Nasser Bourita s'entretient à Rabat avec le président du groupe d'amitié France-Maroc au Sénat    Rabat : Réunion sur l'opération de reconstitution du cheptel national    L'ambassadeur de Chine à Rabat : J'ai écrit sur les traditions, l'architecture et la cuisine du Maroc, et j'ai été émerveillé par l'hospitalité et la générosité de son peuple    Téhéran promet des représailles : « Israël regrettera son acte insensé », avertit le président iranien    Un policier espagnol soupçonné d'exploitation sexuelle de mineurs marocains    Tunisie : Après Kadhafi et Bachar, des miliciens du Polisario pour protéger Kaïs Saïed ?    Ministère de la Justice : revalorisation des indemnités des ingénieurs et architectes    L'ambassadeur de Chine au Maroc, Li Changlin, écrit : La suppression des droits de douane apportera plus d'opportunités à l'Afrique    Le coréen Naver choisit le Maroc pour implanter un Data Center d'IA de nouvelle génération    Dr. Nasser Bouchiba appelle à s'inspirer du modèle de développement chinois au service de l'Afrique    Marhaba 2025: Balearia renforce ses traversées entre l'Espagne et le Maroc    La Chine réaffirme son engagement à soutenir l'Afrique dans son chemin vers la modernisation et le développement    Frappes israéliennes : l'Iran convoque l'ambassadrice de Suisse à Téhéran    Bayt Mal Al-Qods : distribution de 500 paniers alimentaires aux familles les plus démunies à Gaza    «Le Lion Ascendant»... un intitulé israélien qui dépasse le symbole et révèle la fragilité du régime des mollahs en Iran    L'Inde impose des contrôles renforcés sur les Boeing 787 de la compagnie Air India    La Russie nomme un ex-commandant du groupe Wagner «chef des conseillers militaires» en Algérie    Etats-Unis : Hisham Aidi primé pour son travail sur l'héritage de Malcolm X    CAN féminine (Maroc-2024) : quatre arbitres marocaines désignées    Tanger Fashion week : Un dîner de gala signé Luke Evans, Chopard et Vivienne Westwood    Visa signe avec Lamine Yamal en tant qu'ambassadeur pour la Coupe du Monde 2026    Belgium opens new visa application center in Rabat    Four Moroccan referees selected for 2024 Women's Africa Cup of Nations    Semana de la Moda de Tánger: Una cena de gala con la firma de Luke Evans, Chopard y Vivienne Westwood    Températures prévues pour le samedi 14 juin 2025    Maroc : L'évolution du couvert forestier a impacté les modes de vie à l'âge de pierre tardif [Etude]    Une entreprise canadienne annonce la découverte d'or et de cuivre près de Ouarzazate    Le Maroc a importé pour 33 millions de dollars de barres d'aluminium non allié en 2024    ONU : Le Maroc soutient une résolution pour un cessez-le-feu durable à Gaza    UNOC3 : Le Maroc renforce ses liens avec la COI de l'UNESCO pour la préservation des océans    Le parti de Jacob Zuma confirme officiellement son adhésion à la position marocaine sur le Sahara    Le sud-coréen Naver installe un centre d'intelligence artificielle au Maroc pour conquérir les marchés soumis au RGPD    Les prévisions du vendredi 13 juin    Industries manufacturières : hausse de l'indice de production de 3,2% au premier trimestre 2025    Soufiane Rahimi : « Rien n'est impossible, on veut représenter Al-Ain avec fierté »    Ignacio Ortiz écrit dans le journal espagnol La Provincia : L'administration américaine a l'opportunité de déclarer le Front Polisario comme organisation terroriste    La folie Labubu envahit la planète, déclenchant un phénomène de mode et une frénésie d'achats    Le journaliste marocain Ayoub Bcharouri parcourt 13 000 kilomètres pour découvrir les secrets de l'énergie chinoise au cœur du vaste désert du Taklamakan    Moroccan Women's Football team preps for AFCON with intensive training camp    Coupe du monde des clubs : Les stades peinent à se remplir    Classement féminin FIFA : le Maroc se maintient au 60e rang mondial, 3e en Afrique    Sean Paul célèbre Casablanca dans son dernier clip tourné au Dar Dada    Ibn Battouta et Wang Dayuan : Deux voyageurs sur la route des civilisations entre le Maroc et la Chine    Festival du film arabe de Casablanca : 31 films en compétition lors de la 6e édition    France : La Maison de Pierre Loti, une fenêtre rouverte sur l'Orient et le Maroc    Rencontres méditerranéennes de Tanger : Une première édition célèbre l'ancrage littéraire de la ville    Robert Lewandowski obtient gain de cause après la démission du sélectionneur de la Pologne    Pavillon Bleu 2025 : 33 sites labellisés au Maroc, dont 28 plages, 4 ports et un lac de montagne    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Faut-il lier la progression du Smig à l'inflation ?
