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La finance africaine à l'heure de la mondialisation
Publié dans Les ECO le 15 - 12 - 2011

Une des thématiques soulevées lors de la 15e édition de la conférence annuelle de l'ASEA (Marrakech) traite des implications économiques du désormais historique «printemps arabe» sur le continent africain. A priori, cette question ne relève pas, ou à peu de choses près, de l'objet principal de cette institution, qui est, rappelons le, de favoriser l'émergence des Bourses africaines. Toutefois, en considérant qu'un marché boursier africain ne peut, au risque de tomber dans les mêmes travers que ses aînés américains, européens ou asiatiques, se déconnecter de la sphère réelle, cette thématique devient dès lors primordiale. Cette question connaît aussi, ces dernières années, un certain regain d'intérêt de la part des pays développés, qui y ont décelé des vertus et des opportunités favorables à leur développement économique et financier propre depuis la crise de 2008. De simples «subalternes», les marchés financiers africains semblent emprunter un nouveau chemin qui les mènerait à devenir «des marchés partenaires», au vrai sens du terme. Est-ce un changement de paradigme qui se dessine ?
La régionalisation, prioritaire
Pour Bassam Awadallah, CEO de Tomah Advisory (EAU), la réponse est «oui». «Contrairement à la plupart des pays arabes, toujours pris dans leur système économique de rentes, les pays africains, pour les 28 les plus dynamiques, sont en phase de réécrire l'histoire de l'Afrique», précise ce dernier. Le fait est que le sursaut récent des pays africains devient de jour en jour une réalité palpable et mesurable. «Le non Maghreb coûte 1 à 1,5 % de points de PIB en moins par année et par nation maghrébine. Si demain le conflit entre le Maroc et l'Algérie est définitivement réglé, l'émergence du Maghreb est dès lors une question elle aussi résolue», rajoute le même Awadallah. «Une double cotation à la place de Casablanca et à la Bourse de Tunis, si les conditions s'y prêtent, est une opportunité pour toutes les entreprises des deux pays à la recherche de plus de liquidités», précise de son côté Idriss Berrada, directeur général d'Ittijari Finance Corp. Si ces experts financiers et d'autres d'Afrique n'affichent aucune prétention quant à la construction d'un modèle idéal d'intégration financière régionale, leur analyse des différentes méthodes et facteurs de développement de la finance africaine se réalise à partir du double référentiel de l'économique et du politique. En situant l'approche de l'intégration financière et économique dans un contexte prédominant de mondialisation des économies nationales, les experts et investisseurs africains se veulent en effet très optimistes et pragmatiques à la fois. Optimistes, parce que le développement économique en Afrique est en bonne marche. Pragmatiques, parce que les intérêts nationaux prennent souvent le pas sur les intérêts inter- nationaux. De fait, comme le dit Awadallah, les Africains devraient «s'intéresser d'abord à la régionalisation, (du moins) à l'intégration régionale, avant la mondialisation».
«Comment voulez-vous capitaliser sur la performance agrégée des places boursières africaines, quand chaque pays africain est pris dans des accords de partenariat avec de grands pays développés souvent aux intérêts différenciés», interroge Sean Cleary, PDG de Strategic Concepts (Pty) Ltd. Effectivement, au regard des fortes disparités de développement entre chaque pays africain et son voisin direct, la réaction légitime de chaque marché financier face à la globalisation financière s'identifie souvent à une marginalisation plus qu'à une intégration, et par conséquent à davantage de fragmentation que d'interdépendance. De ce fait, la question du développement de chaque marché boursier africain est quelque part tributaire de celui de ses partenaires africains. Au delà du retard technique et opérationnel, cela reste foncièrement une question politique. Pour preuve, un expert national, ayant officié à l'introduction de plusieurs entreprises à la Bourse de Casablanca, donne l'exemple de cette entreprise tunisienne ayant entrepris les démarches nécessaires pour se faire coter sur la place casablancaise. Alors que toutes les conditions étaient réunies pour faire réussir l'opération, le gendarme de la Bourse tunisienne a formellement posé son véto, à la dernière seconde. Finalement, comme le rappellent Fadhel Abdelkefi, Karim Hajji et Sunil Benimadhu, présidents respectivement des Bourses tunisienne, marocaine et mauricienne, une des solutions à la morosité prégnante sur les Bourses maghrébines et africaines réside dans la volonté des gouvernements nationaux de diversifier les sources de financement. Les compétences et les techniques sont là. Il reste à passer à l'action. Or, comme c'est le cas de l'Europe des 27, fédérer 28 gouvernements, représentants cinq régions africaines différentes, est un dur labeur.
