Les dirigeants de l'assureur britannique Prudential vivent peut-être leurs derniers jours de répit. Après leur échec à acheter la filiale asiatique d'AIG tout en perdant plus de 500 millions d'euros dans cette tentative, ils n'ont pas l'intention de démissionner, mais devront affronter leurs actionnaires ce lundi lors de l'assemblée générale annuelle du groupe. Cette réunion aurait dû entériner le rachat à 35,5 milliards de dollars (près de 30 milliards d'euros) d'AIA, une acquisition géante qui aurait fait de Prudential, de loin, le plus gros acteur de l'assurance en Asie, zone de très forte croissance pour cette activité.Mais depuis son annonce le 1er mars, le rachat, pourtant initialement accepté par AIG, ravi de trouver un moyen de rembourser au gouvernement américain une partie de ce qu'il lui doit depuis la crise, a subi plusieurs revers jusqu'à l'annonce officielle de son échec mercredi. Le management mis en cause Dès les premières difficultés, de petits actionnaires avec à leur tête Robin Geffen, de Neptune Investment Management, ont annoncé qu'ils réclameraient en cas de malheur la tête du DG franco-ivoirien Tidjane Thiam, en poste depuis seulement huit mois après avoir été directeur financier du groupe. La direction a vivement contre-attaqué vendredi dans les colonnes du Financial Times. Le président Harvey McGrath, lui aussi sur la sellette, a indiqué que le conseil d'administration soutient complètement la direction. «Personne n'a proposé sa démission et on n'a demandé à personne de démissionner», a-t-il déclaré. Selon lui, «les plus gros investisseurs disent qu'ils ne veulent pas voir de changement à la tête du groupe». Thiam a estimé pour sa part que c'était une erreur d'essayer de faire un lien entre son incapacité à mener à bien ce rachat, et sa capacité en général à diriger une entreprise. «Que je n'aie pas d'expérience en matière de transactions à 35 milliards de dollars, c'est vrai, mais peu de gens ont de l'expérience en matière de transactions à 35 milliards de dollars», a-t-il ironisé. Si les grands actionnaires sont généralement discrets lors des assemblées générales, Thiam et McGrath peuvent néanmoins s'attendre à des critiques virulentes d'actionnaires privés, reconnaissait vendredi un proche du groupe à la presse internationale, d'autant que ceux-ci n'auront pas grand-chose d'autre à faire lors de cette réunion à l'agenda désormais indigent. Il leur sera tout au plus demandé de voter sur le renouvellement d'administrateurs, mais ni Thiam ni McGrath ne sont concernés cette année.