Publié dans La Vie éco le 12 - 07 - 2010

En cinq ans, le Smig mensuel a augmenté de 11,3% pour une durée de travail allégée, alors que le coût de la vie progressait de 11,7%.
L'indexation du salaire minimum sur l'inflation figure dans le code du travail mais elle n'est pas appliquée.
La mesure permettrait d'apaiser la tension sociale, mais les entreprises y sont réticentes.
C'est fait ! Depuis le 1er juillet, le salaire minimum interprofessionnel garanti (smig) vient d'augmenter dans le secteur du textile et de l'habillement. Il prend ainsi 2,5% de plus, atteignant 10,39 DH l'heure. Le secteur constitue toutefois une exception. Cette revalorisation est en fait l'application de la troisième tranche de la hausse de 10% du Smig décidée en 2008 au profit des secteurs de l'industrie, du commerce, des professions libérales et de l'agriculture. Alors que pour les autres secteurs, l'augmentation a été appliquée en deux temps (5% le 1er juillet 2008 et 5% le 1er juillet 2009), une exception avait été accordée pour le secteur textile au motif que celui-ci était en proie à des difficultés économiques : ladite augmentation avait été étalée sur quatre ans à raison de 2,5% par an. C'est donc le 1er juillet 2011 que les travailleurs du textile et de l'habillement auront un Smig aligné sur le reste des autres secteurs, soit 10,64 DH l'heure. Sachant que le nouveau code du travail, entré en vigueur en 2004, fixe la durée normale de travail dans les activités non agricoles à 2 288 heures par année ou 44 heures par semaine (article 184), le Smig, si on le mensualisait, serait de 2 030 DH pour l'ensemble des secteurs, à l'exception du textile où il serait de 1981 DH, en attendant 2011.
10% de rattrapage en 2004 avec l'arrivée du nouveau code du travail
Certes, le Smig mensuel n'a plus cours depuis 2004, date d'entrée en vigueur du nouveau code du travail. Ce texte, qui est venu après une longue bataille entre les syndicats et les employeurs, a en effet consacré la notion de Smig horaire, et, du coup, la référence à la mensualité qui correspondait à l'époque au Smig effectivement perçu par les salariés, disparaît. Le ministère de l'emploi avait cessé dès le 7 juin 2004 de publier le Smig mensuel, et même journalier, se contentant d'indiquer le Smig horaire.
De combien ce Smig a-t-il évolué ? Une revue des différentes hausses opérées depuis cinq ans montre que le Smig horaire aussi bien celui appliqué à l'industrie, au commerce et aux professions libérales que celui relatif à l'agriculture, a considérablement évolué. Ainsi, entre début juin 2004 et juillet 2009, le cumul des augmentations aboutit à un taux de 21,55%. Considérées en valeur relative, ces augmentations paraissent conséquentes, la majorité des salaires, dans le cadre d'une carrière sans promotion s'entend, n'ayant pas évolué d'autant en cinq ans.
Il faut cependant compter avec le changement intervenu dans le code du travail. En effet, avec son entrée en vigueur en 2004, on avait constaté que le Smig mensuel qui était de 1826,24 DH tombait le lendemain à 1761 DH, alors même qu'une augmentation de 5 % venait d'être accordée. Cela sachant que le Smig horaire, lui, passait de 8,78 DH à 9,22 DH.
L'explication réside dans le changement de la durée de travail. En effet, avec l'arrivée du nouveau code, la durée de travail hebdomadaire avait baissé de 48 heures à 44 heures. Or, le code, dans son article 184, alinéa 4, est clair là-dessus : «La réduction de la durée de travail dans les activités non agricoles de 2 496 à 2 288 heures dans l'année et dans les activités agricoles de 2 700 à 2 496 heures dans l'année n'entraîne aucune diminution du salaire». Logiquement, en vertu de cette disposition, les «smigards» ne devaient subir aucune diminution de leur salaire après l'entrée en vigueur de ce code. On s'en souvient, il y eut un long et vigoureux débat là-dessus et les syndicats avaient réclamé une augmentation qui devait permettre au moins de maintenir le Smig à son niveau d'avant le nouveau code. Suite à quoi, il y eut les deux augmentations de l'été 2004 : +5% le 7 juin et +5% le 1er juillet. Ainsi, le Smig horaire passait à 9,66 DH et, en théorie, à 1845 DH par mois, soit légèrement plus que les 1826 DH qui étaient en vigueur auparavant, mais pour quatre heures de moins travaillées par semaine !
