Les Echos quotidien: On a entendu parler du pôle libéral. Aujourd'hui, vous venez d'annoncer la création de l'Alliance pour la démocratie, qui regroupe huit partis politiques (G8). Qu'est-ce qui motive votre démarche ? Ali Belhaj: Nous n'avons jamais parlé de pôle libéral. Nous nous sommes positionnés pour le rassemblement afin d'accompagner la mutation du Maroc. Aujourd'hui, un certain nombre d'outils sont devenus obsolètes. Aussi, il nous semble que la priorité est à la clarification des positions autour de grands projets. C'était déjà notre volonté lors de la création du mouvement de tous les démocrates (MTD), dont le but était de rassembler les gens de toutes les sensibilités politiques autour d'un projet moderniste qui s'oppose à un projet conservateur. Qu'est-ce qui définit ce courant moderniste ? Dans ce grand courant moderniste, il peut y avoir des différences, mais il doit reposer sur un tronc commun. Ainsi, nous devons nous retrouver autour des questions importantes, telles que l'ouverture sur le monde, la pluralité linguistique, la peine de mort ou encore la liberté de conscience. Ainsi, pour cette dernière, on a vu lors de l'élaboration du projet de Constitution que certains partis se sont clairement positionnés contre cette liberté et ont réussi à lui faire barrage. Est-ce à dire que vous le ressentez comme un échec ? Une Constitution, c'est avant tout un compromis ! Nous avons tout de même réussi à placer des choses, notamment en ce qui concerne la pluralité linguistique. Certains observateurs estiment que le PAM s'est mis en retrait ces derniers mois. Qu'en est-il ? On nous reproche tout et son contraire. Auparavant on disait que nous étions trop présents. À présent, on nous reproche d'être trop en retrait. Le Parti authenticité et modernité (PAM) est dans son rôle, en faisant tout pour dynamiser la vie politique, encore une fois en défendant un projet moderniste. C'est ce que nous faisons, en élaborant la charte moderniste avec nos partenaires. Quid de votre antagonisme avec le Parti justice et développement (PJD) ? Il n'y a pas de haine du PJD. C'est juste que ce parti représente un projet conservateur qui s'oppose à notre projet moderniste. Chacun doit défendre ses idées, en respectant les règles du jeu politique. À deux mois de l'échéance législative, comment se présentent les choses, notamment en ce qui concerne les candidatures ? Nous seront le parti qui aura le plus de candidats. Actuellement, nous sommes à plus de 95% de couverture. Nous pouvons nous réjouir, également, d'avoir de 60 à 70% de candidats nouveaux. Cela ne représente-t-il pas une prise de risque de présenter autant de candidats nouveaux ? Il faut toujours prendre des risques. Toutefois, celui-ci reste mesuré. Nous allons vers de larges franges de la population et nous pouvons affirmer qu'il y a un intérêt certain pour le PAM. Les gens ne sont pas concernés par ce qui se dit dans le microcosme. Pour en revenir à l'Alliance que vous venez de former (G8), est-elle faite pour gouverner et pourquoi vient elle avant les élections ? Une coalition qui viendrait après les élections serait une véritable insulte aux électeurs. Pour ce qui est de notre alliance, nous présenterons incessamment les grandes lignes de notre projet commun. Bien évidemment, ce ne seront que les grandes lignes, mais elles représentent un vrai projet de gouvernement. Nous devrons ensuite nous atteler à élaborer les mesures qui concrétiseront ce projet. Ce que l'on peut d'ores et déjà dire, c'est qu'il faut se baser sur une vision et un projet de société et ensuite se donner les moyens d'y arriver. Quelle appréciation faites-vous du gouvernement sortant ? Le gouvernement sortant a manqué de visibilité et surtout de leadership. En somme, il n'y pas eu de gouvernement, mais plutôt des ministres. Le prochain gouvernement devra représenter ce leadership et surtout se parer de courage politique. Quelle est votre position par rapport au mouvement du 20 février ? On ne peut que se réjouir de voir une jeunesse marocaine vivante. Après des années de léthargie, c'est agréable de voir que les jeunes se remettent à se passionner pour la chose politique et qu'ils se remettent à croire qu'ils peuvent réellement changer les choses. Plus que cela, nous ne pouvons que soutenir cela, puisqu'à l'image du PAM, ils ont pour but de donner un coup de pied dans la fourmilière. Toutefois, nous pouvons craindre que ce mouvement soit récupéré par des mouvances qui ont d'autres objectifs. Quid du retrait de Fouad Ali El Himma ? Va-t-il se présenter aux élections ? Je ne peux parler que de ce que je peux personnellement constater. Il n'est pas présent dans les instances du parti, et à l'heure actuelle, nous n'avons pas reçu sa demande de candidature. Pour le reste, c'est de la science fiction.