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Lutte contre le stress hydrique : Pluie de contrats pour Suez en Jordanie
Publié dans Les ECO le 28 - 03 - 2016

La station d'épuration d'As Samra est la plus grande usine de traitement des eaux usées en Jordanie.
Le groupe Suez, se targuant de la production de 800 millions de m3 d'eaux usées réutilisées chaque année dans le monde et la construction de plus de 250 usines de dessalement qui alimentent 10 millions d'habitants, a fait le plein de contrats en Jordanie. Il a plusieurs atouts dans sa manche pour en remporter d'autres dans le domaine de dessalement de l'eau de mer et de services de distribution de l'eau.
Rien ne semble arrêter les ambitions du groupe français Suez au Moyen Orient, l'une des régions les plus arides au monde. L'expertise et la bonne connaissance des problématiques en eau de cette région en sont les points forts qui lui ont permis de remporter plusieurs contrats d'envergure dans les domaines de dessalement de l'eau de mer et de traitement des eaux usées. Il faut dire que c'est en Jordanie que le groupe, se targuant de la production de 800 millions de m3 d'eaux usées réutilisées chaque année dans le monde et la construction de plus de 250 usines de dessalement qui alimentent 10 millions d'habitants, a fait le plein de contrats.
Il a assuré la gestion de la distribution de l'eau pour la région d'Amman (LEMA Co.) entre 1999 et 2006, a construit l'usine de production d'eau de Wadi Mai'n, a réalisé et exploite l'usine de traitement des eaux usées d'As Samra et gère également l'exploitation du système de production et d'acheminement d'eau depuis le Sud de la Jordanie jusque dans la ville d'Amman. Si le groupe est parvenu à renforcer sa présence dans ce pays considéré comme le 4e pays le plus pauvre en eau du monde, avec un déficit estimé à 500 millions de m3 d'eau par an, c'est grâce à la ferme volonté politique en faveur d'une réforme du secteur de l'eau reposant sur les partenariats public‐privé. Un schéma de financement qui fait appel à l'expertise du secteur privé et à l'appui des grands bailleurs multilatéraux (Banque Mondiale, BEI, BERD, Banque Islamique, AFD ...) ou bilatéraux.
As Samra, schéma de financement à dupliquer
La station d'As Samra est le modèle parfait d'un projet réussi dans le cadre d'un PPP de 25 ans confié, en 2012, par le ministère jordanien de l'Eau et de l'Irrigation au consortium Samra Project Company composé de SUEZ et son partenaire Morganti (Consolidated Contractors Company) pour l'extension de l'usine pour un investissement de 270 millions de dollars dont 93 millions sont sous forme d'une subvention du programme américain Millennium Challenges Corporation (MCC). Reste à préciser que ce contrat fait suite à un premier contrat attribué en 2002 par le ministère de l'Eau et de l'Irrigation à Samra Project Company pour la conception, le financement, la construction et l'exploitation de la station de traitement des eaux usées d'As Samra.
L'extension a permis ainsi d'accroître la capacité de traitement de 267 000 à 365 000 m3 par jour afin de répondre aux besoins d'une population estimée à 3,5 millions d'habitants, soit près de 35% de la population du pays. «Cette extension traite plus de 70% de l'ensemble des eaux usées en Jordanie et fournit 10% des besoins en eau du pays pour l'agriculture. Certes, elle n'est pas potable, mais elle n'est pas toxique. Elle sert notamment à l'irrigation des fourrages pour l'alimentation du bétail. La site est aujourd'hui quasi-autonome en énergie grâce aux turbines hydrauliques installées en amont et en aval, associées à des moteurs à gaz alimentés par le biogaz de digestion des boues.
Ce qui permet de produire 80 % de l'électricité nécessaire au processus de traitement, les 20 % restant proviennent du réseau national», explique Bernard Bon, directeur général de Samra Wastewater Treatment Plan Co, lors d'un voyage de presse organisé la semaine dernière en Jordanie. Comme la croissance soutenue de la population aggrave la situation de pénurie en raison d'un taux de fécondité élevé et d'un afflux régulier des migrants (Le pays a accueilli plusieurs vagues successives de réfugiés : environ 3millions de réfugiés palestiniens depuis les guerres de 1948 et 19671, 67 000 réfugiés irakiens depuis la guerre de 2003 et au moins 1,2 million de Syriens depuis quatre ans), une deuxième extension de la station est prévue.
Pour dire que le stress hydrique pèse lourdement sur les autorités jordaniennes qui envisagent, dans le cadre d'un programme d'investissement de 700 millions de dollars pour les trois prochaines années, la construction de plusieurs usines de recyclage des eaux usées, sur le même modèle d'As Samra, dans le nord du pays. Ce programme a pour ambition également de développer les ressources en eau alternatives grâce à la technique de dessalement pour générer de nouvelles ressources.
