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Comme à chaque Ramadan
Publié dans La Vie éco le 29 - 06 - 2016

Le droit accompagne-t-il ou précède-t-il l'évolution sociale ? Cette question théorique sur laquelle a eu à réfléchir tout étudiant en droit se pose à nous avec acuité. Faire barrage au djihadisme, donner un coup d'arrêt à la régression en cours ne passe-t-il pas, a contrario, par l'élargissement des libertés individuelles ?
Dans sa grande mansuétude, la justice marocaine a reconnu des circonstances atténuantes aux deux jeunes de Zagora qui ont rompu le jeûne en buvant de l'eau. Prenant en compte la chaleur caniculaire qui sévissait ce jour-là, elle a eu la main légère en ne les condamnant qu'à deux mois de prison avec sursis. Elle les a toutefois reconnus coupables au regard de l'art 222 qui dispose que «celui qui, notoirement reconnu pour son appartenance à la religion musulmane, rompt ostensiblement le jeûne dans un lieu public pendant le temps du Ramadan, sans motif admis par cette religion, est puni de l'emprisonnement d'un à six mois de prison et d'une amende de 200 à 500 DH». Qu'il fasse 40° à l'ombre et que l'on travaille comme manutentionnaire à porter des marchandises au souk sous un soleil plombant n'enlève rien au délit. Pour être en conformité avec la loi, les deux jeunes gens de Zagora auraient dû jouer avec leur santé au risque de faire un coma par déshydratation plutôt que de se désaltérer. Voilà ce que dit la loi, et voilà ce que pensent les juges qui l'appliquent.
Ces jeunes de Zagora ne sont pas des militants. Ils ne sont pas engagés dans le combat pour les libertés individuelles et donc contre l'article 222. Ce sont des Marocains lambda qui ont bu parce qu'ils travaillaient durement sous le soleil et que leur soif est devenue intenable. Un cas de figure fréquent en situation de Ramadan pendant l'été et qui était habituellement accepté. La nouveauté n'est donc pas dans cette rupture du jeûne, mais dans ce qui a conduit ces personnes devant les juges ; ce quelque chose, c'est la montée en pointe de l'intolérance. Un exemple supplémentaire de la régression en cours et sur laquelle continuer à fermer les yeux met en péril une certaine idée du Maroc. Comme à chaque Ramadan, le débat autour de l'article 222 refait surface, alimenté par la multiplication de pareils incidents. Les adversaires de sa suppression brandissent comme argument massue le conservatisme social, le fait que la société marocaine ne serait pas prête à accepter pareille révolution, tout comme elle rejetterait des avancées sur les autres questions de libertés individuelles (relations sexuelles hors mariage, homosexualité, avortement, etc.). Ils n'ont pas tort vu la «wahabisation» des esprits engendrée par un enseignement sur lequel le fondamentalisme a fait main basse pendant plusieurs décennies. Mais nous sommes aujourd'hui face à une question majeure. Quel Maroc voulons-nous ? Jusqu'à quand allons-nous laisser les forces régressives tirer le pays vers le fond ? La barbarie du terrorisme djihadiste salit chaque jour un peu plus le visage de l'islam. Elle soulève l'indignation de la majorité des musulmans. Mais que penser de ces concitoyens qui, sans être des «terroristes», vont justifier pareilles exactions ? Vont dire comprendre qu'on puisse tirer froidement sur des homosexuels en raison des «péchés» commis par ces derniers. A voir le nombre de réactions dans ce sens sur les réseaux sociaux, on mesure à quel point le mal est profond. En décidant le «nettoyage» des manuels scolaires», le ministre de l'Education nationale tente de donner un coup d'arrêt à la diffusion de cette idéologie régressive dans l'enseignement. Il en va de même de la politique menée sur instructions royales par le ministère des habous pour diffuser un islam ouvert et tolérant. Ne serait-il pas temps que la justice, à son tour, s'implique dans cette bataille ? Le droit accompagne-t-il ou précède-t-il l'évolution sociale ? Cette question théorique sur laquelle a eu à réfléchir tout étudiant en droit se pose à nous avec acuité. Faire barrage au djihadisme, donner un coup d'arrêt à la régression en cours ne passe-t-il pas, a contrario, par l'élargissement des libertés individuelles? Ahmed Raissouni, principale référence théologique du PJD, vient de créer la surprise en se déclarant favorable à l'annulation de l'article 222 du code pénal. Tout en précisant qu'il ne partage pas la position des militants qui défendent le droit de ne pas jeûner, il affirme que la question relève de la liberté de conscience de chaque individu et ne doit en aucun cas faire l'objet d'une enquête policière ou d'une condamnation en justice. Que cette prise de position iconoclaste, surprenante et inattendue, intervienne dans le contexte actuel, n'est pas anodin. Elle témoigne de la prise de conscience, aux échelons les plus divers, de l'urgence à agir pour arrêter la dérive. Mais quid du courage politique ? Big question !


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