, et la puissance du verbe et le parfum des mots que le monde se réveillera. L'écriture, dans cette optique, demeure une mission, un devoir qui bat en brèche toute pensée fanatique et régressive. Par ailleurs, la sagesse se mesure dans les vers, dont la poésie est considérée comme lieu de réflexion, de méditation minutieuse, questionnement, et révélation de ce qui demeure caché dans l'être. Le poète dans sa solitude, la plus profonde, qui est la fois douloureuse et délicieuse, tisse une amitié avec les mots. Il y donne des ailes pour s'envoler aux cieux de l'imagination créatrice. Les vers relèvent l'ontologie du poète, ses angoisses, ses aspirations et ses rêveries. En outre, la poésie pense l' « in-pensable » par le génie de l'écriture poétique. Le poète est le génie, le philosophe de son temps. «Les poètes doivent être la grande étude du philosophe qui veut connaître l'homme», écrivait Joubert, Pensées. Pourrons-nous définir la poésie en deux mots ? Certainement non. Car la poésie échappe à toute définition. Les poètes et la poésie ont-ils des tâches à accomplir aujourd'hui? Comment se porte la poésie aujourd'hui ?
«Aujourd'hui, comme hier, un poète, un artiste restent témoins de leur temps et sont visionnaires. Ils sont, je cite souvent cette formule de Kandinsky, « la pointe avancée du triangle », c'est à dire ceux qui devancent, annoncent, ont une vision d'avenir que leur œuvre transmet. Rimbaud, par son œuvre flamboyante a ouvert une route qui reste toujours celle des poètes et des artistes, en dehors des tracés convenus, balisée par le refus des injustices comme du despotisme des censeurs de la liberté intérieure des clichés. Route où l'exigence, la recherche du sens, sont à l'œuvre pour que l'humanisme et la beauté triomphent».
«Jamais je ne conçois la poésie comme métier, exercice professionnel à but particulier. Hormis la poésie engagée qui, elle-même, tout en étant dans une actualité, prend ses distances avec celle-ci, pour ne pas devenir une chronique journalistique ou un slogan. Seuls les véritables poètes, qui incarnent le juste sens de la poésie, livrent des poèmes capables de faire se soulever les peuples. En ce jour, je pense à Fatima Naoot en prison, Mohamed Al Ajami, en prison, Ashraf Fayadh, condamné à mort, Bashir Al Ani, assassiné par Daesh, Hashem Shaabani, exécuté, Lorca... La liste est longue. On tue les poètes car ils représentent une menace, celle du verbe qui attise les consciences, les sens, éveille les libertés et permet le rêve. Toutes les poésies semblent menacer des intérêts dans ce monde, et c'est là une raison suffisante pour la défendre, la dire, la répandre. A-t-elle pour autant la capacité de rendre sa brillance à la Syrie, à Bagdad, à l'Egypte, à la Lybie, à la Tunisie, ou ramener la Palestine et pacifier le monde ? En tant que poète, je continue à écrire, l'âme broyée, les sens brisés et le cœur à la révolte, par d'autres moyens que l'écriture».
«L'heure est grave aujourd'hui. Les écrans sont perpétuellement colorés de sang, les actualités de fanatisme et d'intégrisme de toutes sortes. Le poème n'est plus un épanchement lyrique qui se contente de dire notre for intérieur en tournant le dos au monde. Il est devenu, maintenant, un espace de consolation et de liberté, tout à la fois, car la poésie embaume nos blessures innombrables qu'on voit s'abîmer à vue d'œil. Le poète doit, quant à lui, se libérer des canevas caducs l'incarcérant dans un château utopique du meilleur des mondes. Il faut investir dans la chose publique d'autant plus que les gens ont besoin de poètes comme dirait Neruda. Le poème est une forme de vie. Ainsi, il ne faut pas qu'il l'abandonne en toute lâcheté et nonchalance. Je ne parle pas de l'engagement tel qu'on l'a connu avec Hugo ou encore Sartre. Mais je veux dire par là que la poésie doit s'inviter dans l'enceinte de la vie et en être même l'émanation. Le beau envahira l'extrémisme et sauvera nos jeunes de l'obscurité. Le poète est appelé à pousser ses rimes/ rêves jusqu'au bout, ne serait-ce que pour dire non à cette violence qui s'empare de nous à chaque rencontre avec l'autre, cet autre qui nous paraît différent. La poésie échappe à la machine politique et à la démagogie idéologique grâce à son universalité. Elle est juste porteuse de l'humain et reste rétive à la manipulation dégradée. L'humanité sombre dans le noir de l'intolérance et de l'exploitation et seul le poète /l'artiste est conscient de ce complot bien ourdi qui déclare le retour des assassins. La mission moderne de la poésie serait bel et bien l'amour ! L'heure est grave et la vie sans poésie l'aggraverait davantage. Le poème, ce purgatoire accueillant, sera notre élévation permanente à même d'affronter la barbarie de l'homme moderne menaçant sa propre condition et son propre être. La poésie ne contient aucune violence meurtrière. C'est pour dire que, pour nous sauver, nous devons vivre la poésie et poétiser la vie».
«L'une des caractéristiques les plus importantes et la moins contraignante de la poésie est son indépendance. Elle se libère du joug du suivisme et de l'aliénation. L'acte poétique émane délibérément comme une décharge émotionnelle fulgurante. La poésie est l'antidote contre la banalité sous toutes ses manifestations. C'est la conscience vive d'un monde en déperdition inexorable. Les poètes sont là pour signifier à l'Homme que la nature, la paix, l'amour et l'amitié existent encore. Contre la barbarie rampante et oh combien dévastatrice, les poètes ont pour mission (inavouée) de dénoncer avec vigueur toutes les exactions envers les valeurs universelles, si lâchement bafouées. La poésie est la vie ! Elle est un vrai rempart contre l'horreur, l'assujettissement, la censure et la guerre. C'est aussi un engagement délibéré, une voix intérieure qui abhorre l'injustice et glorifie l'amour de la vie!».


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