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La fin des préjugés ?
Publié dans Les ECO le 19 - 06 - 2013

Vers où les entreprises françaises délocalisent le plus? Pourquoi, comment et quels sont les secteurs les plus orientés? Une étude que vient de réaliser l'Institut national français de la statistique et des études économiques (INSEE) vient apporter des éléments de réponses. L'étude, publiée la semaine dernière, n'analyse ni ne rapporte des informations longuement ressassées. S'appuyant sur les chiffres et les tendances actuelles, elle remet en cause certaines idées qui faisaient jusque-là office de préceptes économiques. L'étude de l'INSEE s'avère d'autant plus intéressante pour les entreprises marocaines, à l'heure où le partenariat de co-localisation liant depuis peu le Maroc et la France est censé apporter une nouvelle dynamique à la coopération économique entre les deux pays. Ce partenariat, dont les mécanismes restent à définir, soulève des inquiétudes de part et d'autres sur son réel impact. En s'appuyant sur les conclusions de l'étude, on serait tenté de se demander si le Maroc a quelque profit à tirer du partenariat de co-localisation industrielle qui le lie à l'Hexagone, en dépit des assurances données tant du côté des responsables politiques que des hommes d'affaires. Il est vrai que le contexte économique mondial et les nouvelles tendances du commerce au niveau international imposent à chaque pays de revoir son modèle de coopération économique. Parmi les alternatives pour faire -entre autres- face à la rude concurrence pour l'accès à de nouveaux marchés, figure la conclusion de partenariats multiformes tendant à renforcer l'agressivité commerciale des entreprises. La co-localisation constitue, vue sous cet angle, un puissant levier pour le Maroc qui s'est allié à un partenaire historique pour accompagner l'expansion de ses entreprises nationales. Pour ce faire, les entreprises marocaines comptent miser -notamment- sur l'expertise française, en plus du fait que l'Hexagone constitue un marché aux fortes potentialités. En théorie, donc, le Maroc et la France ont tout à y gagner, sachant que cette dernière est à la recherche d'un nouveau souffle pour son commerce extérieur. Cependant, on est encore loin du compte, à l'heure où le partenariat est en attente de concrétisation. Hormis quelques exceptions, les inquiétudes soulevées principalement du côté français, tendant parfois à freiner l'élan pris depuis quelques mois, risquent de s'avérer fausses.
Idées reçues
Les entreprises marocaines auront, donc, beaucoup à gagner des principales conclusions de cette étude, qui donne des pistes pour d'éventuels partenariats avec leurs homologues français. Ceci constitue un préalable pour pouvoir réellement profiter de la concrétisation de cette dynamique, chose qui n'est pas sans soulever des vagues. Il faut d'ailleurs noter que la publication de l'étude de l'INSEE est intervenue quelques jours avant la déclinaison de la «politique française de localisation et relocalisation d'activités industrielles», élaborée par le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg. En clair, il s'agit d'une série de mesures visant à rapatrier sur le territoire français les entreprises ayant eu recours à l'externalisation. Cette politique du ministre français a fait couler beaucoup d'encre, principalement en Afrique du Nord, et plus particulièrement au Maroc. La principale raison concerne les emplois, au cœur de la pomme de discorde. Les experts de l'INSEE ont, à ce niveau, apporté des éclaircissements prouvant que l'essentiel des inquiétudes à l'origine de cette politique se basent sur nombre de préjugés. Si 4,2 % des sociétés marchandes non-financières de 50 salariés ou plus implantées en France ont délocalisé des activités entre 2009 et 2011, et si 3,1 % l'ont envisagé sans le faire, la suppression à terme d'emplois n'a été que de 20.000 emplois directs environ, soit une moyenne de 6.600 par an. De plus, alors que les postes dans les centres d'appels ont été le plus indexés, les statistiques établis par l'INSEE font ressortir que les destructions d'emploi ont concerné, pour plus de la moitié, le secteur industriel, avec 11.500 postes en trois ans, soit 0,6 % de l'emploi salarié total. Le document met en évidence le fait que «les sociétés qui délocalisent sont le plus souvent exportatrices ou déjà présentes à l'étranger par le biais de filiales». De ce fait, «la propension à délocaliser augmente également avec la taille de la société», ce qui inaugure de réelles perspectives pour la délocalisation, cette dernière allant souvent de pair avec la croissance des entreprises.
Les destinations de premier choix
C'est l'une des conclusions les plus intéressantes de l'étude. Contrairement à ce qui est largement répandu, les premières destinations en matière de délocalisation française se trouvent en Europe. Entre 2009 et 2011, les délocalisations ont été concentrées à hauteur de 55% vers le continent avec une part de 55%, dont 38% vers l'Union européenne des quinze (UE15) et 22% vers les nouveaux Etats membres. En seconde position figure l'Afrique avec 24% des parts en «raison de sa proximité avec la France et de l'usage du français dans certains pays». Ensuite viennent la Chine (18%) et l'Inde (18%). Selon ces statistiques, le Maroc dispose donc de plus d'avantages comparatifs (proximité et langue) que la plupart des pays hors Union européenne. Cependant, l'étude a relevé que la Chine et l'Inde sont parvenus à compenser leur éloignement et leur environnement des affaires parfois moins attrayants, «par leurs atouts en matière de tissu industriel, de coût de la main-d'œuvre ou de taille du marché intérieur». L'UE se positionne, par ailleurs et de très loin comme la destination privilégiée des délocalisations d'activités support des sociétés françaises (65%), en raison de la qualité de l'environnement contractuel. Ainsi, un quart des sociétés ayant délocalisé de telles fonctions l'ont fait en Inde, notamment des services administratifs ou de gestion, des services informatiques ou de télécommunications et des activités de design, recherche et développement (R&D), ingénierie et services techniques. Par contre, selon l'INSEE, «les délocalisations d'activités support vers l'Afrique concernent essentiellement le marketing, les services de commercialisation, services après-vente et centres d'appels, pour des raisons évidentes de langue commune».
