Dans ce contexte marqué par un imminent remaniement ministériel, le débat sur les alliances politiques est remis au goût du jour. La nécessité de la clarification des alliances s'impose avant les prochaines élections pour mettre fin à la confusion qui règne sur l'échiquier politique et aux tiraillements entre alliés et néanmoins adversaires gouvernementaux mais cette question n'est pas à l'ordre du jour de plusieurs formations politiques. C'est cousu de fil blanc : les alliances politiques au Maroc ne font que nourrir la confusion et enraciner la défiance à l'égard de l'échiquier politique. À l'heure où le gouvernement est sur le point d'être remanié, la question est d'une actualité brûlante. L'actuelle équipe gouvernementale dont certaines composantes sont à couteaux tirés depuis la formation de leur coalition connaîtra-t-elle une transformation majeure au niveau des alliances ? Rien n'est moins sûr bien que l'on juge que la composition du gouvernement alourdit son action et est, entre autres, à l'origine des différends entre les alliés gouvernementaux et néanmoins adversaires. Les partis politiques de la coalition gouvernementale reconnaissent la nécessité d'alléger l'Exécutif mais chacun tient visiblement à rester au gouvernement et à garder ses strapontins. Sur le plan arithmétique, la coalition gouvernementale composée de six alliés dispose d'une majorité confortable de 63,2% à la Chambre des représentants mais ce n'est pas pour autant que le gouvernement arrive à tirer son épingle du jeu et à faire passer ses textes sans difficultés comme en témoigne le blocage de la loi-cadre de l'enseignement au sein de l'institution législative ainsi que des lois organiques ayant trait à l'officialisation de l'amazigh. Les partis de la majorité ne parlent pas de la même voix tant au sein du Parlement que dans les médias et les meetings partisans lors desquels la tension entre alliés est on ne peut plus patente. Une situation qui déteint non seulement sur l'image de l'échiquier politique déjà boudé par la majorité des Marocains mais aussi sur la gestion du temps politique à l'heure où plusieurs réformes sont attendues sur le terrain. D'aucuns estiment qu'il ne faut pas s'attendre dans l'immédiat à des changements radicaux et qu'il faut plutôt penser aux prochaines échéances électorales. Aujourd'hui, l'enjeu est de parvenir à clarifier les alliances avant les élections d'autant plus que le Maroc aspire à mettre en place un nouveau modèle de développement. Les partis politiques accepteront-ils de relever le défi ? Pour le moment, rien ne laisse présager d'un changement dans le mode opératoire de la gestion des alliances pour la plupart des formations. Quelques dirigeants politiques, sans plus, se prononcent concernant les alliances préélectorales. Annoncer les couleurs avant la tenue des élections relève manifestement de l'impossible pour la plupart des formations politiques qui ne croient pas en la pertinence des alliances préélectorales, lesquelles pourraient pourtant octroyer de la crédibilité aux élections et augmenter le taux de participation qui reste très bas. Nombreux sont ceux qui appellent à restructurer l'échiquier politique sur la base d'alliances claires tant sur le plan local que national. Il est en effet grand temps de mettre fin aux alliances hybrides telles que la coalition gouvernementale actuelle qui se font et se défont au gré des intérêts et des circonstances. Pour y arriver, l'indépendance de la décision des partis politiques est une condition sine qua none d'après certains dirigeants politiques qui n'hésitent pas, à cet égard, à décocher leurs flèches contre leurs adversaires. À cela s'ajoute la nécessité de la polarisation de la scène politique pour que les alliances se fassent sur des bases cohérentes. Ainsi, une réflexion s'impose sur la manière de parvenir à réduire l'éclatement de l'échiquier politique qui est certes un défi difficile à réaliser au vu du nombre de partis politiques mais le jeu en vaut la chandelle. C'est justement cet émiettement qui doit pousser les formations politiques à s'engager dans des alliances claires pour renforcer leur positionnement et leur poids électoral. Les résultats des législatives de 2016 doivent pousser nombre de formations politiques à agir sur le terrain. Douchés dans leur espoir, plusieurs partis politiques n'arrivent pas à percer aux élections en dépit de l'abaissement du seuil électoral de 6% à 3% aux dernières élections législatives. La plupart des «petits partis», rappelons-le, ont été éjectés de la course. Le nombre des partis ayant accédé au Parlement en 2016 a baissé de 18 à 12. Deux partis politiques n'ont réussi à décrocher qu'un seul siège chacun. De l'avis de nombreux observateurs, il faut encourager la création des pôles. L'idée est de s'engager avant les élections sur les programmes et d'annoncer les couleurs en termes d'alliances. Il s'agit de sceller un contrat moral entre l'électeur et le parti. À deux ans des élections législatives, les formations politiques notamment celles qui sont sur les premières marches du podium sont très attendues sur ce dossier. L'espoir est de ne pas reproduire les mêmes expériences du passé qui étaient vouées à l'échec. Au-delà des velléités de restructuration de la scène politique exprimées par quelques voix par-ci et par-là, il faut construire des alliances solides capables de résister dans le temps. Si l'on prend la koutla démocratique, à titre d'exemple, on se rend compte que rien n'est durable en politique surtout après l'annonce des résultats électoraux en dépit des contrats noués entre acteurs politiques. L'expérience du G8 (alliance éphémère de partis de tendances divergentes) à la veille des élections législatives de 2011 n'a pas non plus résisté aux intempéries politiques pour plusieurs raisons.