En l'absence d'un plan directeur pour la gestion des déchets dans la région Souss-Massa-Drâa, la question environnementale est pour le moment gérée au gré des consciences des intervenants. Pour preuve, le jus de poubelle récemment injecté dans la nappe phréatique, suite au remplissage des bassins de stockage censés accumuler ce percolât pour une durée de 5 ans. Le Conseil régional commence à prendre les choses en main à travers l'exploration de plusieurs pistes devant mener à l'élaboration d'une feuille de route, en vue d'engager les études et les actions à mettre en œuvre. «Nous sommes conscients de cette problématique, du fait que l'élaboration d'un schéma directeur de gestion des déchets s'inscrit dans le cadre de nos attributions», explique Brahim Hafidi, président du Conseil régional Souss-Massa-Drâa. En effet, l'article 10 de la loi 28-00, relative à la gestion des déchets et à leur élimination, stipule que le Conseil régional doit mettre en place un plan dédié à la gestion des déchets industriels, agricoles et hospitaliers non dangereux. «Nous avons inscrit ce plan dans le cadre de la coopération avec les îles Canaries qui nous ont aidé financièrement, à hauteur de 10 millions d'euros», explique Brahim Hafidi, avant d'ajouter que «le Conseil régional a mis en place cette année un budget pour mener une stratégie, et nous sommes en train de mettre les termes de référence des études afin de les lancer. Dans ce sens, nous avons tenu plusieurs réunions avec les médecins publics et privés, et nous avons déjà des éléments à explorer pour pallier, dans un premier temps, à la problématique des déchets hospitaliers». Ces derniers sont estimés à 850 tonnes par an dont 780 tonnes issus des hôpitaux publics et 70 tonnes des cliniques privées. Sur la base de ces chiffres, la région Souss-Massa-Drâa est classée 6e au niveau national, selon le rapport national sur l'état de l'environnement au Maroc, réalisé par l'Observatoire national de l'environnement (ONEM) en octobre 2001. S'agissant des déchets agricoles, et selon le Conseil régional, il y a déjà l'étude finalisée par l'Office de mise en valeur agricole de Souss-Massa (OMVA), qui servira de document de référence. Toujours de l'avis de Hafidi, «Nous recevons déjà des compagnies étrangères qui veulent opérer dans ce domaine à travers le recyclage ou la transformation de résidus tels que le plastique». Par ailleurs, il n'y a pas encore d'étude faite en termes de déchets industriels. La région Souss-Massa-Drâa est classée 3e en matière de production de ce genre de résidus. Elle génère à cet égard 63.100 tonnes par an, derrière le grand Casablanca (410.200 t/an) et Doukkala Abda (119.600 t/an). Par secteur d'activité, il en ressort que l'agroalimentaire contribue à lui seul à hauteur de 49.000 tonnes par an, suivi de la chimie et la parachimie (13.400 t/an), puis la mécanique, la métallurgie et l'électronique avec 700 t/an. Pour rappel, la loi 28-00 afférente à la gestion des déchets et à leur élimination précise que chaque territoire doit être couvert dans un délai de cinq ans à compter de la date de publication de cette loi (c'est à dire le 7 décembre 2006) par un plan directeur régional de gestion des déchets industriels, médicaux et pharmaceutiques non dangereux et des déchets ultimes, agricoles et inertes. Le manque de financement et surtout le retard enregistré en matière de publication du décret n° 2-09-683 du 6 juillet 2010 (23 rejeb 1431), diffusé au bulletin officiel n°5862, ont été derrière le décalage de l'application de cette loi.