Sunil Benimadhu,
Président de l'ASEA et directeur général
de la Bourse de l'Île Maurice.
«L'heure de l'afrique est arrivée»
Les échos quotidien : En ce début de décollage des Bourses africaines, comment abordez vous la question de la spéculation ?
Sunil Benimadhu : Il est vrai qu'au regard de ce qui s'est produit aux Etats-Unis, et plus récemment en Europe, on serait tenté de dire que la spéculation est plutôt une mauvaise chose. Mais je ne pense pas que ce soit le cas, ni même que cela explique les facteurs d'explosion de la crise. La Bourse sert à financer l'activité économique et le développement des entreprises. C'est là son principal rôle. Maintenant, une dose de spéculation est plutôt une bonne chose, puisqu'elle crée des liquidités, donne du ton au dynamisme d'une place boursière et la fait vivre.
Y a-t-il une réflexion au sein de l'ASEA au sujet de la régulation et de la sophistication des produits financiers ?
Il est vrai qu'à certains de ses aspects, la spéculation et la sophistication technique ont accentué la crise, mais il n'en sont pas les facteurs originels. Le vrai et réel facteur est celui du surendettement, et non pas de l'endettement, qui est un moyen légitime de se développer. Donc, au niveau de l'ASEA, nous sommes conscients que l'introduction des nouveaux produits, services et techniques financiers ne pourra pas se faire dès aujourd'hui. Beaucoup de chemin reste à faire pour l'intégration de nos marchés financiers, l'harmonisation de nos règles et réglementations nationales et la viabilisation de nos marchés boursiers.
John Hope Bryant appelait les experts financiers du continent à prendre leurs responsabilités vis-à-vis du peuple africain. Qu'est-ce que cela vous a inspiré ?
On a, en effet, y compris moi-même, une certaine responsabilité vis-à-vis de l'Afrique, et nous voyons celle-ci comme étant liée à l'amélioration sans relâche de ce que nous faisons année après année. De fait, nous essayons de prendre des initiatives au niveau de l'ASEA, pour rendre les marchés boursiers africains existants plus efficients. Nous nous assurons aussi que les Africains des pays membres de l'ASEA soient mieux informés sur nos activités. Nous espérons éventuellement, et nous travaillons activement dans ce sens, que nos activités ponctuelles mais chargées, puissent continuer à contribuer à l'essor des économies africaines, mais également des activités des émetteurs et des investisseurs qui interviennent sur nos marchés financiers. Nous sommes réellement conscients de cette responsabilité.
En tant que président de l'ASEA, comment appréhendez-vous cette double responsabilité ?
Je crois sincèrement que l'heure de l'Afrique est arrivée. C'est pour cette raison que des institutions comme l'ASEA, et d'autres bien évidemment, doivent s'activer pour pouvoir vraiment porter les économies africaines au «next level». J'espère de tout mon cœur qu'on y arrivera, parce qu'il s'agit précisément de l'Afrique. D'ailleurs, c'est le moment, puisque les conditions et le contexte s'y prêtent. Mais évidemment, il y a encore beaucoup de challenges, tout simplement parce qu'on vit dans un monde globalisé en perpétuel mouvement. Les décisions, bonnes ou mauvaises, qui sont prises ailleurs qu'en Afrique influencent énormément nos économies et nos marchés boursiers. Elles peuvent donc retarder certaines initiatives ou la mise en œuvre de certaines politiques stratégiques. Les situations politiques intra-africaine et économique internationale ne sont pas non plus à négliger.


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