Nous sommes à moins de 40 jours du jour fatidique tant inattendu, et j'ai beau chercher tout ce qui peut ressembler à de vrais préparatifs d'échéances électorales, je ne trouve que dalle. Pourtant, le chiffre 40 possède chez nous un sens particulièrement lourd, même s'il n'est pas toujours sensé, surtout quand il devient un sens... interdit (il faut arrêter avant 40 jours de faire ceci, ou bien attendre 40 jours pour recommencer à faire cela etc.). Je disais donc qu'à 40 jours de ce sacré vendredi 25 novembre, que tout le monde attend sans trop en attendre, je n'ai pas l'impression qu'on soit trop pressés d'y arriver. Entre nous, au vu, et du peu que j'en ai vu, j'ai bien peur, à Dieu ne plaise, qu'on n'y arrive jamais, tellement on est mal partis. Justement, à propos de partis, j'ai l'impression aussi qu'ils sont tous en train de partir en petits morceaux, même s'ils crient partout qu'ils se constituent en blocs. Maintenant que c'est dit, je reviens sur les préparatifs. De deux choses l'une : soit que ceux et celles qui les préparent le font - encore ! - en cachette, de peur qu'on les surprenne en train de... vous voyez ce que je veux dire... soit que ceux et celles qui s'y préparent soient, quant à eux et quant à elles, loin d'être prêts et se préparent donc à nous donner, comme d'habitude, après coup, des explications biscornues pour justifier leur déroute si prévisible. Oui, je sais que des lois viennent d'être votées, qui doivent régir les règles et les procédures etc. Oui, je reconnais aussi qu'il y a eu de nombreuses nouveautés, dont la plus marquante et la plus demandée est le vote avec la carte nationale à la place de la carte d'électeur que d'aucuns esprits mal tournés appelaient «la carte des menteurs ». Tout ça, c'est bien, mais tout ça, hélas, ne nous donne pas encore envie d'y croire et... d'y aller. Quand je dis «nous», je ne parle pas, bien sûr, que de moi, ni que des mecs ou des nanas tordus comme moi. Je pense plutôt à tous ces gens perdus à force d'être égarés par tant de rendez-vous manqués, tant d'engagements rompus, tant de promesses non tenues, tant de couleuvres avalées, bref, tant de déceptions depuis la nuit des temps. Je ne voudrais pas faire du populisme bon marché - il y en a plein qui le font à ma place - mais j'aimerais qu'on pense sérieusement à ce peuple, toutes classes confondues - parce qu'en vérité, personne n'est épargné - à qui on raconte, à longueur de journée, tout et n'importe quoi, sans trop se soucier de ce qu'il pense de tout ça. Oui, messieurs-dames, ça ne vous est peut-être pas encore venu à l'esprit ou bien vous préférez ne pas y penser, mais, voyez-vous, le peuple, il pense parfois et même souvent, que vous vous f... de sa g..., pardon, que vous vous moquez de lui. Il le pense, même s'il ne vous le dit pas, alors qu'il devrait franchement vous le dire. Moi, le peuple, je ne suis ni son porte-parole ni son porte-voix. Je le vois, de temps en temps, de loin - comme toute élite marocaine qui se respecte et respecte les limites établies - et je me dis parfois qu'on a vraiment tort de croire qu'il ne pige rien. Je suis persuadé que plus on insulte l'intelligence des gens - parce que les gens sont réellement intelligents - et plus dure sera leur réaction. J'en profite pour répondre publiquement à un grand ami qui m'a lancé dernièrement à la figure qu'avec mon discours, je risquais de mettre le feu à la grange. Non, mon cher ami, les véritables pyromanes - et qui, je crois, ignorent qu'ils le sont - ce sont justement tous ceux qui, à force d'infantiliser le peuple, ainsi qui ceux qui sont censés l'encadrer, vont finir un jour par le pousser vers la boîte d'allumettes. Vous savez, et contrairement aux apparences, j'ai horreur de donner des leçons, y compris à ceux qui en ont fichtrement besoin. Mais, je vous prie de me croire que le pince-sans-rire qui vous écrit aujourd'hui ces stupides délires n'a qu'une seule envie : Y CROIRE. Hélas et 1.000 fois hélas, avec tout ce que j'entends, vois, lis ou écoute, je me dis, encore une fois, que cette fois-ci, ce n'est pas encore la bonne. À propos de bonne, et pour éviter qu'on me traite de stupide nihiliste à la solde des vingtfévriéristes, j'aimerais saluer l'adoption au dernier conseil de gouvernement d'un projet de loi sur les bonnes, pardon, sur «les travailleuses domestiques». Bon, on a attendu presque... 40 ans, et ce n'est pas du tout une panacée, mais, au point où on en est, on ne va quand même pas cracher dans la marmite de... ratatouille. Bon week-end, vivement le changement et vivement vendredi prochain.