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Dyslexie au Maroc : ces enfants marginalisés à cause de leur difficulté d'apprentissage
Publié dans La Vie éco le 07 - 01 - 2013

Les dyslexiques souffrent d'une difficulté durable d'apprentissage et de lecture. Ils ne sont pas considérés comme des handicapés. Selon les estimations, entre 5% et 10% de la population écolière seraient concernés.
Mère d'un garçon de huit ans, Meriem D. se plaint, d'un ton amer, que son enfant souffre de problèmes scolaires liés à sa dyslexie, et les troubles d'articulations dont il est l'objet sont si sévères qu'il devient souvent la risée de ses camarades de classe. L'état de l'enfant, suivi depuis l'âge de quatre ans par un orthophoniste, s'améliore tant bien que mal, raconte la maman, mais ses résultats scolaires restent toujours moyens. «Le problème, ajoute-t-elle, c'est que l'évolution est lente par rapport à la complexité du programme scolaire, sachant qu'il est en CE2, dans une école privée (à Rabat), et au début de chaque année, je suis obligée de m'y rendre pour sensibiliser ses instituteurs sur son cas afin qu'ils prennent sa maladie en considération et savoir comment lui réserver un traitement spécial». Mais la dame est abasourdie de constater que la directrice n'hésite pas à faire redoubler la classe à son enfant. Même si ses résultats ne sont pas toujours mauvais, «elle ne cherche qu'à garder les bons élèves dans son école, ceux qui ont des difficultés liées à leur état de santé ne l'intéressent pas», accuse-t-elle.
Comme Meriem, des milliers de parents d'enfants dyslexiques ne savent pas à quel saint se vouer. En désespoir de cause ils jettent leurs plaintes sur internet comme on jette une bouteille à la mer, leur désarroi n'a d'égal que leur inquiétude de voir leurs enfants traités de paresseux et de stupides à l'école, ce qui les agace et les rend furieux. Nada B. est l'une d'entre elles : mère d'un enfant de 14 ans, elle a découvert la maladie de son fils depuis la première année à l'école. Alertée par l'établissement (Mission française), elle a consulté un orthophoniste qui a suivi le cas de son garçon pendant cinq ans, mais aussi par une psychomotricienne. «Il réussissait avec à peine 11 de moyenne, raconte la mère, et j'étais obligée de lui amener à la maison des profs pour le soutenir dans quelques matières. Il est maintenant au collège, mais ses résultats ne sont pas satisfaisants. En juin dernier, la directrice m'a proposé qu'il redouble la classe, l'orthophoniste était du même avis, mais la psychomotricienne était contre, car elle considère que mon fils est grand de taille, et redoubler va lui saper le moral. J'étais vraiment confuse et ne savais plus quoi faire». Pour sauver son fils, elle a opté pour une autre solution : lui faire changer d'école, là où un suivi pour ce genre de maladie est plus soutenu, quitte à y mettre le prix.
Des cancres, les dyslexiques ? Rien n'est moins sûr. Qu'on en juge : des hommes d'Etat comme John Kennedy ou George Bush, de grands cinéastes comme Steve McQueen ou Steven Spielberg, et des écrivains de talent comme Agatha Christie étaient diagnostiqués dyslexiques, des élèves fâchés avec la lecture et l'écriture, mais qui sont arrivés à des sommets, chacun dans son domaine.

