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Cercles vicieux, plumes audacieuses : Serghini et Labied au corps à corps
Publié dans La Vie éco le 03 - 03 - 2025

Latifa Serghini dissèque Miloud Labied dans «Une quête silencieuse». Sa plume cogne, ses cercles dansent : un duel complice contre l'oubli de l'art marocain, brut et sans filtre.
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Au Maroc, l'art et la mémoire ne font pas toujours bon ménage. Entre les gloires autoproclamées et les oublis coupables, Latifa Serghini, médecin de l'âme devenue écrivaine, et Miloud Labied, peintre autodidacte aux silences éloquents, se croisent dans un dialogue qui cogne. Elle, avec sa fougue biographique, traque les oubliés de l'art marocain ; lui, avec ses toiles où le cercle tourne comme une obsession, murmure ce que les autres braillent. Dans «Miloud Labied : Une quête silencieuse», Serghini met des mots sur ses ellipses. Leurs univers résonnent, entre quête d'identité et refus des étiquettes. Ouvrons le bal.
Latifa Serghini n'est pas du genre à panser les plaies – elle les dissèque. Médecin, oui, mais surtout archéologue des âmes artistiques, elle exhume dans ses livres («Life Before Thinking», «Mohamed Hamri, peintre et saltimbanque», «Jilali Gharbaoui, le messager de l'exil») des figures que le Maroc a laissées dans l'ombre, faute de savoir quoi en faire. Avec «Miloud Labied : Une quête silencieuse», elle boucle la boucle, attrapant au lasso un fantôme discret qui glissait entre les mailles. Son style ? Un uppercut romanesque qui cogne là où ça fait mal : l'amnésie culturelle. Pas de jargon académique, pas de chichis, mais une prose qui coule comme une rivière en crue, charriant vies brisées, fulgurances créatives et silences assourdissants.
Prenez Gharbaoui. Elle ne se contente pas de raconter cet abstract man mort sur un banc parisien – elle le fait vivre, respirer, hurler. Sa plume, c'est un scalpel : précise, incisive, parfois brutale. Avec Labied, elle change de braquet : elle traque l'intime derrière le mutique, l'enfance fracassée qui se planque dans les cercles, et balance ça comme un défi au lecteur : «Vous l'aviez oublié, hein ?» Elle ne biographie pas, elle ressuscite. C'est beau, c'est rude, et ça vous laisse groggy, un peu honteux de ne pas avoir su avant. Dans «Une quête silencieuse», elle décrypte le peintre sans le noyer sous le pathos – un exploit, vu son goût pour les destinées bigger than life. Mais parfois, ses élans lyriques frôlent le mélo. On lui pardonne : dans un pays où l'histoire de l'art tient sur un post-it, elle fait le boulot de dix.
Le cercle, la vie, l'ellipse
Passons au pinceau. Miloud Labied, c'est l'anti-héros de la peinture marocaine. Né en 1939 à El Kelaâ des Sraghna, mort en 2008 à Rabat, il a traversé le siècle comme un fantôme génial, autodidacte jusqu'à l'os, fuyant les chapelles et les étiquettes. Naïf au début, disent certains – connerie. Ses premières toiles, scènes populaires et fantasmagories, sont moins naïves qu'instinctives, comme un gamin qui dessine ce qu'il voit sans demander la permission. Puis vient le virage : l'abstraction lyrique, les cercles, les courbes, une obsession géométrique qui cogne comme un mantra.
Labied, c'est le mec qui transforme un souvenir d'enfance en signature artistique. Les cercles, chez lui, ne sont pas juste des formes : ils sont des pulsions, des tourbillons, une façon de dire «je suis là» sans ouvrir la bouche. Il y a du sexe, du corps, de la nostalgie brute dans ces rondes infinies, mais aussi une rigueur froide quand il bascule dans le géométrique, avec carrés et rectangles, comme pour mettre de l'ordre dans le chaos. Et puis retour aux courbes, parce que Labied ne tient pas en place. Ses toiles, c'est un cri muet, une danse sans fin entre l'instinct et la discipline.
Critique ? À force de zapper entre styles, il désoriente. Ses admirateurs s'y perdent, les galeristes aussi. Mais c'est là sa force : il ne vend pas du prêt-à-porter artistique. Sa Fondation des Arts Graphiques à Assif El Mal, rêve d'un refuge pour la création, reste un symbole de son isolement – un mec qui peignait pour lui, pas pour les autres. Moins tapageur qu'un Gharbaoui, moins connecté qu'un Hamri, Labied est un OVNI, et c'est tant mieux.
Serghini et Labied, c'est une collision qui fait des étincelles. Elle, avec sa fougue narrative, lui, avec ses silences picturaux. Dans «Une quête silencieuse», elle ne se contente pas de raconter : elle fait danser les cercles de Labied avec ses phrases, met des mots sur ses toiles comme on pose une main sur une épaule muette. Peut-être qu'il l'aurait snobée, lui et son besoin de tout dire ; peut-être qu'elle l'a trouvé trop elliptique pour son goût des grandes fresques. Pourtant, ils se comprennent : tous deux creusent dans l'intime, refusent les cases, défient l'oubli. Le livre est une poignée de main posthume, un récit où la plume cogne aussi fort que le pinceau esquive. Lisez-la, regardez-le. Et secouez-vous : l'art marocain mérite mieux que nos mémoires en gruyère.


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