La presse marocaine est sur le-qui-vive. Et pour cause, en deux jours, elle a servi à l'opinion publique deux scandales de portée majeure. Le premier concerne un rapport de la Cour des comptes, où l'on dévoile les «dysfonctionnements» de l'affaire des vaccins sous Yasmina Baddou. Ce dossier porte sur 550 MDH partis en fumée, alors qu'ils pouvaient servir à construire des dizaines de centres hospitaliers. L'ancienne ministre devra faire fort cette fois-ci pour se défendre, car le rapport de Jettou paraît bien bétonné. Le second scandale porte sur l'affaire Sonadac, où il s'agissait de reloger des milliers de familles démunies des bidonvilles et qu'au lieu de cela, les responsables du projet, ancien directeur général en tête, se sont bien servis, ainsi que leurs familles et amis, privant des centaines de familles marocaines de bénéficier d'un logement décent ! Devant cette situation, la justice devrait en principe sévir. Oui, «en principe», car ce n'est pas gagné d'avance. Et quand bien même le dossier des auditeurs de Jettou est fécond en dépassements, anomalies et pratiques contraires à l'éthique et au sens même du business, Baddou pourrait s'en sortir indemne pour la énième fois et l'ancien directeur général de la Sonadac bénéficier de «circonstances atténuantes». En tout cas, à deux jours de la publication du rapport du Conseil de l'Europe, qui accable la justice marocaine, celle-ci se trouve aujourd'hui devant une rude épreuve de crédibilité.