Diplomatie : Nasser Bourita reçu à Moscou par Sergueï Lavrov    BLS accelerates its build-up strategy through the integration of Transload    Aéronautique : la plateforme de Benslimane se dote d'un centre de maintenance    Programme Emergence : l'ACAPS accélère la transformation numérique    Youssef Amrani réaffirme à Washington la vocation numérique du Maroc au service du développement et de la jeunesse    Pour Omar Hejira, le Maroc érige le secteur pharmaceutique en levier de souveraineté sanitaire et de croissance    Les températures attendues ce vendredi 17 octobre 2025    USA : Trump annonce qu'il compte rencontrer Poutine prochainement à Budapest    Yassine Bounou prolonge son contrat avec Al-Hilal jusqu'en 2028    Avions militaires : MAM lance la construction d'un hangar de maintenance lourde à Benslimane    Le temps qu'il fera ce vendredi 17 octobre 2025    Le Maroc et la Russie d'accord sur le fait que le droit international ne peut être interprété pour entraver le règlement de la question du Sahara    HCP. La confiance des ménages s'essouffle au troisième trimestre    Zina Idhali reçoit le ministre conseiller de l'ambassade de Chine pour renforcer la coopération parlementaire entre le Maroc et la Chine    La Chine.. leader des trains à grande vitesse électrifiés    Rabat et Moscou : un partenariat stratégique qui consacre le principe de souveraineté et d'intégrité territoriale des deux pays, et confirme la reconnaissance russe du Sahara marocain    La Russie salue le rôle de SM le Roi, Président du Comité Al-Qods, pour le règlement pacifique de la question palestinienne    Fútbol: Azzedine Ounahi saborea su renacimiento con el Girona FC    Shanghai simplifie ses services pour mieux accueillir les professionnels étrangers    Roma: La Agencia Marroquí de Cooperación Internacional reconocida por la FAO    Service militaire : 1 943 jeunes appelés au 40e contingent à Benslimane    Voyageurs marocains : ce qu'il faut savoir sur les nouvelles règles aux frontières européennes    Le nouvel ambassadeur des Etats-Unis au Maroc prête serment    L'INPLCC suspend un marché suite aux soupçons de « Conflit d'intérêts »    Mondial U17 féminin : L'ambassadeur d'Espagne reçoit la Rojita dans sa résidence à Rabat    France : Marion Maréchal devant la justice pour diffamation contre une école musulmane    Espagne : Au Parlement, les extrêmes s'allient contre l'accord Maroc–UE incluant le Sahara    GenZ 212 : Jusqu'à 15 ans de prison pour 17 accusés des émeutes à Ait Amira    Who are the three goalkeepers who marked Morocco's U20 World Cup semi-final?    De Tolstoï au Bolchoï : la Russie dévoile sa nouvelle saison culturelle à Rabat    Ouahbi : les Lionceaux aspirent à ramener la coupe du Monde U20 au pays    Les Lionceaux de l'Atlas en finale de la Coupe du Monde U-20 2025    Benchaouch blessé mais heureux : "Le plus important, c'est la victoire"    Exonérations sociales : L'arrêté n°1314.25, un tournant pour la protection sociale au Maroc    Les températures attendues ce jeudi 16 octobre 2025    L'Uruguay vote une loi autorisant l'euthanasie, une première en Amérique latine    Sous le Haut Patronage de S.M. le Roi, un opéra de la Fondation El Akademia Masterclass célèbre le cinquantenaire de la Marche Verte    Kebir Mustapha Ammi : « Il faut accepter que l'autre, fut-il notre adversaire, possède une part de vérité »    Météo : Averses orageuses localement fortes avec rafales de vent ce jeudi    Le Colonel Randrianirina prend les rênes de Madagascar    M.A.M : Une soirée inaugurale pour ranimer l'âme plurielle du Maroc en musique    Fusion Show Ayta D'Bladi : Hajib, Douzi, Stati, Daoudi, ... têtes d'affiche de la 1ère édition    N.A.M.E. : Un nouveau format d'événements voit le jour à Rabat    « Goundafa » : la voix amazighe du Maroc résonne au Festival du Caire    Futsal (Amical) : La liste des Lions pour la double confrontation Maroc – Espagne    Mondial U20 / Maroc – France : Othmane Maâmma, le Rolando marocain, MVP !    Marwan Rahiki, l'éclair marocain qui frappe à la porte du sommet de l'UFC    De Béarn à la vallée de Kelâat M'gouna, Hafsa Chakibi suit les routes de la rose [Portrait]    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Umm Kuha et le CNDH
Publié dans La Vie éco le 03 - 11 - 2015

N'en déplaise aux médias férus de polémique, le débat sur l'héritage n'opposerait pas les laïques aux islamistes
La question de l'égalité et de la parité est au cœur de l'agenda politique sur la mise en œuvre des objectifs de la nouvelle Constitution. Il est donc tout à fait légitime que le Conseil national des droits de l'Homme fasse le point sur cet aspect du chantier législatif, livre au débat ses recommandations en matière de droits économiques, sociaux et culturels, y compris «la transposition de la non-discrimination relative à la succession dans l'ordre juridique national». La législation successorale est inégalitaire. C'est un fait. Pourquoi cette levée de boucliers sur cette question, fût-elle complexe et sensible ? Ne faudrait-il pas interpeller les politiques, Ahl ray, les intellectuels et impliquer les citoyens sur cette question, dans un débat de société serein et constructif.
