C'était dans le pipe depuis quelques semaines déjà et c'est désormais confirmé. Le Conseil d'administration du groupe de la Banque africaine de développement (BAD) a approuvé à Tunis, le 23 novembre, un prêt de 224 millions de d'euros au profit du gouvernement du Maroc. Ce prêt est destiné à financer la deuxième phase du programme d'appui au développement du secteur financier marocain. Signalons que la première phase avait été entérinée en 2009, et c'est sa réussite qui a conditionné l'approbation de ce nouveau prêt. Pour Amani Abou Zeid, représentante-résidente de la BAD au Maroc, «l'objectif de ce programme est d'accentuer le développement du secteur financier à travers le renforcement de sa gouvernance et l'amélioration de l'accès des populations et des entreprises aux services financiers ainsi que la diversification des instruments financiers». Elle réfute donc en bloc les informations selon lesquelles ce prêt serait destiné à appuyer les finances publiques du royaume, fragilisées par les concessions accordées par le gouvernement lors du dialogue social, et l'explosion des charges de compensation. Ce qui est visé donc, c'est de favoriser l'accès de la population aux services financiers et celui des entreprises au financement. «Ceci devrait se traduire par une amélioration des conditions de vie de la population, à travers la création d'emploi dans les PME marocaines et une croissance économique forte, durable et inclusive», argue-t-on auprès de la BAD. Le programme bénéficiera aussi bien aux PME qu'aux ménages. Ainsi, facilitera-t-il l'accès aux services financiers pour les premières, favorisant donc leur expansion. Quant aux seconds, une plus grande couverture du territoire par les réseaux bancaires et un accès facile aux crédits ne pourra qu'augmenter leur taux de bancarisation. De manière plus générale, ce programme répond aux orientations stratégiques du royaume, notamment dans les domaines de l'amélioration de la gouvernance et de l'environnement des affaires. Améliorer le climat des affaires Il s'inscrit aussi dans le cadre de la stratégie de la BAD au Maroc, qui, à en croire sa représentante, met jusqu'ici l'accent sur le renforcement de la gouvernance et la mise à niveau des infrastructures économiques et de l'entreprise. «En soutenant les efforts du Maroc dans ces domaines, la banque favorise l'amélioration du climat des affaires, contribuant ainsi à la création d'un environnement plus propice au développement des activités du secteur privé et au renforcement de la compétitivité des entreprises», soutient-on auprès du bureau marocain de la BAD. Les lignes de crédit du Maroc chez la BAD pour le compte de l'année 2011 ne s'arrêtent pas pour autant à ce prêt. En effet, outre les deux opérations déjà approuvées dans le secteur privé et financier pour un montant total de 404 millions d'euros, une troisième opération dans le secteur des énergies renouvelables, d'un montant indicatif de 373 millions d'euros, serait en cours de finalisation et devrait être présentée au conseil d'administration de la banque avant la fin de l'année. Plus encore, cette opération bénéficie également d'un prêt concessionnel de 125 millions de dollars qui a d'ores et déjà été approuvé, au début du mois, par le comité exécutif du fonds pour les technologies propres. Un engagement en ligne avec les ambitions du royaume en matière d'énergies renouvelables. La BAD sera d'ailleurs le plus important bailleur de fonds du projet solaire de Ouarzazate et compte également appuyer les velléités du Maroc en matière d'énergie éolienne. In fine, les engagements relatifs au portefeuille d‘opérations actives de la banque au Maroc se chiffrent à plus de 2,5 milliards d'euros, ce qui fait de la BAD l'un des principaux bailleurs de fonds du royaume qui est lui-même son 1er client. À la fin de l'année le plan quinquennal de la BAD, 2007-2011, arrive à son terme. Un autre plan, 2012-2016, est donc en cours d'élaboration. Toutefois, Amani Abou Zeid précise que l'on devra attendre la formation du nouveau gouvernement marocain, après les élections législatives, pour le valider de manière concrète.