La croissance indienne a retrouvé son rythme d'avant la crise financière mondiale. Au premier trimestre 2010, elle s'est établie à 8,6%, et sur l'année fiscale 2009-2010, qui se termine au 31 mars, elle a légèrement dépassé les prévisions du gouvernement, en atteignant les 7,4%. Les performances de l'économie restent toutefois très inégales, avec d'un côté les secteurs de l'industrie et des services, qui enregistrent des croissances proches de 10%, et de l'autre un secteur agricole qui n'a progressé que de 0,2% sur l'année. La production manufacturière a bondi de 16,3% au premier trimestre 2010, par rapport à la même période de l'année précédente. Elle profite de la hausse des exportations, qui, en mars, ont augmenté de 51% sur un an, et de la forte demande intérieure dans des secteurs comme l'automobile. En avril, les constructeurs indiens ont enregistré une hausse de près de 40% de leurs ventes, soit la meilleure performance depuis 1999. La croissance de l'industrie indienne devrait créer de nombreux emplois faiblement qualifiés, contrairement aux services informatiques, qui rapportent des devises étrangères mais embauchent peu de main d'œuvre. Le secteur informatique ne fait travailler que 0,2% de la population active du pays. L'agriculture traîne le pas Même si la croissance indienne retrouve son niveau d'il y a deux ans, plus de la moitié des habitants, ceux qui vivent directement ou indirectement des revenus liés au secteur agricole, n'en profitent toujours pas. L'Inde a connu en 2009 la pire mousson de ces vingt dernières années, et la croissance agricole a été pratiquement nulle. Cet accident climatique ne doit pas faire oublier la crise structurelle qui frappe le secteur. Sa part dans la production de richesse nationale ne cesse de diminuer et n'a contribué, lors de la dernière année fiscale, qu'à 17% du produit intérieur brut (PIB). Les paysans souffrent d'un manque d'investissement dans les infrastructures et d'une faible productivité. Tandis que la consommation a stagné, ce sont surtout les investissements des entreprises qui tirent la croissance du pays. Ces derniers se sont élevés à 34% du PIB, à des niveaux proches d'avant la crise financière mondiale. Les investisseurs étrangers reviennent en Inde. Ils ont injecté 22,8 milliards de dollars (18,6 milliards d'euros) entre avril 2009 et janvier 2010 dans le pays, alors qu'ils avaient retiré 11,9 milliards de dollars sur la même période de l'année précédente. La croissance 2009-2010 a enfin bénéficié des dépenses publiques engagées au début de l'année 2009 pour lutter contre les effets de la crise mondiale. Mais le gouvernement doit désormais faire face à un déficit qui représente 11% du PIB. Et, d'après le Fonds monétaire international, la fin du plan de relance devrait affecter l'économie indienne à hauteur de 2% du PIB en 2010. La hausse de la demande de produits manufacturés et la baisse de la production agricole ont entraîné une inflation à deux chiffres.