Le dernier passage d'Abbas El Fassi devant le Parlement a laissé les locataires du «bâtiment de la législature», notamment les centrales syndicales, sur leur faim. Lundi, le Premier ministre avait, en effet, et une fois encore rendez-vous à l'hémicycle pour apporter des réponses aux interventions des présidents des groupes parlementaires de la Chambre des conseillers, après la présentation, la semaine dernière, du bilan de l'action gouvernementale. L'essentiel de ces réponses, retransmises en direct à la télévision, allait tourner autour des préoccupations majeures de l'action syndicale : dialogue social, pouvoir d'achat, couverture sociale... «Le gouvernement a répondu favorablement à la demande d'institutionnalisation du dialogue social et adopté une approche globale qui ne réduit par le dialogue social à une simple satisfaction des revendications matérielles», a déclaré le Premier ministre. Prestations et failles Mieux encore, pressentant une nouvelle vague de mobilisation des syndicats qui coïncide avec le calendrier des rounds du dialogue social tripartite, il affirmera que le gouvernement et les acteurs économiques et sociaux poursuivront «la mise en œuvre des réformes programmées, notamment celles concernant les systèmes de retraite et la grille des salaires». Autre clé de secours pour sauver la mise face à des syndicats de plus en plus insatisfaits, même parmi ceux qui tournent en satellite autour de la majorité, la poursuite, sur les deux années restantes, de la réforme du système de compensation. Selon le chef de l'Exécutif, l'objectif derrière cette action est «de protéger le pouvoir d'achat des citoyens, en particulier celui de la classe moyenne et des démunis». Cette affirmation est contestée au sein des syndicats proches des partis de l'opposition, notamment au sein de l'Union nationale du travail au Maroc (UNTM). Abdallah Attach, conseiller enrôlé sous la bannière de ce syndicat proche du PJD, ne manquera pas de relever que «les réalisations sur le volet social, contenues dans la déclaration de Premier ministre, prouvent que le dialogue social n'a toujours pas répondu aux attentes des classes ouvrières». Cet avis est partagé par Ahmed Behnis, un autre syndicaliste du groupe de l'Union marocaine du travail (UMT). Commentant l'action du gouvernement à mi-mandat, ce dernier a expliqué que la situation sociale dans le pays est marquée par des déficits patents, en raison de la détérioration du pouvoir d'achat des salariés, la hausse des prix et la spéculation sur les produits de consommation. Pour lui comme pour les centrales syndicales représentatives ou non, les prestations sociales connaissent encore des faiblesses, surtout dans le milieu rural. Pour ce Maroc enclavé, El Fassi a affirmé lundi que son équipe a procédé à l'accélération du rythme du désenclavement du monde rural : 500 kilomètres de routes rurales de plus... en un an.