Red Sea/Dead Sea, projet très attendu
A ce niveau, la Jordanie mise sur le grand projet Red Sea/Dead Sea pour alléger la pression du stress hydrique. Un accord sur l'eau entre la l'autorité palestinienne, la Jordanie et Israel a, en effet, été signé en 2013 pour relier la Mer Rouge à la Mer Morte pour transporter l'eau de l'une vers l'autre et en traiter une partie pour alimenter la population en eau. Dans le détail, en vertu de cet accord, un système de pompage sera mis en place dans le golfe d'Aqaba, à la pointe nord de la mer Rouge, afin de collecter quelques 2 milliards de m3 d'eau par an. Une partie sera ensuite acheminée par l'intermédiaire de quatre conduits vers la mer Morte, une mer fermée ayant une très forte concentration en sel et qui risque de s'assécher d'ici à 2050.
A noter que plusieurs études de faisabilité ont été déjà faite pour mieux comprendre les conséquences d'un mélange des eaux de la mer Rouge avec celles de la mer Morte. A ce jour, plusieurs accords bilatéraux ont été signés, il manque un accord bilatéral entre la Palestine et Israel. En attendant, la concurrence s'annonce féroce entre les entreprises spécialisées dans le domaine de l'eau pour gagner des contrats en construisant le canal de l'eau, l'usine de dessalement ou les centrales d'énergies associées. «C'est un projet que nous suivons de très près. L'appel d'offre de pré-qualification est déjà sorti. Notre groupe a pour ambition la gestion de l'eau de dessalement et la gestion du pipeline», indique Pierre-Yves Pouliquen, directeur général délégué Afrique, Moyen Orient, Inde. Le financement de ce projet, dont le coût se hisse à 1 milliard de dollars, n'est pas encore bouclé. Déjà, un don de 100 millions de dollars a été accordé par les Américains. D'autres dons de 300 à 400 millions de dollars sont également attendus, sachant que les dons devront constituer 30 a 40% du coût global du projet.
Efficacité du réseau de distribution
Dans la même foulée, le gouvernement jordanien vise aussi le développement des infrastructures de traitement et améliorer l'efficacité du réseau de distribution (environ 50% de l'eau distribuée dans les réseaux est perdue). A noter que l'approvisionnement en eau potable de la Jordanie provient majoritairement des eaux souterraines (480 millions de m3 par an) tandis que les eaux de surface, provenant du Jourdain et du Yarmouk, fournissent environ 30% des ressources en eau.
L'insuffisance de l'eau a donné lieu, depuis les années 80, à un rationnement de l'eau dans une partie de la capitale, puis pour l'ensemble de ses habitants. Ils ne sont ainsi alimenté en eau que deux jours par semaine pour la plupart. Une réalité qui rend la vie dure aux jordaniens déjà épuisés par un niveau de vie très élevé. Même la société DAOM (Disi Amman operation & maintenance), filiale à 100% du groupe Suez, n'arrive pas à satisfaire les besoins en eau potable d'Amman bien que ses capacités de production aient atteint 100%. «Nous avons un contrat d'exploitation et de maintenance pour 25 ans.
Le projet représente 25% de l'eau potable distribué en Jordanie et couvre 55% des besoins d'eau d'Amman», souligne Jean-Marc Ponté, directeur exécutif de la filiale d'exploitation de Suez en Jordanie (DAOM) qui a d'ailleurs réalisé 55 forages pour extraire l'eau de l'aquifère de Disi Mudawara, situé à 325 km de capitale et les acheminer vers Amman. «Le traitement n'est pas cher, on ne rajoute que du chlore à l'eau extraite d'une nappe souterraine à 600 m de profondeur. C'est le transfert depuis le forage qui est coûteux», poursuit Jean-Marc Ponté. Un état des lieux qui en dit long sur les défis que doit relever le gouvernement jordanien pour alimenter la population en eau potable de qualité et améliorer le service de distribution de l'eau.
Jean-Marc Ponté
directeur exécutif de DAOM
«Le projet consomme 2% de l'énergie du pays»
Les ECO : Le pompage de la nappe phréatique est-il limité dans le temps?
Jean-Marc Ponté : Les Saoudiens pompent l'eau dans cette nappe depuis une cinquantaine d'années. La limite de pompage ne vient pas de la géométrie de la nappe, mais de l'énergie nécessaire pour pomper l'eau. Il faut aller toujours plus loin de toute façon. L'eau n'est pas renouvelable, c'est une eau fossile qui a entre 20.000 et 30.000 ans, le niveau de la nappe va baisser progressivement pendant les 50 ans d'exploitation et donc il faudra encore beaucoup plus d'énergie pour exploiter la nappe.
À combien estimez-vous le coût de l'énergie?
Le projet consomme 2% de l'énergie du pays. Par rapport à des standards dans des usines que j'ai géré en France, nous sommes à des niveaux 6 fois plus élevés, car il faut creuser à des niveaux très profonds et la transporter sur de très longues distances, c'est très voraces en énergie.
Dans 25 ans, que deviendra ce projet ?
Au terme du contrat, le projet sera rétrocédé au gouvernement jordanien qui l'exploitera pour 25 ans d'exploitation. Ce projet, qui a nécessité 1 milliard de dollars, a été financé par des banques internationales, l'Agence française de développement et le gouvernement jordanien qui y a injecté 300 millions de dollars.


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