Rappelons qu'il y quinze siècles, Umm Kuha, une «citoyenne» de Médine, est venue se plaindre au Prophète d'avoir été lésée dans ses droits à l'héritage d'un patrimoine laissé par son mari et confisqué par ses proches. C'est ce fait qui est considéré Sabab Nouzoul du verset «Dieu vous recommande, en ce qui concerne vos enfants : aux garçons l'équivalent de la part de deux femmes» (Sourate Annissaa). Rappelons qu'en cette période, les Arabes ne reconnaissaient aucun droit à l'héritage ni aux femmes ni aux enfants. La révélation de ce verset a corrigé une injustice sociale. Rappelons aussi que ce verset n'est pas unique, une quinzaine de versets concernent le devenir des biens laissés par le défunt. L'héritage dépend entre autres du degré de parenté et de la responsabilité qui incombe à l'héritier vis-à-vis de sa famille. Dans le système successoral musulman cohabite une multitude de cas où la femme hérite de la moitié de ce qu'hérite l'homme, d'autres où elle hérite la même part ou plus que celle de l'homme, d'autres où elle hérite seule. Rappelons enfin que le Saint Coran traite de trois modalités de transmission du patrimoine : la wassiyya ou le legs testamentaire; la atiyya ou donation et le werth ou l'héritage. Pour autant, faut-il considérer que le système successoral est clos ? Deux raisons essentielles militent pour voir les choses autrement : le monde change et la pensée est appelée à épouser ces changements. Le régime successoral est discriminatoire, fondé encore sur les privilèges masculins. Le déphasage est de plus en plus flagrant entre le système légal de transmission des biens par héritage, bâti sur le modèle traditionnel de la famille patriarcale et les structures actuelles de la famille moderne, famille de type conjugal. Il faut donc mettre le dispositif juridique en harmonie avec la nouvelle échelle de valeurs en usage dans la société. Les portes de l'Ijtihad ne sont pas fermées même si l'herméneutique classique le réduit dans ses méthodes et limite son champ d'application. Le Saint Coran est un stimulant pour la vie de l'esprit. Il faut éviter de tomber dans ce que Mohammed Arkoun a qualifié de paradoxe de l'islam; ce fossé qui se creuse dans le parcours de la vie entre deux voies : «celle que la Parole de Dieu et le Modèle exemplaire du Prophète fondent et orientent vers le salut éternel et celle de la réalité objective de l'historicité telle que l'impose l'écriture critique de l'histoire concrète» (Humanisme et Islam, Combats et propositions). La thématique de l'héritage est donc sujette à des interrogations, des révisions, des réévaluations des connaissances. Au niveau du vécu en terre marocaine, le droit coutumier a imprégné la Shari'a. La pratique d'Al Kad ou S'aya, prévalant dans la région de Souss, permettait à une femme mariée de disposer d'une partie du patrimoine légué par son époux à son décès avant de bénéficier de sa part comme héritière. Cet acte intervenait comme une reconnaissance de la participation de la femme à l'accumulation du capital du foyer. Ce droit coutumier a été appliqué dans la région des Jbalas par des fouqahas. Plus récemment cette pratique a inspiré des jugements des tribunaux sur la question du partage des biens après le divorce.
Les systèmes moraux, juridiques ou religieux ont toujours admis la distinction fondamentale entre l'esprit et la lettre de la loi. Macqâcid a-Shari'a n'ont pas d'autres finalités que d'introduire dans la loi les ajustements et les affinements nécessaires à son adaptation à l'évolution des mentalités et des besoins. Les docteurs de la loi ont eu recours à cette technique rationaliste pour élargir les horizons d'un droit figé dans un système rigide scolastique de législation (taqlîd), dépassé par les circonstances historiques. C'est ainsi qu'Allal al-Fâssî (Maqâçid a-Shari'a al-islâmiyya), Abdelhadi Boutaleb (cf. Pour mieux comprendre l'islam) ont repensé les droits de la femme en tenant compte à la fois de la stabilité familiale et de l'impératif de justice prôné par le Saint Coran. Aujourd'hui, des chercheurs appartenant à des générations plus jeunes, d'ici ou d'ailleurs, mobilisent les avancées des sciences sociales, dévoilent les aspects misogynes de l'herméneutique classique et nous invitent à moderniser notre législation, y compris dans le volet droits de succession. L'islam a consacré le principe de la liberté universelle avec ses trois ramifications fondamentales : la liberté de pensée (plusieurs versets du Saint Coran), la liberté de conviction (pas de contrainte en religion : sourate Al baqara) et la liberté d'expression (concept de Shûra consacré par les sourates 'âl imran et Shûra). En le faisant, il a opté pour la loi de la raison, non pour celle des ancêtres, des usages et des coutumes. N'en déplaise aux médias férus de polémique, le débat sur l'héritage n'opposerait pas les laïcs aux islamistes. Au plus profond de ce débat gît la réflexion sur l'islam libéral. Si quelques milieux veulent s'opposer ou ignorer la laïcité, il faut rappeler que des laïcités de toutes sortes se sont introduites dans son vécu social et politique comme l'ont si bien démontré un Abdellah Laroui et un Abdou Filali-Ansari.(cf. L'islam est-il hostile à la laïcité ?). Le débat est plutôt interne à l'islam, celui de libérer la pensée islamique des fermetures dogmatiques imposées par des siècles de lecture close, répétitive et rigide du texte coranique, et qui ont fini par instituer ce que Yadh Ben Achour appelle «l'impensé et l'impensable dans la pensée islamique» (cf. La deuxième Fatiha, l'islam et la pensée des droits de l'homme). Refuser le débat sur cette question c'est épouser une lecture littérale du texte révélé, et s'enfermer dans l'herméneutique classique, qui a dominé l'univers mental du monde musulman au cours des quinze siècles d'existence.
Larabi Jaïdi. La vie éco


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.