Vient ensuite l'augmentation de 10 % de 2008 dans le cadre du dialogue social, une augmentation étalée sur deux ans, à raison de 5% par an, sauf pour le secteur du textile et habillement qui bénéficia d'un étalement sur quatre ans. En cinq ans, donc, le Smig mensuel qui était de 1826 DH dans l'industrie est passé à 2 032 DH. En annulant l'effet de rattrapage dû au nouveau code (deux augmentations de 5% chacune) la hausse n'est que de 11,3%.
Les syndicats continuent à demander un Smig à 3 000 DH par mois !
Aujourd'hui (sauf pour le textile, encore une fois), le Smig dans l'industrie est à 10,64 DH l'heure et à 2 032 DH pour ceux qui ont la chance de travailler un mois. Pour les syndicats, c'est très insuffisant. Et cette question, d'ailleurs, s'invite régulièrement à la table des discussions dans le cadre du dialogue social. Des syndicats ont même revendiqué un Smig mensuel de 3 000 DH «au minimum». Mais ni le gouvernement ni le patronat n'entendent discuter pareille revendication. Le premier parce que, explique-t-il sans cesse, il a déjà procédé à des revalorisations salariales et à deux baisses successives de l'impôt sur le revenu, le second (le patronat), en raison, dit-il, de la conjoncture et de la fragilité des entreprises face à cette conjoncture.
«Normalement, cette discussion ne devrait même pas avoir lieu. Se déchirer à intervalles réguliers sur le Smig, c'est-à-dire sur un minimum vital, c'est une perte de temps et d'énergie. Il existe une méthode simple pour clore définitivement ce dossier : indexer le Smig sur l'inflation», explique Abdellah Lefnatsa, responsable syndical UMT à Rabat. Ce que dit notre syndicaliste, c'est exactement, avec peut-être d'autres mots, le sens de l'article 358 du code du travail : «Le salaire minimum légal s'entend de la valeur minimale due au salarié et assurant aux salariés à revenu limité un pouvoir d'achat leur permettant de suivre l'évolution du niveau des prix et de contribuer au développement économique et social ainsi qu'à l'évolution de l'entreprise».
Le principe de l'indexation du Smig sur l'inflation est donc bel et bien consacré par le législateur dans le nouveau code du travail. Et en vérité, ce n'est pas une nouveauté, puisque le code ne fait que reconduire, de manière moins explicite, ce qui existait déjà depuis 50 ans, c'est-à-dire le dahir du 31 octobre 1959 relatif au relèvement général des salaires en fonction de l'augmentation du coût de la vie. Ce dahir, plus favorable aux salariés puisqu'il avait institué un «relèvement général des salaires», a été abrogé après l'entrée en vigueur du code du travail de 2004, mais l'esprit du texte y est repris, de façon plus limitée : il n'est plus en effet question de salaires de façon générale mais simplement de Smig à adosser à l'évolution des prix, ou à ce qu'on appelle plus communément l'inflation.
La crainte de la spirale inflationniste
Pourquoi cela ne se fait-il pas ou plus ? Parce que, d'une part, des employeurs ne le veulent pas, invoquant la maladresse de ceux qui ont négocié ce code du travail, «guère favorable à l'entreprise», et, d'autre part, le gouvernement croit y voir un «aliment» de l'inflation à éviter à tout prix.
Un moment, raconte un syndicaliste, Driss Jettou, lorsqu'il était encore aux affaires, était à deux doigts d'accepter le principe de ce que les syndicalistes appellent l'échelle mobile des salaires, c'est-à-dire tout simplement l'indexation de ceux-ci sur l'inflation. Il dut faire marche arrière par crainte de cette fameuse spirale inflationniste que sa mesure risquait de déclencher.
Pourtant, ailleurs, l'indexation du Smig à l'inflation et/ou à d'autres paramètres est une réalité. Pour ne prendre que les économies proches du Maroc, la Pologne par exemple ajuste son Smig une ou deux fois par an, sur la base des prévisions d'inflation du gouvernement, Malte a institué une indexation automatique, la Turquie procède à sa révision chaque année ou, au minimum, tous les deux ans, etc.
Faut-il alors lier le salaire minimal au coût de la vie ? Si l'on fait le calcul de l'inflation entre 2004 et 2009, on se retrouve avec une progression de 11,7% alors que le Smig, lui, a pris 11,3% pour une durée de travail réduite de quatre heures. On le voit, les progressions sont similaires. Si le Maroc décidait d'opter pour l'indexation, est-ce que cela nuirait réellement à la compétitivité des entreprises, comme on le dit tout le temps ici et là ? Une chose est sûre : il vaut mieux augmenter le Smig de 2% par exemple, comme moyenne annuelle d'inflation, calmement, plutôt que de devoir y céder sous la contrainte de la négociation et de manière brutale, ce qui risque de donner des hausses beaucoup plus importantes, en période de tension sociale.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.