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Brexit : Une lecture systémique
Publié dans Les ECO le 03 - 04 - 2017

Pour l'accompagnement des équipes et des organisations, existent plusieurs techniques. L'une d'elle fait la part belle aux systèmes où gravitent le sujet. C'est la systémique. Dit autrement, on étudie le système du sujet dans son interaction avec les autres systèmes (dont il dépend et qu'il influence). Pour saisir la portée de cette technique, je prends pour exemple le Brexit, décision de la Grande-Bretagne de sortir de l'Union européenne (UE) après le vote historique du 24 juin dernier. Cette sortie a été analysée par Alain Cardon, coach français MCC (Master Certified Coach) et co-fondateur de Métasystèmes, leader de l'approche systémique dans l'accompagnement. Sa lecture systémique du Brexit est édifiante à plusieurs titres. Les récentes élections lui donnent raison. Avant et après le vote des Britanniques pour la sortie de l'Union européenne (UE), des éditorialistes et des journalistes de tous bords se sont donnés à cœur joie de prédire la contagion d'autres Etats membres de l'UE. Certains annonçaient déjà l'effritement de l'UE.
L'effet domino n'aura pas lieu
Pour Alain Cardon, la pensée linéaire, prônée par ces analystes, prédisait l'effet domino. D'autres Etats membres de l'UE, à relents séparatistes, seraient tentés de suivre l'exemple anglais. Le plus dur a été fait, pensait-on. Le premier pas a été fait, au suivant ! L'Espagne, les Pays-Bas, l'Autriche et même la France faisaient l'objet de prévisions des «bookmakers». Or, l'histoire est tout sauf linéaire, insiste Alain Cardon. Les conditions historiques ne sont pas répétitives, disait mon prof d'histoire économique et sociale à la fac d'économie de Casablanca. Alain Cardon explique que, d'un point de vue systémique, quand on enlève un élément d'un corps plus grand, les autres membres du corps sont rarement tentés de suivre l'exemple du petit élément sectionné. Pour lui, la section d'un élément de corps induit l'effet inverse chez les autres membres du corps. Ceux-là ont d'abord besoin de temps pour surmonter le choc provoqué par la section.
Ensuite, ils développent un réflexe de protection et de consolidation. Ramené au Brexit, l'approche systémique nous apprend que les pays membres de l'UE, à relent sécessionnistes, vont adopter une attitude attentiste, avant de choisir l'option qui leur paraît la plus bénéfique. «Moins opportunistes, ils prennent le temps de peser les conséquences de leur décision sur le long terme», renchérit A. Cardon. Ces Etats membres scrutent le bulletin de santé économique de la Grande-Bretagne. Stop or go ? C'est le «stop» qui semble prévaloir. La preuve ? Les résultats des dernières élections dans UE.
Le premier: Lors des élections présidentielles en Autriche du 4 décembre dernier, l'establishment européen avait les yeux rivés sur les urnes autrichiennes. Tous les pronostics donnaient gagnant Norbert Hofer, candidat du parti de la Liberté (FPÖ), souverainiste et anti-immigration. Après le Brexit et l'élection de Donald Trump, l'UE craignait la déferlante populiste, mais il n'en était rien. Les urnes autrichiennes ont porté au pinacle son concurrent écologique Alexander Van Der Bellen. «Le peuple autrichien a fait le choix de l'Europe et de l'ouverture», se félicitait le président français. L'Autriche, placée par le bookmakers dans la file d'attente des défection. Le risque de contagion est pour l'instant contenu. Le deuxième: Les élections aux Pays-Bas. L'extrême-droite n'a pas réalisé, lors du scrutin législatif du 15 mars, la percée tant attendue par les uns et tant crainte par les autres. La déferlante du parti pour la liberté (PVV) de Geert Wilders n'a pas eu lieu.
Autonomie consommée
«Le membre coupé ne peut plus influencer le corps. Et le corps, lui aussi, ne peut influencer le membre sectionné. Les deux deviennent, de fait, autonomes et peuvent co-exister et entreprendre avec leur dynamique différente» précise A. Cardon. Chaque entité finira par retrouver son équilibre.
Dans le cas du Brexit, il y a, d'un côté, une petite entité, plutôt périphérique, un pays insulaire. Et de l'autre, un espace beaucoup plus vaste et beaucoup plus intégré, presque un continent, l'UE. Chaque entité distincte commencera à récupérer, progressivement, sa vigueur, en suivant sa propre logique en vue de reconstruire son équilibre. Au lendemain du Brexit, l'UE a acté la décision de la Grande-Bretagne et a demandé à ses instances de fixer la date de sortie officielle. D'après David Davis, ministre chargé par le gouvernement de Theresa May de la gestion du Brexit, cette date est fixée pour décembre 2018. Et depuis le Brexit, la Grande-Bretagne a enregistré des performances dans certains domaines et des contre-performances dans d'autres. Les Etats membres de l'UE font également leur bilan, mais une chose est sûre : le Brexit est consommé.