Pourquoi elles délocalisent ?
C'est évident, la recherche de coûts plus bas constitue la principale motivation qui pousse les entreprises françaises à délocaliser. Cependant, il ne s'agit pas de la seule ou plutôt, il ne s'agit point des coûts bas en matière de salaires. «Les délocalisations dans les pays émergents comme l'Inde et la Chine sont souvent motivées à la fois par l'accès à des coûts bas, salariaux ou non, et à des marchés prometteurs», révèle l'étude, ajoutant que pour ce qui est des nouveaux Etats membres de l'UE, les coûts salariaux peuvent également être attractifs. Cependant, pour les délocalisations vers l'Europe des 15, «les sociétés ont d'abord recherché la réduction des coûts de production autres que les salaires et les motifs sont plus diversifiés».
À l'opposé, constate l'INSEE, les délocalisations vers l'Afrique sont majoritairement motivées par la recherche de salaires bas pour des activités intensives en main-d'œuvre. Les auteurs de l'étude ont toutefois tenu à notifier que pour les sociétés appartenant à un groupe, la décision d'opérer des délocalisations provient souvent de stratégies élaborées par la tête de groupe, quelle que soit la zone de délocalisation.
Les secteurs qui délocalisent le plus
Les statistiques sur les délocalisations françaises ces dernières années ont montré qu'il a été enregistrées ces dernières années, plus de délocalisations dans les secteurs de l'industrie manufacturière et de l'information-communication que les autres secteurs. Selon les chiffres compilés par l'INSEE, l'industrie manufacturière et les services de l'information et de la communication sont les deux secteurs qui ont le plus fréquemment délocalisé, avec 8,8% de sociétés concernées dans les deux cas. Ces dernières représentaient respectivement, en 2011, 13,6% et 19,2% de l'emploi total des sociétés de 50 salariés ou plus de leur secteur. La même source détaille que dans l'industrie manufacturière, la fabrication d'équipements électriques (25% des sociétés concernées) et celle de produits informatiques, électroniques et optiques (22%) sont particulièrement concernées. Dans les services d'information et de communication, ce sont surtout les services liés aux activités informatiques qui ont délocalisé (11%).
À l'inverse, la construction, les transports, l'hébergement, la restauration et l'immobilier ont très peu délocalisé entre 2009 et 2011. L'autre aspect de l'étude concerne la nature des sociétés qui délocalisent le plus. À ce niveau, le document montre que ce sont principalement les sociétés exportatrices ou de grande taille qui ont le plus souvent délocalisé. De même, «les sociétés appartenant à un groupe ont davantage délocalisé que les sociétés indépendantes», a conclut l'étude qui note aussi que l'envergure internationale des groupes favorise aussi cette stratégie.
Quels sont les freins à la délocalisation ?
La co-localisation industrielle implique nécessairement une délocalisation de certaines activités pour une entreprise. De ce fait, le partenariat signé entre le Maroc et la France nécessitera davantage de présence d'entreprises de part et d'autres. Cependant, il peut y avoir des freins de blocage au-delà de la traditionnelle question relative au climat d'affaires avec toutes ses composantes, notamment la compétitivité. L'un des aspects les plus en vogue actuellement en France et qui freine les entreprises à délocaliser, c'est l'aspect relatif à l'exigence «de proximité des clients». Selon l'INSEE, 3,1% des sociétés du champ de l'enquête ont envisagé des délocalisations sans les effectuer. Dans huit cas sur dix, il s'agit pourtant de sociétés exportatrices. «L'incertitude sur la qualité des biens et services produits une fois les délocalisations effectuées est un obstacle important pour plus de la moitié des sociétés ayant envisagé des délocalisations sans les effectuer, de même que le besoin d'une proximité avec les clients actuels», explique l'étude. Aussi, les barrières juridiques ou administratives et l'inquiétude des employés et des syndicats viennent juste après.
Des obstacles se sont également dressés sur la route des sociétés «ayant effectué des délocalisations», ont mentionné les auteurs du document, qui ont mis l'accent sur l'inquiétude des employés et des syndicats comme «un obstacle important ou très important». L'incertitude sur la qualité des biens et services produits constitue, par exemple, le problème majeur pour les sociétés ayant délocalisé en Chine, en Inde ou en Afrique. Le besoin de proximité avec les clients actuels peut aussi s'avérer comme un obstacle très important lors des délocalisations vers l'Afrique et la Chine. Cependant pour le cas de l'Afrique, les principaux freins aux délocalisations sont plus relatifs aux barrières juridiques ou administratives, à l'insuffisance de management et de savoir-faire, et à l'instabilité politique et économique de la zone.


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