Ils sont forts en maths et en physique, pas en lecture et en écriture
C'est quoi d'abord une dyslexie ? L'Organisation mondiale de la santé (OMS) en donne cette définition : «C'est une difficulté durable de l'apprentissage et de la lecture ainsi que de l'acquisition de leurs automatismes, chez des enfants intelligents, normalement scolarisés, indemnes de troubles sensoriels et de troubles psychologiques préexistants». Et ils sont loin d'«être inintelligents», confirme Warda Zine, orthophoniste à Casablanca. Mais s'ils sont forts en mathématiques ou en physique, les dyslexiques ont du mal à apprendre à lire et à écrire. «Ils confondent les sons en prenant par exemple le B pour un P, le T pour un D… En plus de leur confusion auditive, ils ont du mal à s'orienter dans l'espace, ils sont maladroits, et il leur arrive de traverser des troubles de mémoire», résume l'orthophoniste.
La dyslexie n'est jamais considérée comme un handicap, à l'instar de l'autisme ou de la trisomie, et ce n'est même pas une maladie avec des symptômes physiques ou psychologiques qui peuvent, très tôt, alerter les parents. Ce n'est généralement qu'une fois à l'école, à travers leurs difficultés scolaires, que les parents découvrent le «défaut» de leurs enfants. «Souvent, les parents ont du mal à l'accepter car ils savent, dans la pratique de tous les jours, que leurs enfants sont loin d'être bêtes. Par conséquent, beaucoup hésitent à consulter un spécialiste, or si tôt ils le font, meilleurs seront les résultats», ajoute la spécialiste.
Combien il y a de dyslexiques au Maroc ? Difficile de le savoir, tellement le «handicap» est difficile à cerner, et dans la majorité des cas les dyslexiques sont confondus avec les mauvais élèves qui, pour une raison ou une autre, n'arrivent pas à suivre le rythme normal de travail en classe. Mais selon des estimations, leur nombre serait le même que dans tous les pays du monde : entre 5% et 10% de la population écolière. Cependant, ils ne sont pas tous logés à la même enseigne : ceux qui fréquentent les écoles privées et les missions étrangères sont mieux traités et sont, question de moyens, suivis par des orthophonistes et des psychomoteurs. Les autres, ceux des écoles publiques, sont noyés dans la masse, ils ne sont pas toujours repérés par leurs enseignants, ni traités comme des cas nécessitant une attention particulière.
Cela dit, nombre de leurs parents ne sont pas restés les bras croisés Ils se mobilisent pour attirer l'attention et des enseignants et du ministère de tutelle sur le cas de leurs enfants, pour qu'un traitement spécial leur soit accordé en classe, et aussi et surtout au moment des contrôles et des examens. Hors de question de les isoler en les séparant des autres, ils devront suivre leur scolarité dans des classes normales. A souligner que même les handicapés, ou déclarés ainsi, ne doivent, selon les conventions internationales, être isolés des autres élèves déclarés «normaux».

L'académie de Rabat-Salé n'est pas restée insensible
Samira Kasmi, enseignante a la Faculté de droit de Salé, est de ceux qui bataillent pour revendiquer un meilleur traitement pour ces enfants. Ils sont une quarantaine à militer, depuis 2006, dans le cadre de l'Association des parents des enfants dyslexiques (APED), créée spécialement pour réclamer un suivi de leurs enfants pour leur réussite scolaire, voire une loi les protégeant et éviter ainsi leur marginalisation au sein de l'école.
Elle-même mère d'un garçon qui souffre, dit-elle, «de ce fossé qui existe chez ces enfants entre l'assimilation du langage écrit et sa reproduction», elle n'a pris conscience, elle aussi, du mal de son garçon qu'une fois à l'école primaire. Et depuis, elle ne cesse de frapper à toutes les portes pour valoriser et respecter les droits de l'enfant dyslexique, encourager au dépistage et à la prise en charge précoce des cas avérés. Non sans résultat : ces dernières années, se félicite-t-elle, l'Académie régionale de l'éducation et de la formation (AREF) de Rabat-Salé-Zemmour-Zaër, suite à cette sensibilisation, n'est pas restée insensible. Elle commence, après avoir écouté les doléances de l'association, de suivre les cas diagnostiqués dyslexiques, et demander aux enseignants de donner un coup de main à ces élèves pour la compréhension de l'énoncé des examens, et en leur accordant plus de temps que les autres (voir entretien). Et les résultats ont été plutôt encourageants. La directrice de cette académie régionale, Tijania Fertat, le confirme.

Le ministère sensibilise les enseignants en ce qui concerne les handicapés, jamais sur les dyslexiques
L'expérience qu'elle a menée avec ces élèves «n'est dictée par aucune circulaire du ministère, c'est nous-mêmes qui avons pris l'initiative», déclare-t-elle à La Vie éco. Certes, il y a la circulaire 08/98 qui exhorte les directeurs des établissements scolaires à adapter les examens aux élèves handicapés, mais ne mentionne à aucun moment les dyslexiques qui, eux, ne sont pas considérés comme tels. La directrice de l'académie fait en sorte d'adapter ces examens à cette catégorie aussi. «Certains sont incapables d'écrire les réponses, mais ils comprennent et sont capables de le faire oralement. On envoie donc quelqu'un les aider pendant les examens pour mettre leurs réponses sur papier. Je me rappelle qu'une fois l'un d'eux a même eu les meilleures notes. Au début, comme je redoutais une fraude, j'ai constitué un comité d'inspecteurs pour enquêter sur ce cas. Le résultat de l'enquête a confirmé ces notes. Il est temps de créer un module lors de la formation des enseignants, dédié à cette catégorie d'élèves».
Maintenant, que dit l'orthophoniste ? Comment procède-t-il ? Warda Zine insiste d'abord sur le suivi médical qui doit se faire le plus tôt possible pour sauver l'enfant de l'échec scolaire. Sa prise en charge nécessite plusieurs séances qui peuvent s'étaler sur des années. L'orthophoniste rédige chaque année un bilan à l'attention de l'école pour que l'enfant puisse bénéficier de la compréhension nécessaire.

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