«Chaque entité poursuivra son chemin selon sa spécificité, sa génétique, ses propres peurs, ses objectifs et ses dynamiques internes. En effet, l'UE continuera son bout de chemin avec sa propre génétique. Cela n'empêchera pas les nationalistes sécessionnistes de trouver matière à moudre pour parler et critiquer l'UE», poursuit le coach systémique.
Sécession vs construction
Pour le coach français, la Grande-Bretagne a toujours joué la carte de la sortie. Elle a fini par mettre à exécution ses menaces aussi vieilles que l'UE. Les gènes de la sécession existant dans certaines parties de l'UE et de l'autre côté existent des gènes clairement axés sur la construction d'un marché commun, d'une monnaie commune et d'un avenir commun. Pour lui, «ce sont ces gènes qui nourrissent les principes fondateurs de l'UE, les raisons pour lesquelles elle a été construite. Ces gènes sont toujours là. Ils ne peuvent être facilement effacés par des opportunistes hystériques».
Risque de sécession inside
«En tant que membre sectionné, la Grande-Bretagne continuera à porter son cadre de référence, son programme génétique spécifique, mais en interne», explique A. Cardon. Comment ? «Les gènes de sécession et le processus Brexit continueront à se développer à l'intérieur de la Grande-Bretagne», poursuit-il.Le Royaume-Uni a montré la voie aux autres entités le composant. Rappelons que le vote Brexit n'est pas un vote britannique, mais un vote anglais. L'Ulster et l'Ecosse ont voté, majoritairement, contre le retrait de la Grande-Bretagne de l'UE. Ces deux nations anglaises sont europhiles. L'Ecosse avait voté à 62% pour rester dans UE. Et l'Irlande 55,7%.
D'ailleurs, Nicola Sturgeon, première ministre écossaise, a plaidé la cause des Ecossais à Bruxelles, une semaine après le Brexit. Il est intéressant de constater, poursuit Alain Cardon, qu'en Grande-Bretagne l'Ulster et l'Ecosse perçoivent la politique britannique exactement de la même manière que l'Angleterre perçoit Bruxelles : lourdeur, centralisation, bureaucratie, contrôle, blocage, cherté, arrogance, etc. Ironiquement, l'Angleterre définit Bruxelles exactement de la même manière dont elle est décrite par les nations britanniques non anglaises, souligne avec humour A. Cardon. Maintenant que l'Angleterre «devra lutter contre ses propres gènes. Il est, en effet, beaucoup plus facile de sortir d'une communauté pour des motifs immédiats, individualistes ou opportunistes que de construire, laborieusement et sur le long terme une communauté d'intérêt», explique A. Cardon. D'un point de vue systémique, il y a aujourd'hui, pronostique le coach français, une chance beaucoup plus élevée que suite au Brexit la décision se propage au sein de la Grande-Bretagne et non au sein de l'UE. Paradoxalement, l'Ulster et l'Ecosse peuvent, maintenant, prendre le modèle anglais du Brexit en compte pour «s'affranchir de la Grande-Bretagne et refuser son cadre de référence d'insularité».
En effet, le lundi 13 mars, la première ministre écossaise, N. Sturgeon a annoncé son souhait de lancer une consultation sur l'indépendance de l'Ecosse avant la sortie du Royaume-Uni de l'UE. Il y a fort à parier que l'Ulster serait tenté, également, par le même destin. «Ces pays britanniques, souvent traités comme de simples territoires coloniaux, peuvent choisir d'utiliser les gènes du Brexit pour rester au sein de l'UE afin de devenir des pays acteurs de l'union et contribuer pleinement au processus plus difficile, mais plus durable de la construction d'une plus grande collaboration communautaire en Europe», pense Alain Cardon. «Il ne faut pas oublier que dans le reste de l'UE comme dans tout système génétique, les forces centrifuges et centripètes concurrentes ont jusqu'à présent favorisé l'union, malgré les plus grandes divergences», poursuit-il. Pour lui, «on ne parierait pas beaucoup sur d'autres mouvements de type Brexit dans le reste de l'UE dans un proche avenir». Il pousse la réflexion plus loin : «on pourrait parier sur un réveil européen plus fort et ceci avec des remerciements très spéciaux aux électeurs anglais du Brexit !» Les votes autrichiens et néerlandais et la décision de l'Ecosse du référendum lui donnent raison. 2017 verra les élections présidentielles en France et en Allemagne. Affaire systémique à suivre.
Nezha Hami-Eddine Mazili
Coach


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